La vente aurait lieu le lendemain soir.
« Habillez-vous chic » m'avait innocemment conseillé monsieur Jean-Parfait. J'avais lorgné le tailleur prêt-à-porter bleu marine que je portais pour le boulot, et m'étais sentie comme une souillon. Je commençais à croire que ce type avait un don pour faire des remarques désobligeantes sans le vouloir...
Aussi, après avoir dormi une bonne partie de la journée -quand on bosse de nuit, c'est inévitable-, je filais faire les boutiques en quête de quelque chose de décent à me mettre sur le dos.
L'événement se passerait dans un entrepôt, près de la rivière. J'imaginais que, pour une vente d'objets anciens ou d'artefacts magiques pas forcément d'origine très nette, il n'y aurait que des gens richissimes, ou des assistants de gens richissimes. Bon, je pouvais au moins espérer avoir l'air d'une assistante...
Je finis par dégotter une petite robe noire à manches trois-quart qui dénudait mes épaules, un peu trop courte pour mon confort, mais pas totalement indécente non plus. J'y ajoutais un petit sac à main à boucle argentée, et une paire d'escarpins un peu plus hauts que d'habitude... Bon d'accord, j'espérais aussi en mettre plein la vue à T-shirt-moulant. J'étais peut-être un peu vexée. Résultat des courses : j'avais probablement claqué en fringues inutiles tout ce que j'allais toucher pour ce job. Bravo ma fille.
Quoi qu'il en soit, une fois mes emplettes terminées, il était déjà 17 heures.
Corps-de-rêve -il allait vraiment falloir que je me résigne à l'appeler par son nom...- passerait me chercher à 19 heures, puis me déposerait à la vente et m'attendrait dans la voiture. Oui, monsieur avait mon numéro, et mon adresse. J'essayais de ne pas trop y penser... Mais autant dire que, puisque je suis une fille, et que je voulais épater la galerie, deux heures, c'était court.
À 18h40, en tête-à-tête avec mon miroir, j'estimais avoir fait un travail tout à fait correct, voir même pas dégueu du tout . J'avais lissé mes cheveux mi-longs déjà quasiment raides -raison pour laquelle je ne me donnais d'ordinaire jamais cette peine- et relevés en un chignon lâche -là, je m'étais battue pendant au moins vingt minutes- qui, allié avec la robe, dévoilait la ligne de mon cou jusqu'à mon épaule. Pas mal. Restait à prier pour ne pas croiser de vampires, qui pourraient prendre ça comme une invitation... Je chassais l'idée désagréable en secouant la tête, agitant au passages les reflets rouges de mes cheveux, d'habitude si ternes. J'avais rehaussé mes yeux bleu gris un peu fades d'un trait d'eye-liner, et eux aussi semblaient un peu plus vivants. Ma mère m'aurait littéralement mitraillée de photos si elle m'avait vue comme ça, mais elle n'était pas là. Grand bien m'en fasse.
À 18h55, je tournoyais comme une forcenée dans mon minuscule appartement, quand mon interphone sonna, et je m'examinais une dernière fois -pour la gloire - avant de sortir.
Franchement, j'étais contente de moi. Cheveux-d'ange pouvait aller se rhabiller.
VOUS LISEZ
Calice
FantasyJe m'appelle Kal, de mon petit nom Kalypso Bélinda Morgane Reed, sans doute la plus grande victime des lubies excentriques de ma mère, et accessoirement de mes vingt-cinq ans d'existence banale à pleurer. Mais croyez-le ou non, j'essaie de me soign...