Dehors, c'était un silence profond. Au début, Marc se dit que son fou avait dû cauchemarder, puis il se raisonna. Il avait suffisamment bivouaqué pour savoir que ce silence était un peu trop parfait. Les oiseaux de nuits et toutes les petites créatures qui auraient dû grignoter ici et là, faisant de petits bruits divers, ils semblaient tous retenir leur souffle. Hank était suffisamment intégré à son environnement pour ne pas provoquer ça. Non, lui, il faisait sans doute partie de la faune locale qui se rendait un peu trop silencieuse.
Peu à peu, Marc perçut une voix. Un murmure à peine, si léger que ça aurait pu être le bruit du souffle du vent qui, inconscient des événements, continuait à agiter doucement la forêt. Puis, les voix se firent plus nettes, il s'agissait de deux personnes qui murmuraient, mais Marc n'entendait pas encore leurs propos. Il n'y avait pas vraiment de fenêtre chez Hank. Un puit de lumière fait d'une plaque de plastique avait été faites sur le toit, sans doute après une perte d'une partie de la toiture et sinon, les ouvertures étaient des volets de bois, lourds et difficiles à manier. La nuit, ils étaient fermés. La journée quand il faisait froid ils n'en ouvraient qu'un, qui était lui aussi fermé d'une plaque de plastique. C'était rudimentaire mais ça permettait d'avoir suffisamment de lumières sans perdre trop de chaleur ou vivre dans un courant d'air.
Donc s'ils voulaient rentrer, ils passeraient par la porte. S'ils s'agissaient de personnes perdues, ils toqueraient simplement. Du coup, les entendre faire le tour de la maison n'était pas rassurant du tout. Il posa de nouveau les yeux sur la petite forme endormie, un peu plus inquiet et fut rassuré de savoir Hank, là dehors avec son fusil chargé. Tout irait bien, il était couvert.
Les intrus revinrent sur l'avant de la maison et trifouillèrent la porte d'entrée pour l'ouvrir. La cabane avait été faite de bric et de broc, elle n'était pas tout à fait droite. La porte demandait un peu de doigté. Marc les laissa faire, par contre, quand elle s'ouvrit lentement, il avait déjà son arme levée et il alluma une lampe de poche pour les éclairer. Les surprenant dans leur élan.
Ils firent un pas en arrière. Ils étaient deux. Un homme et une femme. L'homme leva son arme, vaguement hésitant.
— Je vous déconseille de faire ça., dit clairement Marc avant de poursuivre : Vous êtes sur une propriété privée. Allez-vous en.
La femme n'avait pas l'air d'avoir peur, sans doute parce qu'elle savait qu'elle était face à un représentant de la loi, un du genre « qui ne tire pas ». Alors elle laissa son regard courir sur la pièce, tout en protégeant ses yeux d'une main, avant de déclarer rapidement :
— Elle est là !
L'homme leva un peu plus son arme tout en cherchant instinctivement à se grandir. Marc le détailla. La quarantaine, mal rasé, les yeux gonflés qu'ont certains alcooliques, le crâne partiellement dégarnis, pas très musclé. Elle, elle était rousse, des tâches de rousseurs parsemées son visage trop maigre. Quand elle ouvrit la bouche, il nota une dent de travers et abimée, peut-être par la drogue.
— Cassy ! CASSY ! Viens voir maman, ma princesse !, cria-t-elle.
Marc se figea. Toutes les recherches n'avaient pas permis de retrouver les parents de la petite, les affiches, les annonces : rien. Personne ne s'était présentée pour venir la réclamer. Pourquoi ses parents viendraient-ils comme ça, en plein milieu de la nuit et armé, s'ils n'avaient rien à se reprocher ? Marc hésita néanmoins et la femme fit un pas de plus dans la maison.
— CASSY ! Réveille-toi c'est maman !
Cassy ouvrit les yeux en tremblant, elle tourna la tête vers la source du bruit, espérant trouver Hank et ce qu'elle vit à la place l'horrifia. Elle hurla. Elle hurla aussi fort qu'elle pouvait le prénom de son ami et protecteur. La seconde suivante, un coup de fusil retentit. C'était un coup de semonce. La femme cria à son tour en plaquant ses bras contre sa tête pour se protéger.
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L'homme de la montagne
AventuraIl y avait bien des choses que Marc pouvait cataloguer comme de "mauvaises nouvelles". La disparition d'une enfant en faisait partie. Devoir fouiller les montagnes environnantes aussi. Mais devoir convaincre un ermite complètement fou de le guider...