Chapitre 5 : le rugissement des flots

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Marc dut s'approcher et même grimper, sur la corniche dangereuse pour voir ce que lui désignait le fou. Ce n'était pas grand-chose, se dit-il sur le coup, avant de comprendre réellement de quoi il s'agissait. Ce n'était qu'un petit bout de tissu, déchiré, accroché sur une branche. Un petit bout de tissu sans forme définie : rose et relativement propre. Il ne devait pas être là depuis longtemps, c'était une trace récente.

Son cœur rata un battement en comprenant ce que cela impliquait. Une personne était passée par ici. Une personne habillée en rose. Une personne sans doute perdue vu le lieu en question. Il ne voulait pas faire de suppositions supplémentaires, pour ne pas être déçu, mais ... ça pouvait être elle. Il hurla aussitôt à s'en déchirer la voix :

- MERINE !!!

Seul le vacarme de l'eau lui répondit. Il n'était même pas certain que sa voix ait réussi à percer ce boucan.

- Il faut qu'on traverse !, exigea-t-il alors.

Hank le regarda comme s'il venait de trouver plus dingue que lui. Cette rivière était sauvage et dangereuse. La traverser à la nage serait suicidaire. Le pont le plus près était à plusieurs dizaines de kilomètres. Ce serait un détour de plusieurs jours, un détour beaucoup trop long.

Marc sembla comprendre et saisit son talkie. Il n'arriverait pas à guider qui que ce soit ici, de l'autre côté de la rive, mais il devait les prévenir de cette piste. Hank le regarda comme s'il était totalement taré et s'énerva. Il lui avait dit que personne d'autres ne viendraient ! Il ne devait pas revenir là-dessus ! C'était important.

- Il faut que je les prévienne !

- NON ! NON ! Je n'veux personne ici ! Ils vont tout piétiner !

Marc se détourna pour faire le nécessaire malgré tout et fut surpris quand une main lui saisit le poignet, l'empêchant de contacter la civilisation. Elle le lui tordit violemment puis un coup de genou arriva dans son estomac, le forçant à lâcher l'objet et lui coupant le souffle. Avant qu'il ne puisse se redresser, Hank avait fracassé son seul moyen de communication avec une pierre avant de le jeter dans la rivière.

- Non ! Putain ! Hank ! Non ! C'est important !

Hank tourna un regard fou vers lui sans vraiment bouger le visage et Marc recula. Il aurait dû lever les mains, apaiser les choses, mais que Hank et sa folie venait de mettre potentiellement la petite en danger ! Et pas qu'elle, mais eux aussi. Ils ne pouvaient plus appeler les secours ! Il n'était même pas en colère que Hank ait levé la main sur lui, mais le résultat de tout cela était insupportable.

- Que tu sois dingue c'est un truc, mais t'es vraiment forcé d'être débile en plus ?! C'est pas grave si ta putain de montagne se fait piétiner si en échange on sauve cette gosse ! Putain !

Hank n'avait pas reculé, par contre, il avait peu à peu blanchit malgré son teint naturellement clair, devenant presque fantomatique. Il se tendait de plus en plus. En faites, il se préparait à se battre. Après, tout il avait donné le premier coup et il ne doutait pas de capacité de Marc pour lui coller une sacré correction. Marc était le genre de gars qui devait cogné fort.

Hank avait toujours son fusil près de lui, mais il n'avait pas envie de s'en servir contre Marc. Il l'aimait bien en faites même s'il était un peu con et s'il risquait le massacrer d'en les prochaines minutes. C'était presque un ami. Un ami idiot qu'il ne supportait qu'à toute petite dose, mais son ami malgré tout. Le seul qu'il avait. Son ami qui criait :

- Et tu vas faire quoi hein ! Tu vas t'énerver en plus ! T'as pas à t'énerver ou juste contre toi-même ! T'es juste trop con !

Marc fit un pas de plus dans sa direction, de plus en plus tendu, de plus en plus en colère. Hank lâcha son fusil pour être sûr de ne pas l'utiliser et tenta de se retenir. Pouvait-il se contenir suffisamment pour reculer ? Il n'était pas sûr.

L'homme de la montagneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant