Chap. 5 Je suis un monstre

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L'ambiance commence à se dégrader côté Teiko... mais ce n'est pas que l'équipe... Certaines tensions risquent de briser des choses, pour toujours... Bonne lecture !
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Chap. 5 Je suis un monstre

[Aomine]
"Tu es devenu un monstre, Aomine..."
Il avait abandonné. Ils avaient tous abandonné ! Mes yeux se vidèrent. Je levai la tête vers le banc, pour y trouver du réconfort. Personne. Du moins pas celui que je cherchais. Et ma meilleure amie se triturait les doigts en fixant le sol.
La mi-temps arriva. Je sortis du gymnase, sans écouter les autres, j'avais besoin d'air. Assis sur les marches, fixant droit devant lui.
"Taiga !"
Je m'avançai, m'installai à ses côtés, et tournai la tête vers lui.
"Je pensais que ça te ferait du bien..."
Son visage se retrouva enterré entre ses genoux.
"Je suis désolé, Daiki...
-Oi Taiga ! C'est pas de ta faute !"
Je passai un bras autour de ses épaules et me collai un peu à lui.
"Tu veux pas jouer la fin ? devina-t-il.
-Nan... Je suis pas un monstre, pas vrai ?
-Aho ?!"
L'homme me prit dans ses bras et me serra fortement.
"T'es idiot... Bien sûr que non... Pourquoi tu serais un monstre ? C'est juste lui qui est mauvais...
-Tous... pas que lui... Tous...
-Mais moi ? Et la génération des miracles ?
-Je bats Kise, je bats Murasakibara, je bats Midorima... Akashi ne veut jouer contre personne. Et Taiga, je te bats... Tu dois bien l'avouer. Cela fait deux semaines et l'écart se creuse entre nous."
Le garçon se recula brusquement de moi et se leva.
"Jamais ! Je te battrai la prochaine fois !"
Je soupirai...
"J'espère..."

Je ne pus m'empêcher de sourire : il ne m'avait pas menti finalement.
"Yosh ! Tu vois que c'est moi le meilleur !"
Mais je me sentais fatigué. C'était peut-être ça qui m'avait fait perdre...
"Allez, je suis mort, moi. On se fait un Maji Bruger ?
-Ouais..."
Après une rapide douche, nous rejoignîmes le fast food. Alors qu'il parlait de basket, de grands joueurs et matchs victorieux, je me contentais de le fixer.
Kagami faisait tout pour que j'évite toute déception, il était là pour moi, toujours. Je souris doucement, tristement : cela ne suffirait pas, je le savais bien.
"Tu viens dormir chez moi, ce soir ? Mon père est en voyage d'affaires.
-Ouais, j'appelle juste ma mère."
Je le suivis chez lui ; l'aidai à tirer un grand matelas au sol. Nous nous y couchâmes tous les deux, sans aucune envie de dormir.
"Tu trouves pas que la GM change ? lâchai-je.
-Si... mais c'est normal, non ? Tout le monde change.
-Mais nous plus que les autres. Et moi... surtout...
-Dis pas de conneries !"
Je le sentis se tendre tout entier ; sa mâchoire crispée laissait un souffle erratique et énervé lui échapper, et, sans que je ne comprenne pourquoi, ce souffle accéléra le mien.
"Je te promets que je serai toujours là !"
Je soupirai longuement. Je sentais que je progressais. Je sentais que je prenais de l'avance. Et encore plus, je sentais l'écart s'agrandir entre mon meilleur ami et moi.
"J'ai envie que tu me battes toujours, avouai-je. J'ai envie d'avoir du challenge."
Je sentis une main se déposer sur un de mes avant-bras.
"Je serai là."
Un sourire se dessina sur mon visage et mon pouls ralentit en sentant celui du rouge. J'étais calme avec lui.

"J'en ai marre ! Vous vous foutez de ma gueule à jouer comme des merdes comme ça ?! Et Tetsu, arrête avec tes passes à deux balles, tu sers à rien ! Vous êtes vraiment pas doués ! C'est pas compliqué de bloquer un petit tir, merde ! J'me casse !
-Dai-chan ?!
-Daiki attends !"
Je quittai le gymnase d'un pas rapide et énervé. Mon dos se plaqua à un arbre de la cours et mes bras se croisèrent sur mon torse. Un homme me rejoignit ; je lui lançai un regard froid.
"Casse-toi.
-Daiki, calme-toi.
-Casse-toi, t'es à peine meilleur qu'eux..."
Un triste sourire colora son visage.
"Idiot... Quand je t'ai dit que je serai toujours là, je disais pas des paroles en l'air.
-Ça sert à rien que tu sois là, que tu me regardes et que je te défonce. Ça je m'en tape ! Je veux juste qu'on me batte ! Et y a personne pour faire ça ! Je m'ennuie avec vous ! Et je sais que vous êtes les moins mauvais !"
Une main se déposa doucement sur une de mes épaules.
"C'est pas possible que t'aies progressé comme ça, on va te rejoindre bientôt, c'est qu'une question de jours...
-T'es vraiment trop con ! Une question de jours ?! m'énervai-je. Ça fait un mois au moins ! Un mois que je vous détruit tous ! C'est pas un déclic, j'ai juste plus progressé que vous ! Vous êtes mauvais ! Et tu fais pas exception !"
J'avais presque craché la dernière phrase, pour qu'il me laisse tranquille ; ou me prouve le contraire. Je reçus un coup de poing dans le visage. Nous nous étions déjà battu, mais jamais avec l'intention de blesser, là, c'était différent.
Dans les coups qui pleuvaient, le rouge eut le dessus, me plaqua fortement à l'arbre en me bloquant de partout. Mais je savais qu'un mot suffirait à me rendre la victoire ; la vérité.
"Le seul qui puisse me battre, c'est moi."
Un violent coup - durant lequel le collégien me lâcha - heurta mon crâne au tronc dur.
"Ferme ta gueule...
-Quoi ? C'est vrai. Je mens pas.
-Ferme ta gueule.
-Tu le sais très bien. Avoue-le.
-Ferme ta gueule putain ! hurla-t-il en m'assénant son poing dans la mâchoire. Et me parle plus jamais !"
Il partit en courant.
"Taiga..."
Étais-je allé trop loin ?
Ne voudrait-il plus me voir ? discuter avec moi ? Car quoi que j'en dise, malgré mon énervement soudain, je tenais à lui. Et ce n'était pas qu'une question de basket. Il y avait tellement plus...

Satsuki m'avait sermonné à son sujet, et ma mère en avait rajouté une couche à propos de mes blessures cette fois. Le lendemain, je rejoignis ma classe et ma place, juste derrière la sienne. Il ne m'accorda même pas un regard, ni pour s'assurer de mon état, ni pour me rabaisser encore plus : je ne méritais pas qu'il fasse attention à moi.
Je remarquai un bleu violacé sur son bras et une couleur similaire autour de l'un de ses yeux. Et comme des tâches semblabes couplées au pansement couvrant ma joue gauche me couvraient, tout le monde compris ce qu'il s'était passé.
"Aomine ! Tu-tu t'es battu avec Kagami ?
-Ouais, soupirai-je. Qu'est-ce que ça peut vous foutre ?
-Pourquoi vous avez fait ça ?
-Ça vous regarde pas putain."
Je tentai de m'écarter des autres et guettai le jeune dunkeur de mes yeux assombris. Il jouait au foot avec des gars de la classe ; jamais il ne faisait cela habituellement.
"T'as pas de mal à m'oublier," remarquai-je, tout bas, comme si je voulais qu'il m'entende, comme si je voulais qu'il culpabilise.
Mais personne ne m'écoutait.
Il riait.

"Taiga, tu... tu veux bien venir cinq minutes ?"
Le garçon ne répondit pas, hocha la tête et s'avança vers moi. Le soulagement s'autorisa à me gagner quelque peu : après une semaine de silence, nous allions enfin pouvoir nous expliquer.
"Pourquoi tu viens pas aux entraînements ? T'es trop bon pour nous, c'est ça ? m'agressa-t-il.
-Taiga... C'est pas ça... Je veux que vous me rattrapiez, pour que tout redevienne comme avant, c'est tout. Taiga, je veux pas qu'on s'engueule encore pour ça... Je sais que je fais le con, mais... comprends-moi, c'est pas facile tous les jours... J'aimerais bien que vous jouiez comme moi, mais faut pas se le cacher, tu vois bien que c'est pas le cas... Je suis meilleur, mais je n'aime pas ça. Je n'aime pas ce manque de challenge. Je veux que vous soyez aussi forts que moi. Au moins toi..."
Le garçon me saisit dans une étreinte virile et réconfortante ; je calai mon menton sur une de ses épaules.
"On s'engueule plus pour ça... Et t'inquiète, je serai le meilleur, même s'il faut que je me crève au terrain !"
Il ne s'en rendait pas compte, mais il semblait être mon dernier espoir de bien m'en sortir. Je voulais vivre, mais il fallait me donner les moyens pour.

La victoire fut écrasante une fois de plus : Teiko était encore sacré meilleur collège du Japon. Cette année, je n'en tirai aucune gloire ; ni moi, ni les autres. Teiko avait changé, surtout depuis que l'entraîneur Shirogane s'était retiré à cause d'une maladie. Sanada, son adjoint, l'avait remplacé.
"Sanada-san !
-Aomine ? Qu'est-ce que tu veux ?
-J'ai envie d'arrêter le basket..." avouai-je.
Son visage se mua en une grimace horrifiée.
"Aomine, tu ne peux pas ! Le basket, c'est toute ta vie !
-Je sais. Mais j'en peux plus.
-Tu-tu... Attends une seconde, il faut que je réfléchisse."
Il prit une grande inspiration en se massant les temps du bout des doigts.
"Alors arrête.
-Mais je ne peux pas... gémis-je. Si j'arrête, je sais que Taiga aussi arrêtera. Ou qu'il me haïra. Et je ne veux aucun des deux !
-Tu devrais, reprit l'homme, marquant une longue pause, tu devrais arrêter les entraînements. Et toujours venir aux matchs. Teiko ne doit pas te perdre. Et tu ne doit pas perdre le basket."
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Comment réagira Kagami en apprenant cela ? Et Momoi dans l'histoire ? Bref, rendez-vous demain pour le savoir ! Bye, Kagamine

Présent malgré ma froideurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant