VI

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L'après-midi, au cours d'anglais, j'avais vraiment l'esprit ailleurs. Jungkook m'avait pompé l'air sous prétexte qu'il m'avait posé deux fois la même question et que je ne lui avais pas répondu.

Dans ma tête, la scène du couloir défilait en boucle. Le rire de Min Yoongi était si différent de celui qu'on pouvait imaginer. Une sorte de hennissement, comme une libération brutale. À l'autre bout du couloir, des élèves s'étaient même retournés pour nous dévisager. Ses yeux brillaient. Le lobe de ses oreilles avait rosi.

— J'étais à deux doigts de te flanquer un coup de genou!

— Et moi, j'allais te coller un coup de pied au...

À la pensée de ce joli petit derrière, le bas de mon cou s'enflamma de nouveau, mais plus pour la même raison.

Je parie qu'il devina mes pensées. Il gardait les yeux obstinément fixés sur le mur.

— Papa a dit... que si tu voulais l'interviewer tu devais pendre contact avec lui rapidement, car il doit s'absenter dans quelques jours.

— Ouais... je... bon, d'accord!

Et chacun fila de son côté. J'arrivais toujours pas à décider si, oui ou non, je voulais lui taper dessus ou... ou quoi, d'ailleurs?!

Cet après-midi-là, en rentrant, Maman était excitée comme une puce. Suivant son habitude, elle se dressa sur la pointe des pieds pour m'embrasser.

— J'ai trouvé un boulot à mi-temps! Je commence jeudi. Serveuse dans un café. Ça y est, Hoseok, tout va s'arranger, mon grand!

Et elle poursuivit sur sa lancée. Tant mieux, encore sous le choc de l'épisode Min Yoongi, je n'avais pas envie de parler. Je compris tout de même que le café en question était juste en face de la boutique des parents de Jungkook. Difficile d'échapper aux uns ou aux autres, à Daegu...

J'ignorais encore à quel point c'était vrai.

Je partis promener mon vélo! Quelques tours de roues me remettraient peut-être les idées en place. Je roulais nez au vent, sans me soucier de la direction. Un peu plus loin, en regardant autour de moi, je me rendis compte que je me trouvais sur la route qui contournait la propriété des Min.

Derrière le mur élevé, se dressait l'imposante demeure, avec ses rangées de fenêtres et ses bouquets d'arbres. «Une maison qui respire la solitude...»

Lâchant les pédales, je m'approchai lentement de l'entrée. John était en pleine discussion avec une femme maigre, vêtue d'un pantalon beige. Mince! J'avais oublié qu'il travaillait aujourd'hui. Je plongeai le nez dans mon guidon. Trop tard!

— Ouh, ouh! Hoseok! Hé, mon garçon!

En pétard contre moi-même, je remontai l'allée sans me presser. Visiblement, la femme maigre ne savait pas quelle attitude prendre. Ses employés n'étaient pas censés inviter leurs amis à entrer! C'était mal connaître John.

Elle esquissa un sourire acceptable. C'était la mère de Yoongi, à n'en pas douter. Mêmes yeux, même menton. Je me demandai si Yoongi était dans la maison en train de nous espionner derrière une des immenses fenêtres.

John fit les présentations dans les règles de l'art. J'étais fier de lui.

— Hoseok est le garçon qui voudrait interviewer M. Min, précisa-t-il.

Mme Min sourit à nouveau. Le genre de sourire à faire tout de suite descendre le thermomètre dix degrés au-dessous de zéro!

— Bien sûr, bien sûr. Bientôt? Il part en voyage d'affaire vendredi prochain.

FAUSSE NOTE yoonseokOù les histoires vivent. Découvrez maintenant