III

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Le prof, M. Do, s'adressa à nous :

— Salut à vous, jeunes écrivains, il inclina la tête dans ma direction en ajoutant, et particulièrement aux nouveaux venus.

Le tatouage, dessiné sur son bras droit, juste sous le coude, faisait comme un bracelet.

On ne peut jamais savoir ce qui va inspirer le début d'un poème. Et tout à trac voilà que j'observais les bras des autres élèves. Ceux du petit maigre étaient squelettiques, ceux du grand maigre, poilus ; ceux des filles fins et lisses. Le beau brun en face de moi, jolis bras bronzés, soit disant passant, s'aperçut que je le regardais et me gratifia d'un deuxième sourire.

Le bras suivant présentait une marque rouge, un peu comme une griffure, qui dépassait légèrement sous la manche blanche. Le bras de Min Yoongi ; lui, aussi, s'aperçut que je le regardais.

Il tira sur son vêtement en me fusillant du regard comme si j'étais une sorte de pervers.

«Pauvre pomme!» pensais-je. Et revoilà, les fourmis dans mon pied droit!

Excepté ce mec, le cours fut plutôt chouette. Chaque mardi à l'heure du déjeuner, on lira nos textes. Le beau brun, il s'appelle Jungkook, Jeon Jungkook, une raison supplémentaire d'assister à ce cours... Il a demandé si on pourrait participer à des concours littéraires. M. Do a promis de garder l'œil ouvert et l'oreille aux aguets. Le grand maigre, Chanyeol, voulut savoir si on aurait le droit d'écrire des histoires sur la nourriture. Les filles le regardèrent, amusées.

Ensuite, M. Do nous a lu des poèmes d'une Néo-Zélandaise. Des textes magnifiques ; un surtout, sur des chiens gambadant parmi les tombes dans un cimetière. «Parmi nos bien-aimés, nos bien-aimés, nos bien-aimés...» Faudra que j'en trouve d'autres à la bibliothèques.

Alors que le cours touchait à sa fin, Prince Yoongi prit la parole, à propos d'articles dont il aurait besoin pour le journal de l'école. J'arborai un air d'ennui étudié, mais il regardait dans la direction opposée. Du coup, en quittant la salle, quand Chanyeol et l'autre type grommelèrent un vague «salut!» auquel je répondis sur le même ton. Je détournai, moi aussi, le regard dans la direction opposée.

[...] Décidément, John a raison «à l'agence pour l'emploi, on n'ploie pas sous le poids des emplois!» Pas ma chère mère, en tout cas! Mais à l'heure où elle y était ce matin, quelqu'un était en train de coller une offre pour une place de jardinier, trois après-midi par semaine. Elle a tout de suite appelé John et il commence mardi. Bah oui, John a aussi été jardinier, tout comme livreur de produits laitiers. D'ailleurs, il a presque tout fait.

Alors, Maman et lui étaient d'humeur plutôt joyeuse, ce soir. Elle a encore ajouté une couche de peinture sur les murs de la salle de bain.

— Ça masque les traces de moisissure!

Quel contraste entre notre bicoque de location et les villas devant lesquelles j'étais passé, à vélo, la veille... Si mon paternel versait à Maman la pension alimentaire qu'il lui devait, on habiterait peut-être un endroit moins délabré...

Au lieu d'aller faire du vélo, je me suis plongé dans mes notes de technologie informatique et j'ai commencé un roman qu'on doit lire pour le cours d'anglais. J'ai bien l'intention de mettre la gomme dans ce foutu lycée et de leur prouver qu'il y a des types aussi forts qu'eux.

J'ai aussi planché sur un poème. Sur les bras des filles, le creux de leurs avant-bras, surtout.

  Au cœur de ce triangle d'ivoire
  Où s'entrecroisent des ruisseaux bleutés
  La vie s'égrène au rythme lent de leur flots
  duvetés...

FAUSSE NOTE yoonseokOù les histoires vivent. Découvrez maintenant