Chap. 9 Lèvres haineuses

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Heyyy ! Alors ? Que ressent Aomine ? Bonne lecture !
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Chap. 9 Lèvres haineuses

[Aomine]
Il ne souriait pas ; il fronçait juste les sourcils pour rester concentré. Il se forçait à jouer vraiment. Il était fort. Moi, je n'avais pas tenu. Était-ce pour moi qu'il tenait bon ? Lui qui jouait mieux que tous les autres ?
Sa main humide passa dans ses cheveux, les repoussa vers l'arrière en les plaquant de sueur. Son front tentait de se plisser d'une ride d'attention, mais je voyais bien qu'il avait du mal à garder son sang-froid.
Mes yeux coururent le long d'une goutte de transpiration, contre son visage, sur sa nuque. Elle s'échoua ensuite contre le maillot blanc ; mais mes iris suivirent le chemin qu'elle aurait dû emprunter. Malgré le mouvement du rouge, je n'eus aucun mal à tracer le parcours lascif et sensuel de mes yeux noircis.
Ses omoplates, la courbure de son dos et ses reins. Je détournai le visage, refusant de regarder plus bas. Mon meilleur ami, mon frère... Des semaines entières que je le voyais différemment... Lui qui prenait tant soin de moi...
Je ne comprenais pas pourquoi il semblait si essoufflé : il ne jouait pas plus que les autres, mais il paraissait exténué.
Après un énième dunk, en relevant son débardeur pour s'essuyer le visage, le jeune homme laissa un petit sourire lui échapper. J'aimais cela chez lui.
Le buzzer sonna la mi-temps et l'équipe de retrouva dans les vestiaires.
"Kagami, tu restes."
Le rouge nia, prit sa serviette et un gourde avant de sortir.
"Tu vas où ?
-Jouer, dehors."
Alors il y croyait toujours ?
Je le suivis ; il ne me posa pas de question. Un panier accroché au gymnase sembla l'inspirer. Je restai à le regarder se fatiguer encore et encore.
"Tu vas être crevé...
-Je sais... c'est ce que j'aime..."
Il voulait se dépasser, même lors de petits matchs sans intérêt. Un sourire tendre s'aimanta à mes lèvres malgré moi : il aimait trop le basket.
Je jetai un regard à l'heure sur mon téléphone et arrêtai le ballon.
"Faut que t'y retournes."
Il opina et me laissa le couvrir de ma veste.
Il joua, poussa ses muscles encore et toujours... et me lança un regard défiant.
"Kagami-kun veut vraiment te battre, remarqua mon ancienne ombre.
-Ne cherche-t-il pas plutôt à se convaincre lui-même ?"
Je me levai et m'éloignai du banc, sortis. Un regard sur moi, triste. Je n'aimais le voir comme cela... par ma faute... Mes poings se serrèrent. Je me haïssais.

Je soupirai encore ; terminé. Je levai le poing. Une veine colorait mon avant-bras et se refermait sur mes doigts. J'étais énervé.
"111 à 11," soufflai-je, me forçant à sourire.
J'avais passé tout mon temps à le regarder se donner, dunker, bloquer, dribbler...
Il entoura mon cou d'un bras musclé, bien loin de celui de l'enfant d'il y a si longtemps.
"On est les meilleurs, encore une fois.
-Je sais, soufflai-je.
-Tu viens chez moi ?
-Mm... On sera dans le même lycée ?"
Le garçon cessa de marcher un instant. Je me tournai vers lui et observai son visage livide.
"Reste pas comme ça dans le gymnase, les journalistes nous attendent, somma le capitaine.
-Akashi, laisse-le tranquille."
Je pris le jeune homme par une épaules et l'emmenai hors des projecteurs.
"T'es pas au courant... T'es le seul à pas savoir... gémit mon ami.
-Arrête de te plaindre.
-Tu veux pas qu'on soit ensemble ?
-Ah tu les brises putain ! J'ai pas envie d'être avec une gamine !
-Oui... je comprends."
Pourquoi ? pourquoi disais-je cela ?
Nous nous fîmes poussé vers les journalistes. Et les questions plurent. Je m'écartai rapidement. Quittai le lieu. Quel abruti j'avais été !

"Mm, mes parents m'ont dit qu'ils m'avaient inscrit à Tōō... toi aussi ?
-Dai-chan ?! Bien sûr ! C'est moi qui ai demandé à tes parents que tu ailles à Tōō.
-Je me disais aussi qu'ils auraient pas pu choisir un aussi bon lycée en terme de basket... Ça sert à rien. Qu'ils soient bons ou mauvais, je me ferai chier.
-Aomine-kun, gémit la rose.
-Et Taiga ?"
Bien sûr, c'était juste pour avoir ma réponse que j'avais débuté cette conversation ; et je ne comprenais pas pourquoi j'avais tergiversé aussi longtemps avant de rentrer dans ce qui m'intéressait vraiment.
La jeune fille se renfrogna subitement. Elle me gifla et partit en courant.
"Satsuki ! Oi !
-Idiot ! Idiot !"
Pourquoi ?
Je ne pouvais rester ainsi sans réponse ; je la rattrapai en quelques enjambées et la serrai contre mon torse.
"Satsuki... Explique-moi, je comprends pas... Je te promets que j'essaie pas de te provoquer, je comprends pas la situation."
Elle soupira et étouffa un sanglot.
"T'es idiot... Kagamin ne sait pas. Il est inscrit dans trois lycées en ce moment.
-T-trois lycées ?
-Trois dont l'académie Tōō. Et un à Los Angeles."
Mon cœur manqua un battement, puis en rattrapa un demi-millier tant il s'accéléra. Je commençai à trembler.
"Il... Je veux dire... Il doit choisir. Lui-même. Je dois pas l'influencer.
-T'es con !"
Elle me repoussa durement.
"Bien sûr que tu l'influences ! Kagamin pense à toi avant de penser à lui ! Et tu sais quoi ?! Il a tord ! Il devrait être égoïste ! Parce qu'un mec comme toi... t'en vaux même pas la peine !"
Je savais qu'elle avait raison.
Mon ami se sacrifiait pour moi... Je devais m'en écarter. Même si je voulais qu'il reste.
"Et s'il part aux USA ?
-Et bien il partira."
Je ne pus empêcher des larmes de se dessiner au coin de mes yeux.
"Mais tu ne veux pas ça, hein ?
-Bien sûr que non ! Mais ne lui dis pas surtout !"
Elle acquiesça.
Je rentrai chez moi, traînai des pieds, soupirai d'agacement, d'ennui, de désespoir. Je lui faisais du mal. Et je ne devais pas. Pourquoi étais-je si dur avec lui, alors que mes sentiments étaient aux antipodes ? Je m'opposais. Pourquoi ? Méchant, mauvais, violent, cassant.
Le seul moyen était-il de m'écarter de lui ? Cette phrase me faisait frissonner de dégoût et d'appréhension. Je ne connaissais que trop bien la réponse. Mais je ne pouvais m'y résoudre. M'éloigner. Le détester ? Non, mais me tenir loin.
S'il part, je mourrais une seconde fois.

"Daiki, faut que je te parle...
-Mm ?
-Mon père a fait une demande de mutation. Son boss a accepté."
Oh... on y venait.
"Je ne sais pas quoi faire. J'hésite à rentrer là-bas."
Pourquoi me dire cela directement ? Alors que je voulais être le plus extérieur possible.
"Mon pays, c'est l'Amérique. Même si j'y ai moins vécu qu'ici, mais c'est mon pays. Et ici... ici y a tout le reste. Ma vie est ici. Mes amis sont ici. Mon cœur aussi. Je sais pas.
-Si ton père part, tu pars aussi de toute manière, non ?"
Ma voix, sans émotion - qu'elle ne masquait habillement - sembla le heurter, lui faire mal.
"T'as changé, Daiki.
-Tu veux que je te retienne ? Tu veux que je m'accroche à ton t-shirt et pleure toutes les larmes de mon corps ? À quoi ça sert ? À quoi ça sert si tu pars ?!"
Mes poings serrés contenaient mon énervement, m'emplissaient de retenue. Le garçon tenta de me frapper, mais je l'arrêtai d'un geste simple et puissant.
"J'ai pas envie de me battre avec toi, Taiga. Me force pas à devenir violent.
-Tu me hais tant que cela ? Au point de ne plus me comprendre ? De ne pas me laisser m'exprimer...
-Je ne veux pas me faire frapper, ni te frapper. Mais je ne te hais pas, Taiga. Si un homme, si n'importe qui s'en prend à toi, je-je le briserai, assurai-je, flanchant de me montrer à nu.
-Mais je sais me défendre. Je n'ai pas besoin de ton aide. J'aimerais juste savoir ce que tu en penses. Pas grand chose apparemment. Je pourrais disparaître du monde, tu t'en rendrais compte ? Oui, t'aurais plus personne sur qui gueuler ! Peut-être Momoi !
-Taiga...
-J'ai envie de partir quand tu me parles. Et quand je pense à toi, j'ai envie de rester. Même si je... je doute. Tu sais, mon père est prêt à me laisser l'appart, il pense que je suis capable de vivre seul. J'ai envie de t'aider, même si ça a l'air impossible."
Le garçon saisit un de mes poings et le serra fortement, me détendit.
"Tu m'énerves parfois, mais je sais que c'est pas toi. Du moins pas uniquement."
Je m'échauffais, mon sang bouillonnait. Mes yeux suivaient ses lèvres, désiraient, refusaient. Beauté animale, pureté brute, innocentes paroles. Et moi qui étais-je ?
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Alors ? Où ira notre très cher américain ? Et comment les sentiments d'Aomine vont-ils évoluer ? Va-t-il les dévoiler ? Rendez-vous demain pour le savoir ! Bye, Kagamine

Présent malgré ma froideurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant