L'homme de la montagne

Chapitre 1 - le choix du fou

Devant Hank, rien ne bougea assez vite à son goût. Tout d'abord, Marc ne partit pas et ça, c'était au mieux désagréable. L'homme à côté de Marc, celui qui bougeait bizarrement et dont les tempes semblaient couvertes de sueur, cet homme là ne s'en alla pas non plus. Et ça, c'était beaucoup plus pénible. Hank ne savait pas quoi faire. Il ne voulait pas parler. Il commençait à s'agacer sérieusement quand Marc reprit la parole, un frisson nerveux le secoua. Il lui avait dit qu'elle n'était pas ici, pourquoi insister ?

- La montagne est grande., tenta de relativiser Marc.
- Elle est pas ici, j'te dis !, cria Hank.
- Oui. Je sais qu'elle n'est pas chez toi. On veut pas rentrer. Nous, on voudrait que tu nous aides. Tu pourrais chercher de ce côté-là de la montagne. Peut-être avec Sam ? Ou avec un autre agent ? Ou avec moi si tu préfères ? C'est toi qui décide. Tu ferais le guide. Les autres, on les enverra du côté du mont Joenasson. Loin de chez toi, mais il faut une équipe dans cette montagne. Ça t'irait ?
- Elle est pas ici.

Hank semblait perdu à présent. Il ne comprenait pas pourquoi Marc insistait autant. Il n'avait jamais fait ça avant. Il l'avait toujours écouté et respecté. S'il disait "Dégage", Marc partait. Il tolérait plutôt bien cet homme à cause de ça et il n'avait pas envie que ça change. Mais Marc avait ramené quelqu'un d'autre et il n'écoutait rien. Cette situation était particulièrement pénible aux yeux de Hank.

- Je sais, tu me l'as dit et moi, je te crois, mais elle a des parents cette gosse et ils veulent qu'on cherche de partout. Je suis sûr que tu comprends ça. Pour eux ... faut qu'on cherche de partout. Même ici. Même si elle n'y est pas. Alors si tu veux, on fait ça à ta manière. En petit comité. Juste un gars et toi. Tu pourras faire comme tu veux et ta forêt restera calme.
- Elle est ...

Sam souffla, s'attendant à la fin de la phrase, mais immédiatement le fou avait bondi l'arme au poing, visant l'adjoint. Tout aussi rapidement, Marc leva les mains en se mettant dans sa ligne de mire. C'était le moment critique. C'était le moment où son adjoint avait intérêt de rester calme, sinon, ils risquaient une fusillade. Ou plutôt, il risquait de se faire tirer dessus puisque sa propre arme était toujours bouclée, bien à l'abri, dans son étui. Rapidement, Marc tenta d'avoir toute son attention.

- Oh, du calme. Il est pas bien intelligent, mais c'est un ami. C'est Sam. Sam est sympa. Tout va bien avec Sam.
- Arrête de me prendre pour un con ! T'sais très bien qu'elle est pas ici ! Pourquoi tu veux fouiller ? Ses parents ils sauront pas. T'peux dégager !
- Je suis désolé mais je ne peux pas. J'ai deux possibilités. Pas plus. Soit j'arrive à te convaincre pour qu'on fouille la montagne à ta manière et alors si jamais la gosse est ici, elle a une chance. Soit j'y arrive pas et les mecs des autres communes, ils vont vouloir t'embarquer en taule, au moins le temps de chercher. Moi, je préfère te voir là, dans tes bois, ça me va. Mais je préfère aussi quand tu baisses ton arme. C'est pas très correct de nous pointer avec. Tu sais qu'j'aime pas bien ça.
- Me menace pas, PUTAIN ! T'es vraiment d'la merde toi !

Marc ne bougea pas. Aussi inquiétante avait l'air la scène il commençait à bien connaître Hank et savait parfaitement quand il dérapait réellement. Les flopées d'injures, ce n'était pas grave. C'était même plutôt rassurant.

- VOS GUEULES VOUS AUTRES !

Marc ne bougea pas, toujours confiant. L'entendre parler à des personnes qui n'étaient pas là ? Ça allait aussi. Il n'y avait qu'un truc qui l'inquiétait : qu'il devienne un peu trop rigide, la mâchoire un peu trop crispée et le regard un peu trop sec. La différence aussi infime soit elle serait capitale. En attendant, Hank ne tirerait pas.

Hank baissa vaguement son arme. Il remuait sur ses pieds. Il semblait de plus en plus agité et perdu. Au bout d'un moment, il demanda :

- Quel âge, l'gosse ?
- Elle a sept ans. C'est une toute petite fille. Elle s'appelle Mérine. Elle est blonde. Elle a les yeux vert.