Split

XVIII. Une promesse par un fil

Salut Coda,

J'ai parfaitement conscience que j'écris dans le vide puisque tu ne pourras jamais lire ce mot, mais tu as pris le temps de m'en laisser un dans l'espoir d'avoir une vraie conversation, alors voila ma réponse.

C'est vrai, nous n'avons pas eu suffisamment de temps pour réellement se connaître et je suis en grande partie responsable de ce manque de temps, mais une chose est sûre, pour moi aussi ces deux mois passés à tes côtés m'ont marqué. Il y avait toujours cet aura qui se dégageait de toi, quelque chose d'ambigu, je trouvais ça à la fois rassurant et terrifiant. Ces instants durant lesquels tu utilisais ton alter, cette compassion que tu avais pour les autres laissait place à l'horreur de la réalité. Je veux dire, tu as déjà entendu tes os craquer ? 

C'était comme si en te métamorphosant, ton corps chantait son mal être, l'Homme se faisait dominer par les instincts de la bête et ce regard vitreux propre aux ours trahissait le vide que tu ressentais.

Cela n'enlève pas le fait que je n'ai rien vu, c'est de ma faute si les événements se sont terminés comme ils l'ont fait.

Je ne pourrai jamais imaginer ce que vous avez traversé tes amis et toi, mais détrompe toi, ce n'est pas parce que je ne connais pas l'arrière goût amer de la perte et de la souffrance que j'ai été aveugle à tous ces signes.

Ma "vie parfait" comme tu le dit si bien, je ne la connais que depuis quelques années.

Et oui, pour moi aussi Stem, l'héroïne qui a fait ses études dans les écoles les plus prestigieuses avant d'intégrer une agence renommée à 18 ans à peine n'est qu'une façade.

En réalité, je suis une enfant de quartier. J'ai grandit dans une vieille tour du Queens, ma mère était infirmière, mon père ivrogne, et j'avais pour occupation principale de m'imaginer un avenir en regardant le ciel par la fenêtre exiguë de ma petite chambre. 

Parfois je pouvais voir des avions voler haut dans le ciel en jouant avec les nuages, alors je m'imaginais pilote.

Parfois les étoiles semblaient former une route vers les galaxies voisines, alors je m'imaginais Astronaute.

Parfois je ne voyais rien, mes paupières étant trop lourdes et douloureuses pour que je ne puisse les ouvrir ...

Cependant jamais je ne me suis imaginée héro.

La raison est simple : mon pouvoir était tout simplement impossible à utiliser. 

Lorsque j'avais 5 ans, j'ai passé des tests comme la majorité des enfants pour comprendre le fonctionnement de mon alter. A cette époque, nous pensions simplement que la petite boule dans mon dos était une mutation, un nouvel alter qui était apparu dans ma famille et qui n'avait aucune réelle utilité.

Cependant, les test ont révélé que cette mutation était un paquet de cellules souches et que la combinaison des pouvoirs de mes parents m'avait donné une nouvelle capacité.

Ma mère avait le pouvoir d'attirer le sang à l'intérieur ou à l'extérieur d'un corps et mélangé à celui de mon père : accélérer la création de ses cellules, cela a donné celui de multiplier et de transformer le petit amas de cellules souches à sa guise avec un peu de sang.

Le pouvoir de mon père joue le rôle de moteur, et celui de ma mère en est le carburant.

J'ai dit plus tôt que mon pouvoir était inutilisable, pourtant il a l'air simple à comprendre, c'est pour ça que je vais te poser une seule question : comment est-ce que l'on transforme et multiplie des cellules ?

Si "Je ne sais pas" est ta réponse, imagine ce qu'une enfant de 5 ans aurait répondu.

Alors oui tu as raison : ce monde est injuste.