Chapitre 2.4

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Jean-Pierre fit signe à l'un de ses acolytes, puis m'emmena dans un petit box privé que je n'avais pas remarqué jusqu'ici pour réaliser mon achat.


Quelques minutes plus tard, je ressortis de l'entrepôt, une petite caisse de bois clair sous le bras. On l'avait garnie devant moi de chiffons qui semblaient faits de soie véritable, puis déposé délicatement dans cet écrin la petite boite de grès. Le tout avait été exécuté à gestes lents et cérémonieux, comme s'il s'agissait de la plus précieuse des trouvailles. Ce qui était sans doute le cas, vu son prix... Je ne pus réprimer un frisson en pensant à tout ce tas de fric gaspillé dans le rachat d'un objet volé. Si monsieur beau-gosse aimait tant que ça jeter l'argent pas les fenêtres, il fallait vraiment que je lui réclame un resto.


Je fronçai les sourcils en observant mon fardeau.


La boite en elle-même ne pesait pas très lourd, mais elle dégageait toujours cette énergie vibrante quasi palpable. Ce n'était pas désagréable, juste...perturbant. Elle semblait presque vivante. Je secouais la tête. En vérité, ce truc m'attirait un peu trop, et j'avais hâte de m'en débarrasser.


Je me dirigeais à pas vifs mais prudents vers la voiture. J'aurais quand même vraiment l'air maline si je m'étalais avec mon chargement à cause des talons aiguilles un peut trop hauts que j'avais tenu à porter pour épater la galerie...


Grey m'attendait à l'extérieur, adossé à sa portière. Il avait enfilé une veste à capuche qu'il avait rabattu sur sa tête, mais semblait avoir abandonné l'idée de rester plus discret. Bizarre pour quelqu'un qui essayait de ne pas se montrer, mais bon, maintenant que j'avais sa boite entre les mains, il pouvait bien faire ce qu'il voulait.


Je n'avais plus que quelques mètres à faire quand il se décida enfin à bouger. Je crus d'abord qu'il allait me prendre la caisse pour vérifier, mais non. Il contourna la voiture, et m'ouvrit galamment la portière passager pour que je puisse m'installer. Charmant.


Décidément, j'étais vraiment traitée comme une princesse ce soir. On m'avait donné du Madame, j'avais siroté du champagne et grignoté un toast de caviar en marchant sur des tapis persans, et mon chauffeur beau comme un dieu m'ouvrait obligeamment la porte...Ouah. Soit j'avais une veine délirante, soit j'allais subir un retour de karma d'une ampleur épique...


Je m'installai sur la banquette passager sans discuter, décidant de me vautrer dans ma chance aussi longtemps qu'on me le permettrait. Quitte à subir plus tard, autant que ce soit pour quelque chose de consenti.


Grey démarra la voiture, et je m'étonnais encore une fois qu'il ne demande pas à vérifier le contenu de mon coffret. Il était posé sur mes genoux, et l'énergie qui s'en dégageait m'empêchait de l'oublier. J'aurais voulu m'en débarrasser, mais je ne pouvais pas décemment balancer un truc pareil sur la banquette arrière...


Je me rendis soudain compte que j'en caressais distraitement de couvercle, et plaquai fermement mes mains dessus pour les empêcher de bouger. Je finis par demander.


- Vous ne voulez pas vérifier que j'ai bien acheté la bonne boite avant de partir ?


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