Chapitre huit.

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Le temps n'est peut-être pas au rendez-vous mais, du haut de notre cabine, Lewis me montre du doigt plein d'endroit de Londres que l'on peut facilement distinguer. Je dois sûrement avoir l'air d'une enfant tellement je suis émerveillée par cette vue, mes mains plaquées contre la vitre et mon visage à seulement quelques centimètres. Lewis essaye de cacher son rire à chacun de mes cris d'émerveillement et les personnes autour me regardent amusées ou attendries par mon enthousiasme. Je m'en fiche un peu, j'adore ce que je suis en train de vivre et je n'ai pas envie que cela se termine. Je regarde plus bas, au niveau de mes pieds, le paysage défile vers le haut, signe que nous sommes de l'autre côté de la roue et que nous sommes en train de descendre. J'ai adoré et je n'ai pas vu le temps passer. Je regarde Lewis, son bonnet sur la tête, les mains dans les poches de sa veste, il regarde au loin mais sent très rapidement que je le fixe.

"Oui?"

Il me sourit tendrement en me regardant avec douceur.

"J'ai adoré!"

Il rigole et regarde ailleurs.

"Quoi?
- Je sais que tu as adoré! Tout le monde dans cette cabine le sait!
- Tu exagères!"

Il rigole un peu plus et s'approche de moi pour enrouler son bras autour de mon cou.

"Oh non.. Crois moi."

Je le regarde. Pose ma tête sur son épaule et ne réponds pas, un sourire niais sur le visage. Il ne faut pas très longtemps pour que nous arrivions en bas et que nous descendions de la cabine, accueilli par un vent glaciale d'octobre. Je grelotte un moment mais m'arrête quand je vois que Lewis commence à enlever sa veste.

"Non, garde la. Ça va, je n'ai pas froid, c'est un frisson de surprise.
- Tu es sûre?
- Oui, certaine. Garde ta veste."

Il hoche la tête et la remet puis me fait une révérence.

"Comme Madame le voudra."

Il se moque de moi. Je lui tape le torse et lui dit que c'est un idiot puis nous nous remettons à marcher. Je regarde autour de moi, cela fait si longtemps que je n'ai pas mis un pied ici et j'ai tant de choses à redécouvrir. Je regarde au loin, et je vois de la foule marcher le long de la Tamise. Je devine alors qu'il y a une promenade qui la longe. J'enroule mon bras autour de celui de mon cousin et je l'entraîne près de celle-ci. Il ne pose pas de question et me suis tout en continuant notre discussion. Il enfonce un peu plus son bonnet et son nez est légèrement rouge mais il ne semble pas avoir froid puisqu'il ne tremble et ne frissonne pas. Je regarde ma montre qui annonce qu'il est seulement 16h. Je pensais qu'il était plus tard car j'ai extrêmement faim. Mon ventre se met à gargouiller. Je regarde Lewis pour vérifier si il n'a pas entendu mais ceci est peine perdue, je le vois me regarder en souriant. Il s'arrête.

"Tu as déjà faim?
- Oui.. j'ai l'impression de ne pas avoir mangé depuis hier soir.
- Tu veux quelque chose?"

Il me montre du doigt un marchand de gaufres. D'habitude, cela ne m'attire pas, mais aujourd'hui je ne refuserai pas.

"Oui, mais c'est moi qui paie!"

Je marche vers le marchand en évitant les refus de mon cousin qui insiste à ce que ce soit lui achète mais il est hors de question qu'il me paie tout ce que je souhaite durant mon séjour. Je ne suis pas venue pour ça, je suis venue pour me reconstruire une vie, pas pour que l'on me couve et qu'on m'offre tout ce dont j'ai envie. L'odeur des confiseries vient m'accueillir avec douceur et cela me rappelle quand mes parents nous emmenaient, mon frère et moi, manger des glaces, des gaufres et des crêpes au bord des plages quand nous étions enfants. Je secoue la tête. Il ne faut pas que j'y repense. J'arrive au camion et me retourne. Lewis est adossé à un arbre et a sorti son téléphone, il a lâché l'affaire à ce que je vois. Je rigole victorieuse. Lorsque je me retourne je bouscule un homme qui passe juste devant moi, me prenant son épaule dans la joue.

"Je suis désolée."

Je me précipite de dire. L'homme me regarde et me fait un signe de main sans s'arrêter. Je le regarde partir et je le vois s'arrêter brusquement et se tourner vers moi. Il fronce les sourcils et me regarde. Je fais de même mais il détourne les yeux et s'en va en courant. Je le regarde partir, cet homme m'a dévisagé alors que nous ne nous connaissons ni d'Adam, ni d'Eve. J'espère qu'il a fait erreur et qu'il s'est enfui parce qu'il était honteux de son comportement.

"Qu'est ce que tu regardes comme ça? Tu as vu un fantôme?"

Lewis vient de me rejoindre.

"Je.. Je ne sais pas."

Je mens. Ce n'est pas important au point de lui dire et je ne veux pas qu'il s'inquiète.

"Bon tu veux quoi?"

Je change de sujet et me retourne face à la camionnette.

"Comme toi."

J'hoche la tête et demande alors deux gaufres. Nous nous asseyons ensuite sur le bord de la Tamise tout en les dégustant. La chaleur de la camionnette et le contraste avec le froid de l'extérieur me fait frissonner et mes doigts commencent à se raidir. Je mets ma capuche et tire sur les manches de mon pull. Pourquoi n'ai-je pas pris de manteau aussi? Je me ressers contre le corps chaud de Lewis. Cet homme ne semble jamais avoir froid.

"Alors? Ton ventre s'est calmé?
- Non, j'ai toujours aussi faim."

Je soupire. Je ne me rappelle pas avoir eu aussi faim un jour. Il faut dire aussi qu'une gaufre n'est pas quelque chose qui nourrit. Lewis rigole doucement et regarde mes lèvres en se concentrant.

"T'es lèvres sont bleues. Tu as froid?"

Je claque des dents au même instant ce qui lui sers de réponse. Il enlève une nouvelle fois sa veste mais cette fois-ci je l'accepte et l'enfile. La journée commence à s'assombrir, signe que la nuit va bientôt tomber. Il est bientôt 17h00. Mon cousin se lève et tape dans ses mains. Je limite, sans taper dans mes mains, et nous décidons de rentrer. Nous retroussons chemin en marchant à notre rythme jusqu'à la voiture. La veste de Lewis me réchauffe un peu mais pas assez pour que mes mains, elles, deviennent moins raides. Je regarde autour de moi, les lampadaires commencent à éclairer et les camionnettes où l'ont vend de tout et de n'importe quoi sont allumées de leur jolies lumières multicolores. On se croirait à Noël et pourtant nous ne sommes qu'en octobre. Lewis s'arrête brusquement. Je le regarde surprise. Il regarde quelque chose et son visage est sérieux. Je regarde dans sa direction.

"Qu'est ce que tu regardes com..."

Je m'arrête de parler. Mon coeur se met à battre à 100 à l'heure. Je ne peux pas y croire.

"C'est lui?
- Je.. Lewis, on s'en va.
- Il marche vers nous, et te regarde. C'est lui. On reste."

J'aperçois l'homme qui me fixait tout à l'heure marcher d'un pas rapide derrière celui qui m'a brisé le coeur et qui tente de se frayer un chemin en ma direction.

"Lewis! On s'en va!
- Non, j'ai deux mots à lui dire."

Les larmes commencent à monter.

"Lewis je t'en prie! Je ne veux pas le voir, allons nous en!"

Je le pousse pour qu'il bouge.

"Elena!"

Pour la première fois depuis des semaines j'entends sa voix appeler mon nom. Les larmes commencent à glisser sur mes joues, la panique à prit le contrôle de mon corps et Lewis ne veut pas bouger malgré que je le supplie. Je vois Niall et l'homme de tout à l'heure s'approcher, je n'ai pas d'autre choix. Si Lewis ne veut pas bouger, alors je partirais toute seule. Je m'en vais alors le plus rapidement possible tout en priant que Niall ne me rattrape pas.

"Elena s'il te plait attends!"

Sa voix me supplie. Elle me supplie sur le même ton qu'il m'avait demandé de lui pardonner. J'essuie d'un revers de main mes yeux dont les larmes commencent à brouiller la vue. Il fallait qu'il vienne gâcher cette journée qui s'ajoute maintenant à la liste de toutes les autres.

Who You Are.      [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant