XII. Fake

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Samedi 29 Juillet, 11h53, Brooklyn

Pov de Mary

Je le vois regarder dans le vide pendant quelques instants, il avait la bouche entre-ouverte et il semblait vouloir dire quelque chose mais apparemment rien ne lui venait à l'esprit et le seul son qu'il pût produire fut :

- Oh !

J'étouffe un début de rire et hoche la tête.

- J'aurai pas dit mieux ...

Il y eu un instant de silence qui persista suffisamment longtemps pour que l'ambiance devienne gênante, puis j'entend Shoto claquer des doigts.

- Si on prend le métro depuis la partie la plus au nord d'Harlem on évite de trop se faire voir dans la rue, on limite les risques d'agression, et le temps de faire le contrôle si tout ce passe bien on repart rapidement, sinon, on appelle du renfort.

Je me mord la lèvre inférieure en méditant sur ce qu'il proposait.

- C'est une bonne idée ... Une super idée même, mais les risques seront plus élevés si on doit marcher longtemps ...

- Depuis quand on fait un travail sans risques ? Ricana t-il sournoisement.

Je soupire et hoche la tête. Shoto a raison, on fait un travail qui peut être dangereux mais à cause de mon alter j'ai tendance à l'oublier facilement. J'ai souvent été gravement blessée, volontairement ou non, mais j'ai toujours pu guérir directement après, sans séquelles. Peu importe ce qu'il arrive à mon corps, j'ai toujours une solution pour endiguer le mal, il me suffit de bloquer la production d'une enzyme ou de la produire en masse pour provoquer telle ou telle réaction, recréer ou remettre en place des nouvelles cellules pour remplacer celles détruites ou augmenter mes défenses immunitaires lorsque je suis malade et détruire le surplus une fois le virus éliminé pour ne pas me causer du tord. C'est tellement devenu une habitude de me dire "Ça va guérir vite" quand je suis blessée, que j'oublie parfois que cette capacité m'est unique et que les autres sont plus facilement affectés que moi ...

Lorsque ça me revient à l'esprit, je ne peux que ressentir de la frustration et de la colère. Pourquoi moi et pas eux ? C'est pour ça que je joue toujours le rôle de l'épée lorsque l'on doit se battre en équipe, de peur que les autres se fassent atteindre gravement alors que je pourrais simplement encaisser et continuer sans problème.

C'est aussi pour ça que je déteste devoir travailler avec Coda tout le temps, j'ai toujours peur pour lui. Je m'en voudrais trop s'il lui arrivait quelque chose par ma faute. Mais d'ailleurs en parlant de Coda ...

- J'ai demandé à Coda de venir pour lui expliquer ce qu'on a trouvé, on décidera si on fait comme tu le propose ou non. Si tu veux rentrer chez toi tu peux, je te tiens au courant de ce que l'on décidera. Le congedié-je.

- Oui je pense que c'est ce que je vais faire, merci Mary. Approuva Shoto en se levant pour partir.

Je me lève aussi pour l'accompagner jusqu'à la porte, et le temps qu'il mette ses chaussures j'attendais patiemment à côté pour lui ouvrir tout en l'observant.

Je ne lui avais pas dit, mais il avait encore la trace de l'oreiller qui barrait son visage, ses cheveux menaient une lutte féroce pour décider de quel côté ils seraient décalés pour le reste de la journée, et ses yeux avaient repris leur couleur habituelle. J'avais enlevé sa lentille hier soir quand il dormait -en craignant de lui crever l'oeil- et l'avait mise dans la poche de sa veste.

Après un instant, il se redressa en me regardant, perplexe, de ses petits yeux encore endormis.

- Tu sais par rapport à ce que je t'ai dit hier soir ... Il ne faut pas te sentir coupable.

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