Chapitre vingt-sept.

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Notre course derrière l'ambulance semble durer des heures. L'homme à côté de moi ne parle pas mais je peux voir à ses jointures blanchissant sur son volant qu'il s'impatiente à chaque voiture n'avançant pas assez vite à son goût. Je passe une main dans mes cheveux et je suis sûr que plus d'un épi se dressent sur ma tête. Je souffle pour la énième fois et je vois le panneau du "St Mary's Hospital" approcher au loin. Comment avons nous fait pour en arriver là? J'ai une boule en travers de la gorge quand je repense au corps immobile d'Elena étendue sur le sol, son arcade en sang et son teint pâle. Je sers les poings et la panique monte en moi. Tout ça c'est de ma faute. Je voulais la protéger en la cachant de la célébrité mais au final la voilà à fuir sa vie en voulant y mettre fin, j'ai tout fait sauf la protéger. Le pire dans tout ça c'est qu'elle me l'a dit la fois où je l'ai ramenée chez moi. Elle m'a hurlé qu'elle voulait que tout ça s'arrête et je n'ai même pas relevé. J'aurai dû. J'aurai dû la retenir après qu'elle m'ait hurlé des paroles qui m'ont déchiré le coeur ensuite. Encore une fois j'ai agis comme un égoïste et j'ai laissé ma douleur passer en premier. Je l'ai laissée tomber et me voilà là, dans la voiture d'un parfait inconnu dont je ne connais même pas le nom, à suivre l'ambulance qui la transporte et qui pénètre tout juste sur la partie urgence du St Mary's Hospital. Nous nous garons près de l'entrée la plus proche de cette zone interdite à toute personne en dehors du personnel et une vague de chaleur m'envahi. Je bondis du véhicule sans vraiment réfléchir et je ne sais par quelle force, je cours jusqu'aux portes coulissantes du hall. Ces dernières s'ouvrent d'une lenteur vraiment horrible lorsque je me trouve face à elle, essoufflé et complètement hors de moi. J'en viens à les pousser avec mes mains et les personnes se trouvant à l'intérieur du bâtiment se retournent pour me regarder avec surprise et peur. Mon coeur bat à cent à l'heure et je ne porte pas attention à ces regards pesants sur moi. Je cherche où aller mais mes pensées s'emmêlent et font des noeuds. Je suis incapable de savoir quoi faire. Je piétine en rond, je commence même à transpirer en me répétant que mon instinct me mènera à Elena.

"Monsieur?"

Une voix de femme m'appelle. Je me retourne en sursaut pour faire face à une petite dame ronde, lunettes violettes sur le nez. Elle me regarde penchée sur son bureau, une main sur le clavier de son ordinateur presqu'indifférente à mon comportement que moi-même je n'arrive pas à comprendre. Elle a ces yeux qui me font comprendre que je ne dois pas être le premier qu'elle voit dans cet état et cela me soulage un peu.

"Monsieur?"

Elle répète. Je secoue la tête comme pour reprendre mes esprits. Je m'avance vers elle et m'appuie sur le bureau aussi blanc que le sol, les murs et ses vêtements. L'hôpital c'est toujours aussi glauque.

"Vous souhaitez un renseignement?"

Elle se penche à son ordinateur.

"Je.. En fait je.. Oui, ou non. J'en sais rien.. Il faut que...
- Calmez vous, tout va bien se passer. Respirez un bon coup."

Sa voix à quelque chose de réconfortant comme si elle était faite pour ce métier.

"Il.. Il faut que je la retrouve.
- Qui ça?"

Elle pose enfin son regard sur moi et place ses doigts enlacés sous son menton.

"Elle était là, étendue sur le sol de sa chambre. Elle a essayé de se tuer, non.. enfin je crois, je ne sais pas encore. Son sang sur son visage et.. son corps inerte dans mes bras alors que je la sentais se refroidir tandis que j'essayais de la serrer contre moi. Ces médocs sur sa table de chevet.. Puis son cousin qui est apparu et...
- Monsieur, doucement. Allez doucement, de qui parlez vous?"

Who You Are.      [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant