Chapitre 3 - les difficultés de la montagne

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Hank avait accepté de s'arrêter, mais il fit plus que cela en montant un campement. Il alluma rapidement un feu avec un vieux briquet à essence. L'essence, c'était l'une des denrées précieuses qu'il troquait avec Duncan, heureusement, il en consommait très peu. Le feu les réchaufferait au plus froid de la nuit. L'entendre crépiter était réellement soulageant.

Ensuite, Hank tendit une ligne entre deux arbres et installa un vieux hamac qui avait sans doute connu des jours meilleurs. Par-dessus la ligne, il posa une bâche légère qui retiendrait la pluie loin de lui. Il était installé.

Marc sortit quant à lui une gamelle, un repas pour deux à faire bouillir et une tente à montage rapide qu'il parvient à installer dans un coin à peu près droit. C'était spartiate, mais ce serait leur campement pour la nuit. Autour deux les ténèbres grandissaient. Il était temps de manger et de se reposer.

Marc prépara deux tasses d'une soupe épaisse, pleine de céréales, et en tendit une encore fumante à l'autre homme qui le regarda, hésitant clairement à la prendre.

- C'pour moi ?
- Oui.
- Pourquoi ?
- Tu n'as pas faim ?

Hank haussa des épaules. Il semblait un peu inquiet.

- Disons que c'est pour la possibilité de me reposer. Merci beaucoup, Hank. En échange, je t'ai préparé ça.

Hank releva la tête et sonda les yeux de l'autre, il n'était pas bien-sûr, mais il finit par acquiescer. Il prit la tasse chaude. Elle fit du bien à ses doigts glacés, à ses lèvres tout aussi froides et répandit ses biens-faits sur tout son chemin de sa bouche à son estomac en glissant le long de sa gorge. Le goût était bizarre. C'était un truc qui venait de la ville après tout, rien de surprenant là-dedans ! Néanmoins, il trouva ça bon, mais il n'était pas vraiment difficile : il mangeait de tout puisque manger permettait de survivre.

- Tu aimes ?, demanda maladroitement Marc, s'attirant un unique regard noir.

Hank finit rapidement son repas et se détourna, s'installant dans son hamac, son fusil avec lui, ses chaussures neuves toujours aux pieds. Il était content des paiements. Ca faisait longtemps qu'il n'avait pas gagné autant de choses, mais Marc ne faisait que des erreurs et ça le mettait dans une rage qui avait rarement éprouvée.

Et puis il disait avoir besoin de repos, ce qui les ralentissait horriblement. Si vraiment il courrait après une fillette disparue, était-ce normal de dormir ? Il trouvait ça dingue, mais ici, le fou, c'était lui, alors peut-être que c'était normal après tout. Mais ce n'était pas les seuls griefs qu'il avait contre Marc. L'homme ne savait pas marcher. Il piétinait, écrasait, renversait. Il laissait des traces de partout, comme s'il cherchait à marquer le chemin et pourtant, s'il avait dû faire demi-tour, Hank avait peu de doute sur le résultat : il se perdrait.

Jusqu'à présent, il avait toujours rencontré Marc autour de sa cabane, un endroit certes inhospitalier à leurs yeux, mais aussi très plat, dégagé, pratiqué. Il ne s'était pas rendu compte de sa grave incompétence et ça l'énervait.

Il observait Marc qui se glissait dans sa tente après avoir retiré certaines couches de vêtements et les avoir néanmoins glissé avec lui, comme pour les garder chaud. Il avait un duvet épais et se sentait un peu coupable devant le maigre équipement de Hank, mais il était néanmoins soulagé que le fou s'endorme. La journée avait été catastrophique de son point de vue à lui aussi.

Hank délirait. Bon, ça, il le savait déjà. Tout comme il le savait à fleur de peau, colérique, difficile à gérer, susceptible, ... mais il n'avait jamais assisté à une telle crise et elle lui avait fait peur. Devoir demander la pause de la nuit était également plutôt inquiétant. Il se demanda un moment comment la journée du lendemain allait se passer. Il espérait qu'ils se mettraient rapidement en route après un petit-déjeuner rapide et qu'ils passeraient sur l'autre flanc sans mal. Il y avait peu de chance que la fillette l'ait gravi après tout. Par contre, si elle avait suivi la rivière, elle aurait pu se retrouver là-bas derrière, dans la nature sauvage. Loin de tout.

L'homme de la montagneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant