Chap. 11 Distance

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Aomine prend des décisions, tente de faire le bon choix, en est persuadé. Mais, a-t-il vraiment raison ? Bonne lecture !
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Chap. 11 Distance

[Aomine]
J'aurais aimé être le seul à attendre. Mais Kise et Satsuki avaient décidé de venir aussi ; pas de nouvelles de Tetsu.
Le flot de passagers déboula finalement ; je me tins à l'écart, adossé à un poteau. Je le reconnus immédiatement ; si grand par rapport à la foule, et cette aura de puissance qui l'entourait. Son père n'était pas là.
Qu'il soit ici, présent devant moi, m'emplissait d'un milliard de sensations formidables, un désir de le prendre contre moi surtout.
Ses iris se tournèrent vers Kise qui lui hurlait de le regarder. Puis il me vit et me sourit. Je détournai la tête. Et le blessai. Je n'avais pas le droit de m'imposer à lui, même s'il ne le comprenait pas encore, même s'il luttait contre.
Il prit les autres dans ses bras et s'orienta de nouveau vers moi, beaucoup plus hésitant.
"Daiki... Mo-Momoi t'a dit que j'allais à Tōō ? bégaya-t-il, le regard fuyant.
-Mm... Et ton père ?
-Il est retourné à L.A., il reste là-bas. Je récupère l'appart."
Je voyais à sa main tendue vers moi qu'il voulait un contact, mais je ne devais lui accorder si je voulais son bien, n'est-ce pas ?
Je ne prêtai pas attention à lui et rejoignis Satsuki.
"Dai-chan, t'es froid avec lui... souffla-t-elle très bas.
-Je sais. C'est volontaire."
Le regard outré que je reçus me fit rire - nerveusement bien, sûr, mais je le masquai bien. À ma vision, le rouge sourit, comme s'il aimait me voir heureux - quoique je ne l'étais pas du tout. Il était trop gentil...

Dans la même classe... Ils voulaient vraiment ma mort ici... Mais il y avait Satsuki au moins, un bon moyen de l'éviter... Quoique... Je m'écartais d'elle aussi, parce qu'il s'en rapprochait. Ou peut-être était-ce parce que je m'en écartais qu'il s'en approchait. Ou les deux.
Nous nous rendîmes au club de basket ensemble, sans un mot.
"On va avoir une équipe de malade ! On va tout défoncer !"
Un brun. Qui hurlait. Sur un binoclard plutôt flippant au premier abord.
"Aomine Daiki, Kagami Taiga, commença-t-il d'une voix doucereuse qui m'envoya des frissons tout le long de ma colonne, je suis Imayoshi Shoichi, votre nouveau capitaine."
Le rouge lui offrit un sourire resplendissant et alla lui serrer la main ; je restai en retrait, fixant un blond qui me rendit un regard défiant. Il m'arracha un petit rire moqueur ; ce qui valut à son front de se faire déformer par une veine. Nous n'allions pas nous entendre, je le voyais tout de suite.
"Notre pivot, Wakamatsu Kosuke."
Le blond platine, ses iris ambrés toujours braqués sur moi, serra la main du dunkeur et lui glissa une phrase encourageante que je n'entendis pas.
Quelques nouveaux arrivèrent - d'autres étaient déjà là -, et nous commençâmes l'entraînement que ma meilleure amie interrompit quelques secondes. Je m'ennuyais. Mais je m'y attendais.
Alors je fermai les yeux et laissai la folie m'embarquer loin, là où mes gestes et mon corps, là où le ballon et mon esprit ne faisaient qu'un. J'étais calme, les paupières basses, défiant tous les autres, les évitant en toute simplicité. Mes mouvements étaient souples et simples. Un seul suivait.
Mon dribble ralentit devant lui, et je commençai à passer la balle de gauche à droite, redressé, prêt à partir sur un côté.
"K... Un cross over..." souffla mon unique adversaire, les dents serrées.
Il ne savait pas.
Je le passai sans souci, sans véritable feinte, mais le geste était parfait. Lassé, je laissai l'homme se rapprocher de nouveau de moi, bien que je me savais plus rapide que lui, même lorsque je dribblais.
Nous étions proches... Il me doubla. Devant la trajectoire inhabituelle du ballon, le jeune homme perdit l'équilibre. Je levai les bras et lâchai la balle dans l'air sans réfléchir, sans même regarder. Le bruit du panier qui se tord fit écho à mes oreilles.
"Putain... Daiki... Putain !"
Son cri résonna de longues secondes dans la pièce ; humilié.
"Tu vois, t'y arriveras pas, lâchai-je froidement.
-Ferme-la.
-Te voile pas la face, tu connais la vérité.
-Ta gueule...
-Y a plus besoin de t'accrocher maintenant, oublie-moi, ce sera plus simple.
-Ferme ta putain de gueule !"
Redressé, le rouge froissait fermement mon débardeur dans un poing serré. Son visage crispé d'une grimace d'énervement me fit sourire : même comme ça, je le voulais, pour moi.
"Arrête de sourire ou je te frappe !
-Oh arrêtez les gars ! s'exclama un brun - Susa je crois. C'est que le premier entraînement, vous allez pas commencer ?!
-Daiki, tu m'énerves."
Je manquai de rire, mais me retins grâce au regard insistant de ma meilleure amie.

Il me manquait. Ses tendresses, ses sourires, ses attentions à mon égard... j'évitais tout ! Mais ses regards me transperçaient. Je ne voyais que cela quand j'étais seul sur le toit. Je me faisais plaisir. Mais cela ne me faisait plus rien. Je voulais goûter au véritable plaisir, à celui que le rouge pourrait me procurer, même si c'était impensable.
Je m'imaginais lui faire du bien également, entourer sa verge de mes lèvres, l'exciter, le faire gémir... Je voulais voir son cœur battre si vite que sa poitrine, soumise à de violentes respirations profondes, s'ouvrirait en un râle d'euphorie. J'étais fou de lui.
Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu son corps. Mais il me suffirait d'un regard pour exciter mon corps, j'imagine. Il fallait que j'essaie.
Au gymnase, j'étais sûr de le trouver ; il s'y réfugiait encore plus maintenant que nous ne nous voyions presque plus. J'ouvris la grande porte et tombai sur le vide absolu. Alors je me dirigeai vers les vestiaires.
Nu, ou presque, de dos. Musclé. Je haïssais la serviette lui entourant la taille et abhorrai le t-shirt qu'il enfila avant de se retourner.
"Daiki ?
-Mm... Je pensais que tu jouais encore.
-J'ai arrêté plus tôt aujourd'hui, expliqua le jeune rouge. Tu voulais jouer ?
-Je sais pas, peut-être... Mais tant pis.
-Nan ! Attends, c'est bon, je mets juste un short et j'arrive !"
Il fit ce qu'il disait ; je grinçai : il portait un boxer, et je n'eus pas le temps de regarder ses muscles fessiers.
Il semblait si combler de jouer contre moi... Mais cela ne pouvait durer. Alors après quelques points sans grande vigueur, je commençai à soupirer.
"Daiki ! Joue !
-La flemme...
-Putain, mais tu soûles !"
Il me plaqua à un mur, énervé.
Sa bouche... Ses lèvres laissant un souffle rapide leur échapper...
"Je vais te frapper si tu continues à me provoquer..."
Moi je vais l'embrasser... Il me pressa un peu plus contre le mur. Et lui. Je ne pus cacher un gémissement - tout de même bien étouffé - en détournant la tête.
"Daiki ?"
Je rougissais sans doute. Ma respiration s'accéléra. Si proche... j'étais incontrôlable.
"Ça va pas ?
-Me touche pas !" l'écartai-je en repoussant une main qui s'approchait de mon front.
Je le forçai à reculer.
"Laisse-moi."
Il ne comprenait pas. Alors il ne partait pas, évidemment.
"Daiki, je veux savoir !"
S'il s'en allait, je pourrais souffler. Mais le fait qu'il reste me rendait encore plus dépendant de lui. Il se préoccupait toujours de moi, même en sachant que je...
"Pourquoi tu m'évites ?"
Il savait tout... bien sûr...
Je voulais pleurer.
"Daiki, qu'est-ce que j'ai fait ?
-Rien... murmurai-je très bassement.
-Dis-moi putain !"
Il m'agrippa à l'épaule et me tourna vers lui ; ses yeux étaient si inquiets, si tristes, colorés de gouttelettes qui s'efforçaient d'y rester.
"Dis-moi ; ça me détruit...
-Arrête putain ! M'approche pas !"
Je le repoussai durement ; il tomba.
"Daiki...
-Arrête ! Arrête de t'accrocher à rien du tout ! Ça peut pas marcher ! Vis ta vie et me soûle plus !"
Je commençai à reculer, mais il me retins au poignet et me prit dans ses bras. Je me laissai aller un instant, avant de m'en défaire. Un regard noir et je partis. Quel con !

Et le lendemain, en cours - pour une fois que je venais -, il ne sembla pas en tenir rigueur et se tourna à moitié vers moi, un avant-bras sur ma table. J'étais affalé sur celle-ci, la tête dans mon sac.
"Nn ?
-On a match samedi !
-Nn... qui ?
-Kise !
-Kagami, veuillez vous tourner face au tableau," grinça le professeur.
Avec un soupir, le jeune homme obéit, mais commença à se basculer pour se rapprocher de moi.
"Apparemment il aurait une super bonne équipe. Enfin apparemment, c'est plutôt sûr vu que c'est Momoi qui me l'a dit.
-Mm... On jouera tous les deux ?
-Je pense pas. Pas au début en tout cas, sinon je pense qu'on est sûr de gagner.
-Dans tous les cas, soupirai-je, dans tous les cas on est sûr de gagner. Que ce soit avec toi ou avec moi.
-Tu penses que je bats toujours Kise ?
-Évidemment, Baka.
-J'ai hâte de le voir !
-Ka-ga-MIIIII !"
Le bruit d'un craie qui se brise releva mon attention.
"Get out of here !"
Ah, anglais, j'avais même pas remarqué...
L'américain se leva, dominant le professeur du regard, pris son sac et sortis en m'accordant un petit sourire complice. Comme avant.
Kise... La génération des miracles... Je les avais presque oublié... Replonger dans le collège me rendait nostalgique, ce n'était pas bon pour moi.
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Le match dans le prochain chapitre pov Kagami ! Bye, Kagamine

Présent malgré ma froideurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant