Prologue: L'Empire du Vent

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Une tempête de sable s'était levée dans le désert de Suna. Le regard perdu vers l'horizon, le Yondaime Kazekage se demanda alors quand ce déluge se terminerait. Lorsqu'il voyait le vent souffler ainsi, faisant tournoyer des flots de sable dans les airs, son cœur se serrait car cela lui rappelait ce qu'il redoutait par-dessus tout : sa propre chair, son propre sang, ce fils maudit dans lequel ce démon était enfermé. Son épouse s'était sacrifiée pour protéger leur pays mais personne n'avait imaginé que les choses tourneraient ainsi.

Ce monstre le scrutait certainement non loin de là, tapi dans l'obscurité, attendant patiemment son heure pour frapper. Il le savait, un jour, cette créature nuirait à leur village mais le Kazekage lui-même se sentait impuissant face à lui. En quoi un tel dirigeant pouvait-il être utile à son peuple ?

Soupirant, l'homme se détourna de son poste d'observation puis posa les yeux sur deux individus postés dans son dos : une jeune femme blonde dont les cheveux étaient noués en deux couettes ainsi qu'un jeune homme aux cheveux bruns et dont le visage était marqué de symboles violets.

Le Kazekage se tourna vers ce dernier et le regarda d'un air grave :

« En ce monde, il existe nécessairement une personne faite pour toi et il est temps pour toi de la rencontrer. De nombreux banquets seront organisés en ton honneur afin qu'une princesse d'un autre royaume tombe sous ton charme, mon fils. Kankuro, n'oublie pas que ce trône ne pourra te revenir que lorsque tu auras trouvé une épouse digne de toi et qui pourra t'offrir un héritier. Le temps presse, tu le sais mieux que quiconque, une lourde menace pèse sur nous.

- Père, j'ai eu beau rencontrer nombre de ces princesses, pas l'une d'entre elle n'a montré autre intérêt que celui du statut et de la richesse. Je me refuse de prendre pour épouse une femme qui ne saura me donner de l'amour sincère.

- Alors peut-être faudra-t-il te faire une raison et accepter la première venue. » lâcha le Kazekage d'un ton placide.

Kankuro grimaça mais se retint d'émettre le moindre commentaire, craignant de mettre son géniteur en colère. Il s'inclina légèrement puis se retira silencieusement sous le regard inquiet de sa sœur qui se tourna ensuite vers son père.

« Père, ne croyez-vous pas que vous soyez un peu dur avec lui ? osa-t-elle.

- Ton frère doit se marier, répondit-il sèchement. Je me fiche que ce soit un mariage d'amour ou non, tant qu'il y a un héritier. Si nous attendons trop longtemps, nul ne sait ce que Gaara prépare. Sa vie est en danger et il en parfaitement conscient.

- Mais tu connais Kankuro, il n'a aucune confiance en lui et c'est pour cette raison qu'il a repoussé toutes ses prétendantes jusqu'à maintenant. Il me répète souvent qu'il n'a aucun charme et qu'aucune femme raisonnée ne pourrait s'intéresser à lui. Pour tout vous dire, je me demande si une princesse est bien le genre de femme qui lui conviendrait. Il lui faut une personne spontanée et que peu maniérée...

- Peu importe ! tonna le Kazekage. Qu'il épouse une princesse ou une pauvresse, tant que cette femme parvienne à le séduire et à l'épouser ! »

Soudain, tandis que Temari s'apprêtait à répondre, un cri étouffé se fit entendre dans le couloir puis le bruit mou de quelque chose s'effondrant sur le sol. Les deux se regardèrent un court instant, un frisson parcourant leur échine puis se précipitèrent dans la direction d'où provenait le bruit.

Cependant, Temari fut stoppée dans sa course par son père lorsque celui-ci découvrit une silhouette familière allongée sur le sol, baignant dans son propre sang : Kankuro.

La blonde échappa un cri d'horreur tandis que son père se pencha pour prendre le pouls de son fils. L'homme fit un signe de dénégation de la tête puis ferma les paupières de celui qui aurait dû devenir son héritier.

Rapidement, de nombreux serviteurs se rassemblèrent autour du défunt : certains pleuraient, certains restèrent pétrifiés comprenant leur avenir incertain jusqu'à ce qu'une voix n'interrompe cet instant de déchirement.

Une femme âgée de petite taille et dont les cheveux gris étaient coupés au carré s'avança vers le Kazekage en plein désarroi, ayant enlacé sa fille qui pleurait à chaudes larmes contre son épaule.

« Ce drame ne restera pas vain, lâcha-t-elle d'une voix énigmatique.

- Chiyo-baasama, s'exclama le Kazekage en se redressant puis en s'inclinant. Que voulez-vous dire ?

- Il était écrit que votre fils périrait, vous le saviez, nous le savions tous, expliqua-t-elle. Mais cela signifie-t-il que les choses ne peuvent pas être changées ?

- Mais... Chiyo-baasama... balbutia Temari en sanglotant. Kankuro... Kankuro est... il est mort...

- Ha ! Ha ! Ha ! ricana-t-elle. Laissez-moi vous expliquer. Tout du moins, lorsque vos serviteurs auront quitté cette pièce, ajouta-t-elle en observant la foule autour d'elle tandis que tous s'exécutèrent. Bien ! C'est mieux de discuter sans tous ces sanglots, vous ne croyez pas ? Ha ! Ha ! Ha ! Regardez-bien cet anneau ? demanda-t-elle en montrant une bague frappée du symbole de Suna. Voilà. Je le place dans cette poterie et je scelle le tout. Un jour, l'Elu trouvera cet anneau et viendra jusqu'à nous. Cet Elu, venu du futur, nous permettra de faire monter Kankuro sur le trône et de trouver une solution pour éradiquer Gaara. Croyez-moi et laissez le temps faire les choses... »

L'Empire du VentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant