Chapitre 29 : la fin du voyage

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Marc sentit le matelas qui s'affaissait à côté de lui, signe que Hank l'avait finalement rejoint. Machinalement, il lui ouvrit les bras et tout aussi naturellement, Hank se glissa dans son étreinte. Il tremblait. Encore un cauchemar. Ça arrivait fréquemment après les visites.

Malgré les circonstances, il aimait l'avoir contre lui. Sa peau était chaude et il aimait glisser son nez dans son cou pour respirer son odeur. Hank sentait la forêt. Sans vraiment pouvoir s'en empêcher, Marc embrassa la peau de son cou, si fine. Ce n'était qu'un baiser papillon, presque rien, mais l'autre homme le sentit et remua. Il embrassa sa mâchoire en réponse et bientôt, leurs lèvres se rejoignirent dans un ballet qui n'avait rien de commun. Avant même qu'il ne puisse le comprendre, Hank le chevauchait, leurs lèvres toujours scellées les unes aux autres dans un baiser passionné, sauvage.

Hank le libéra brièvement pour reprendre son souffle avant de reprendre. Marc lui répondait avec autant de ferveur. Ses mains avaient atteint ses hanches qu'il tenait fermement pour l'aider à rester en équilibre sur lui. Les baisers se firent plus passionnés et les mains plus caressantes. Plusieurs fois, ils changèrent de positions, roulant l'un sur l'autre, les corps débordants d'une envie dévorante.

Cette nuit-là, ils s'aimèrent pour la première fois. Ils s'effeuillèrent, se caressèrent et se découvrirent pleinement. Ils ne se murmurèrent aucun mot doux. Aucun « je t'aime ». Non, ils n'en avaient pas besoin pour se le montrer et pour le ressentir. Encore nu, l'oreille posée sur le torse palpitant de son compagnon, Hank se sentit mal. Ils étaient allés jusqu'au bout, juste assez loin pour que ça puisse réellement poser des problèmes à Marc. Les gens de la ville pourraient lui faire du mal et pourtant, ils étaient juste bien. D'une caresse le long de sa colonne vertébrale, Marc chassa toute ses pensées.

— Ca ira.

Hank sursauta. Il était toujours surpris quand Marc lui répondait ainsi sans qu'il n'ait rien exprimé avant. Ils se décodaient de plus en plus facilement. Ce fut ainsi qu'ils s'endormirent ce soir-là et bien des soirs après.

Les inquiétudes de Hank étaient légitimes, bien des embuches les attendaient encore. Le regard des autres serait dur. Comment pourrait-il en être autrement ? Ils étaient deux hommes mais pire encore, Marc était avec un baroudeur, un sauvage, un fou. Un moins que rien.

Pourtant les gens qui le fréquentaient le trouvait finalement attachant derrière ses allures rustres, à moins que ce ne soit qu'à cause de Cassy. Le voir interagir avec l'enfant, ça changeait tout et même les personnes les plus hostiles finissaient par lâcher prise. Ça n'empêchait pas les rumeurs d'aller bon train en ville, mais peu importe.

Les semaines passèrent, se transformant en mois, les mois s'accumulèrent pour devenir des années et Cassy grandit. Il fallut tout ce temps et bien plus encore pour que le jugement ait lieu. Trop de témoins, trop de suspects, trop de preuves et beaucoup trop de polémiques. Hank n'était pas venu au procès qui avait eu lieu dans une grande ville, trop grande pour lui.

Le père de Cassy n'avait pas été retrouvé. Sa mère fut jugée pour négligence et pour d'autres chefs d'accusations plus graves la reliant au trafic. Elle avait simplement cédé son enfant comme s'il n'était qu'un objet. Puis elle avait paniqué à l'idée de ce que pourrait dire Cassy et elle avait tout fait pour la récupérer, en vain. Marc avait réussi à repousser toutes ses tentatives et lorsqu'il n'avait plus pu le faire, Cassy était assez grande pour que sa voix compte. Un jour, des officiels étaient venus. Ils avaient demandé à voir l'enfant au poste.

Cassy était alors une jeune fille aux cheveux roux bouclés qu'elle portait tressés. Elle avait enfilé un sweatshirt et un jean, achetés au rayon des garçons, comme toujours. Ils faisaient quelques tailles de trop, ce qu'elle appréciait. Elle avait gardé une haine des vêtements trop typés filles, sans même parler des déguisements qui lui faisait littéralement froid dans le dos. La méfiance qu'elle avait envers les inconnus était toujours là, mais elle la gérait différemment à présent.

Néanmoins, elle n'avait pas du tout envie de rencontrer ces personnes. Elle avait bel et bien compris les enjeux. Ca la fâchait. Elle connaissait bien le poste, elle connaissait Sam et les autres. Alors quand elle rentra dans la petite pièce d'interrogatoire où elle était auditionnée, elle fit comme chez elle. C'était eux les intrus.

— Bonjour, mademoiselle.

Elle les regarda de travers et s'installa sans rien dire. Elle les laissa dérouler le baratin habituel. Depuis le temps, elle en avait l'habitude. Quand on le lui avait demandé, finalement elle avait répondu avec plus de colère qu'autre chose.

— Marc est mon père. Hank est mon père. Ils sont ma famille et je veux rester avec eux.

Alors bien-sûr, sa parole avait été entendu. Elle ne s'était jamais laissée faire. Avec le procès, le réseau s'était démantelé lentement dans un retentissement national. Cassy aimait la cabane et sa montagne, c'était assez à l'écart de toute cette agitation.

Malgré tout, il y avait eu des bonnes nouvelles. Elle avait pu revoir Mérine et Osho. Les retrouvailles avaient été touchantes. Depuis Mérine venait de temps à autres pour les vacances. Retrouver la montagne était étrange, mais pas désagréable en soit. Ce lieu était rempli de souvenir de leur première libération. Se perdre dans les bois, affamées, terrorisées, ce n'était pas des bons souvenirs et en même temps, ça restait mieux que ce qu'elles avaient vécus avant.

Au fin fond de leur montagne, au milieu des chinchimottes que seul Hank voyait, les trois protagonistes restèrent bien à l'abri des regards jusqu'à ce que les choses se tassent entièrement. Puis comme tout, cette histoire repartie vers l'oubli et le silence alors qu'une jeune femme grandissait et s'épanouissait auprès d'un fou et d'un flic qu'elle appelait « papa ».

Ensemble, ils formèrent une famille heureuse.

FIN


Nous voilà à la fin de cette histoire, j'espère qu'elle vous aura plu et que vous aurez apprécié ce voyage. Merci beaucoup à toutes les personnes qui ont posté des commentaires, grâce à vous l'histoire a prit quelques chapitres supplémentaires :) 

Si jamais le cœur vous en dit et que vous avez envie de continuer l'aventure avec moi, vous pouvez me retrouver sur "la poésie de l'encre" un BXB très porté sur les émotions. On y suit l'évolution de deux jeunes hommes qui vont se rapprocher petit à petit. 

Si vous avez aimé l'aspect de voyage, vous apprécierez peut-être les errances de Meira qui va devoir affronter l'impossible juste pour exister. Si vous avez été touché par l'état mental de Hank, peut-être le serez vous également par celui de Sushil, qui est très différent mais qui peut également être qualifié à tord ou à raison de "fou". Son histoire est dans la princesse des songes. 

Voilà, voilà, c'est tout pour le moment. J'ai quelques autres romans qui patientent dans les tiroirs et vous m'avez vraiment beaucoup motivés, alors je vais peut-être m'en relire un ou deux :) On verra ! 

A bientôt 

L'homme de la montagneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant