Chapitre 28 : un niveau alarmant

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Marc essayait de ne pas fermer les yeux. Il détestait quand Hank faisait ce genre de chose, mais lorsqu'il avait essayé de lui en parler, le baroudeur c'était montré intransigeant. Si Cassy vivait en forêt, elle devait savoir s'y déplacer et visiblement, ça ne se limitait pas au sol comme tout un chacun aurait pu le croire. Voilà donc Cassy, à deux mètres du sol, en train d'explorer un arbre.

Elle passait de branches en branches et à chaque fois qu'elle allait pour poser un pied, Hank était là, il l'aidait à choisir l'endroit et lui montrait comment tester les branches, comment enrouler ses jambes, comment s'assurer en tenant une seconde branche au cas où. Elle n'avait pas trébuché une seule fois, de plus en plus à l'aise.

— Hank, c'est bientôt l'heure.

Cassy baissa la tête, observant Marc. C'était rigolo, pour une fois, il semblait petit. En cherchant à se relever, elle piailla, ses cheveux s'étaient accrochés dans de petites branches. Machinalement, elle leva la main pour se dégager et aussitôt, Hank la saisit.

— He ! T'oublies pas un truc là ?

Elle éclata de rire tout en se tortillant alors que Hank la dégageait délicatement, mèche par mèche. Dès que ce fut fini, il l'aida à s'asseoir sur une branche et posa ses mains sur une autre.

— Alors ?
— Oui ! Je sais ! Deux branches !
— T'jours ! Sinon t'montes pas.

Marc pouvait au moins reconnaître ça. S'ils n'avaient pas la même conscience du danger, Hank tenait à inculquer à la petite un certain nombre de consignes de sécurité. C'était une bonne chose car ils ne l'auraient pas toute sa vie sous les yeux et un jour ou l'autre, elle essaierait de se débrouiller par elle-même. A ce moment-là, ces consignes seraient son dernier filet de sécurité.

— Hank, c'est l'heure.
— Ouais.

Ils redescendirent sans la moindre difficulté et lorsque leurs pieds touchèrent le sol, Marc se sentit vraiment mieux. Cassy souriait de toutes ses dents. Elle adorait ce genre de séances. En l'inspectant, Marc remarqua les feuilles dans ses cheveux, ses doigts rendus verdâtres par la mousse et à moitié terreux. Son pantalon était sale lui aussi, même s'il avait été lavé la veille. Ce n'était pas si surprenant, puisque Hank était dans le même état.

Il les entraîna tout les deux vers la salle-de-bain pour une toilette rapide. Au fur et à mesure, ils rénovaient la cabane et y ajoutaient des pièces. Ça restait rudimentaire malgré tout. Marc avait fini par comprendre que certains meubles et certaines techniques étaient plus faciles à intégrer que d'autres. Si Hank ne le disait pas clairement, son comportement le montrait.

Ainsi, des panneaux solaires avaient remplacé le générateur, si l'installation avait été difficile, l'absence de bruit l'aidait beaucoup. Les meubles s'étaient faits de bois, les murs également. Au plus il proposait des matières simples, au plus Hank se détendait. Il utilisait les nouveaux équipements avec un respect mêlé de peur. Il ne les aimait pas. Néanmoins, ils furent bien utiles pour se laver les mains et de débarbouiller vaguement pendant que Marc retirait, une par une les feuilles et les brindilles prisent dans la chevelure rousse. Après une seconde d'hésitation, il fit pareil dans les cheveux de l'autre homme tout en s'adressant à la fillette.

— Cassy tu te souviens de ce que l'on va faire ?
— Oui. On va faire l'école !
— C'est ça. Madame Lopez va venir. On va aller la chercher sur le parking et tu pourras lui montrer ta chambre.
— Et on va faire des tests ?
— Oui. C'est juste pour voir ce que tu dois apprendre. Ca va être amusant.

Jusqu'au dernier moment, Marc n'était pas sûr que Hank l'accompagne. Il détestait rencontrer des personnes. Il détestait encore plus ne pas défendre la propriété, alors généralement, il venait. Pour le moment les choses se passaient plutôt bien en termes de cohabitation. Marc avait appris les règles et il les transmettait aux visiteurs. Ils avaient le droit de marcher sur certains espaces, ils ne devaient pas franchir la cabane ou le potager. Ainsi les chinchimottes ne se faisaient pas ennuyer même si la maison de leur gardien était de temps en temps visitée. Marc de son côté réfléchissait à l'idée d'implanter des barrières pour qu'ils y aient des limites visuelles.

L'homme de la montagneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant