Chapitre 27 : une antre monstrueuse

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— Bonjour Hank, disait-elle dans un sourire.

Elle faisait toujours ça même s'il répondait par un soupir fatigué. Il détestait venir ici. Tout était une épreuve. Déjà il fallait quitter la forêt et ça, c'était compliqué. Ensuite il fallait monter dans la voiture. C'était Marc qui le conduisait. Ils venaient tous ensemble, pendant la séance, Marc amenait Cassy à la bibliothèque ou au parc où elle escaladait des structures en tout genre. Au grand damne de Marc, elle prenait exemple sur Hank et allait devenir une vraie sportive de la forêt, capable de grimper aux arbres et d'escalader des falaises dans une style purement inconscient.

Au début, les séances étaient très courtes. Vraiment très courtes. Tout commençait avec Marc, qui lui rappelait que c'était « aujourd'hui » qu'il fallait y aller. Hank n'avait pas vraiment conscience des calendriers. Il faudrait sans doute lui apprendre les dates en même temps que Cassy les découvrirait. Il connaissait les jours, mais même ainsi, il avait du mal à les remettre dans l'ordre. Ce n'était pas une évidence pour lui que le lundi se situait après le dimanche. Ce genre de lacune fondamentale perturbait toujours Marc, mais il essayait de faire de son mieux pour ne pas le montrer. Au lieu de répéter « c'est lundi », il avait appris à dire de choses comme « c'est dans quelques jours » puis « c'est demain ». Le mot que Hank n'aimait pas, c'était bien entendu « aujourd'hui ». La première séance avait une allure de torture. Hank avait fait bien des choses pour Cassy, mais ça, c'était dur.

Grimper dans la voiture, gouter le bourdonnement de son moteur qui vrombissait doucement, un goût désagréable un possible ... c'était encore la partie facile. Il le faisait parfois, pour d'autres raisons. Rejoindre la ville, mes bâtiments et les humains de partout, c'était plus compliqué, mais l'épreuve ne s'arrêtait pas là. On lui en demandait plus. On lui en demandait beaucoup plus même. C'était comme ça qu'il s'était retrouvé, le cœur au bord des lèvres, face à une porte close. Marc était censé le laisser-là, la psy lui avait donné des consignes claires. Hank devait venir en ville, monter dans le bâtiment, sonner à la porte de lui-même, rentrer dans le cabinet et dire bonjour à la secrétaire puis attendre qu'elle prévienne la psychologue et lui dire bonjour à elle aussi. Il devait faire tout ça.

La première fois, Hank avait bloqué devant la porte un moment, avec Marc inquiet juste à côté de lui.

— J'emmène Cassy dans le parc, regardes. On sera juste là, de l'autre côté de la rue, d'accord ?
— Ok.
— On est pas loin.
— J'sais.
— On t'attendra.
— P'tain, j'sais !

Dans la rue passante, un piéton s'était arrêté pour les observer interloqué. Cassy se tenait à côté de Marc, lui tenant la main fermement, mais elle n'avait même pas sursauté. Les gros mots et les coups d'éclats, c'était quelque chose de normal au contact de Hank. Néanmoins, le baroudeur savait qu'il devait se maîtriser alors il recula d'un pas, vers la porte tout en se grattant furieusement le bras jusqu'à n'entendre plus que ça.

Il les avait regardé aller jusqu'au parc. C'était un endroit bizarre à ces yeux. Ils avaient enfermé les arbres dans des cages, si ce n'était pas étrange ça ! Et il y avait des espèces de constructions sur lesquelles Cassy commença à grimper maladroitement. Hank soupira, s'il voulait que ça cesse, il fallait qu'il se mette en mouvement. Il poussa sur la porte, elle était close. Il eut envie d'y mettre un coup de poing furieux, pourtant, on lui avait expliquer précisément ce qu'il devait faire. Il fallait appuyer sur le bouton, à côté de l'étiquette bleue.

Il fixa un moment les inscriptions qu'il ne parvenait pas à déchiffrer. Bleu. Ça faisait comme un sifflement à ses oreilles. C'était sans doute ça. Il appuya sur le bouton, méfiant, et un grésillement picotant lui répondit.

L'homme de la montagneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant