Chapitre 25 : une autorité inébranlable

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Marc se tenait contre la cabane, une épaule appuyée dessus, négligemment, pendant qu'il les observait. Cassy portait une petite salopette bleue marine un peu trop grande pour elle. Une des bretelles n'arrêtait pas de tomber le long de son bras et à chaque fois, elle la remontait d'un geste vif, sans même y faire attention. Elle était complètement concentrée sur ce que Hank faisait. L'homme, visiblement peu perturbé par la fillette à genoux dans la terre, dégageait un trou d'un geste de main puis attendait qu'elle enfouisse la graine pour le reboucher. Au début, Marc avait tenté de lui glisser l'idée d'utiliser l'une des petites pelles, mais il n'avait pas réussi à le convaincre. C'était donc à main nue que Hank manipulait les petites zones qu'ils avaient pré-creusé le matin même.

De sa zone d'observation, Marc notait les mimiques sur leurs visages. Hank avait l'air détendu, simplement paisible, par moment, il disait quelques mots à Cassy ou plus précisément, il lui répondait. De temps à autres, l'agent saisissait quelques phrases rapides.

— Il faudra plus marcher ici alors ?
— Non, faut lui laisser la place.
— Mais où on jouera au ballon alors ?
— De l'aut'côté.

Elle était de plus en plus à l'aise. Elle réclamait régulièrement de faire des activités et parfois, elle venait même le chercher. Ainsi, la petite Cassy avait décidé que Marc devrait être un gardien de but, elle le plaçait entre deux arbres et jouer à faire des passes à Hank jusqu'à ce qu'ils tentent de marquer. C'était Marc qui avait introduit ce jeu, comme beaucoup d'autres. Au début, il avait surtout ramené des jeux calmes, mais elle s'était révélée avoir de l'énergie à revendre. Ce n'était pas gênant, Hank l'emmenait dans la majorité de ses activités. Il la laissait uniquement pour aller chasser en lui disant d'une voix bourrue de rester avec Marc.

Alors que Marc ne s'y attendait pas, Cassy se releva d'un bond, et vint jusqu'à lui, l'attrapant par la manche de sa petite main boueuse. Marc la laissa faire, toujours surprit de la familiarité dont elle était parfois capable.

— Tu fais rien !
— Euh ... non.
— Ben viens !

Elle repartit tout aussi vite, faisant voler ses bouclettes dans tout les sens. Depuis peu, elle faisait très attention à ce qu'il ne reste pas en retrait. Elle essayait de l'inclure dans les activités. L'enfant avait commencé à force qu'il l'emmène en ville, sans Hank. Elle avait des rendez-vous médicaux et puis, il y avait cette dame, Fanny, avec qui elle était censée parler. Elle n'aimait pas trop ça, mais à force, Marc était devenue une seconde figure protectrice. Quand Hank n'était pas là, c'était lui son référent, son sauveur, son chevalier personnel qui le ramènerait à la forêt dès que possible.

Elle surveilla qu'il la suive bien et avec un air terriblement sérieux, elle lui demanda de tenir les graines en attendant qu'elle les plante. Il ouvrit les mains et reçut plusieurs paquets. En levant les yeux, son regard tomba sur Hank et il fut surprit de trouver un sourire goguenard plaqué sur son visage. Visiblement, Hank s'amusait de voir ce grand gaillard, au corps épais et large, obéir aveuglément à un petit bout autoritaire. Comme s'il ne l'écoutait pas tout autant. La vérité, c'était que Cassy pouvait tous les mener à la baguette.

— Te moques pas. Bientôt, je dirais « oui, chef. Bien, chef. »

Les yeux du fou s'écarquillèrent légèrement avant qu'un petit rire ne lui échappe. Les deux hommes s'observèrent amusés, alors qu'entre eux, la petite ne comprenait pas trop ce qui se jouait là. Ensemble, ils plantèrent la totalité des sachets. Puis Cassy alla chercher son petit arrosoir, celui qui était bleu avec un dragon dessus, et doucement, patiemment, elle inonda toute la zone en faisant bien attention à ne pas écraser les lignes de terre fraichement remuées.

L'homme de la montagneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant