Chapitre dix-huit.

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"Elena, réveille toi!"

C'est en transpirant à grosses gouttes que j'entends la voix de Lewis essayer de me réveiller. Ses mains de part et d'autres de ma poitrine, maintiennent mes poignets immobiles afin que j'arrête de bouger et de me débattre. J'ouvre enfin les yeux, essoufflée. Le visage endormi de Lewis, éclairé par la lumière du couloir, se trouve à quelques centimètres du mien. Je le regarde tout en essayant de reprendre ma respiration qui se veut impossible à récupérer. J'ai refais le même cauchemar que la nuit dernière, exactement le même. Je parviens à me défaire de l'emprise de la large main de Lewis et place alors la mienne sur mon front bien humide. Je ferme les yeux et relâche les larmes qui menacent de tomber. Cela fait deux nuits que je rêve de la sensation de Carl sur moi, deux nuits que je le vois se déshabiller avant de sentir tout ce que je n'aurai jamais du ressentir contre ma peau. Cela fait deux nuits que je fais ce cauchemar où je vois Carl abuser de moi sans que cette fois, Lewis n'apparaisse et n'enlève son colocataire. Deux nuits que je le vois prendre du plaisir alors que je suis comme morte sous son emprise. C'est ce cauchemar qui se répète une deuxième fois, comme le nombre de nuits qui sont passées depuis que Carl est parti. Je suis effrayé à l'idée qu'il ait été plus loin si Lewis n'était pas intervenu. Je sens ses bras me redresser afin de me mettre contre lui, puis il me passe un verre d'eau. J'avale celui-ci en une traite et j'avoue que cela me fait du bien de ressentir quelque chose de froid glisser à l'intérieur de mon corps brûlant. Puis je laisse tomber ma tête contre le torse de mon cousin qui me serre un peu plus contre lui, déposant un baiser sur le haut de mon crâne.

"Je vais rester près de toi, ok?"

Il me dit de sa voix grave et rassurante. Je renifle tout en sursautant de mes sanglots et hoche la tête. Je n'ai pas décroché un mot depuis mardi soir, c'est la seule chose dont je ne trouve plus la force. J'ai peur que si je me mets à parler je ne fasse rien d'autre que me remettre à pleurer. Je paraît déjà assez faible comme ça, ce n'est pas la peine d'en rajouter encore plus. Je sais que Lewis comprend cela et je suis contente qu'il ne me force pas. Je sens bientôt ses bras me porter doucement pour m'emmener jusqu'à sa chambre. Je le laisse faire sans broncher, ma main agrippée à son tee-shirt, mouillé par mes larmes. Nous entrons dans la pièce éclairée par la petite lampe placée sur la table de chevet et Lewis me dépose sur un côté de son lit. J'hésite à le lâcher, la peur qu'il ne m'abandonne m'oblige à hésiter. Son regard qui se veut rassurant me permet alors de le laisser s'en aller pour se coucher à côté de moi. Une fois qu'il se trouve sous la couverture, tout comme moi, il se glisse contre moi et éteint la petite lampe. La pièce est maintenant plongée dans l'obscurité de la nuit. La pleine lune arrive tout de même à éclairer les murs gris de cette chambre ce qui rend l'ambiance de cette pièce plus paisible. Qu'est ce que j'ai fais pour mériter une vie comme celle-là? C'est la question je me pose depuis ces dernières vingt-quatre heures. Qu'est ce que j'ai fais de mal pour subir tout ça? Une nouvelle larme glisse sans difficultés le long de ma joue, beaucoup trop de questions auxquelles je n'aurais sûrement jamais de réponses parcourent mon esprit à présent. Et comme une habitude, mes doigts caressent mon avant bras blessé par mon gré. La sensation de ceux-ci glissant le long de mes cicatrices est douloureuse au début mais c'est une douleur que je trouve agréable au fil des secondes, je ne suis plus sensible à celle-ci et je pourrais me l'infliger régulièrement. Je ferme les yeux tandis que mes doigts appuient un peu plus sur mes blessures, je me fais mal mais je ne fais qu'achever le travail du karma qui me tombe dessus depuis un certain moment. Je ne fais qu'aider mon destin. Je suis sûrement destinée à vivre de cette façon jusqu'à ma mort qui est peut-être proche, qui sait? J'ai les larmes aux yeux. Je ne sais pas ce qui m'arrive, mais à présent l'idée que tout s'arrête subitement ne me dérange pas. Je ne dirai pas que j'irai jusqu'à mettre fin à mes jours mais je dirai plutôt que maintenant, si une voiture venait à me foncer dessus je ne me pousserai pas. Je mets ma main sur ma bouche pour éviter de faire du bruit tandis que je pleure un peu plus. Je n'ai jamais souhaité en arriver à ce point et pourtant j'y suis. Je retiens mes sanglots mais ceci est impossible. Ma poitrine se soulève à chacun d'entre eux que je parviens à garder en moi. Le bras de Lewis se met soudain à bouger et il se resserre contre moi puis il se redresse et je sais qu'il me regarde. Il caresse ma joue et fait bouger sa tête de gauche à droite.

Who You Are.      [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant