Chapitre 21

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En France...


... 100 ans plus tôt

L'orage tombait à grosses gouttes.

Le tonnerre grondait et la foudre s'abattait sur ce petit lieudit entouré de forêts dans le sud de l'Auvergne.

Le lutin pleurait devant le corps sans vie d'une genette étendue devant lui. D'habitude, le Petit Peuple ne se souciait guère des autres habitants de la forêt. Les animaux étaient stupides et ne servaient qu'à perpétuer la flore par leurs excréments.

Sauf que cette genette-là avait été douée de parole et surtout sa meilleure amie.

Désemparé, il ne pouvait pas se résoudre au fait que cette pauvre bête était en train de mourir. Il décida d'appeler l'esprit de l'eau qui était justement autour de lui.

Les gouttelettes ralentirent dans leur chute, et commencèrent à s'assembler en une silhouette vague.

« Tyrioc ! fit alors une voix grave et lointaine. Que me veux-tu donc pour m'invoquer ainsi ?

— La Genette s'est faite tirer dessus par un chasseur. Deux balles de gros calibres dans le ventre ! Elle ne pourra pas se remettre toute seule d'aplomb, vu la fièvre que ça lui a donné.

— Si elle doit mourir, ce n'est jamais que le cycle de la vie et de la mort. Tu n'as pas à te mêler de ça.

— S'il vous plaît ! supplia le lutin. Il le faut ! Elle est encore si jeune, pleine de vie et...

— La mort n'attend personne. »

Le visage de l'esprit était resté désespérément impassible. Mais Tyrioc ne comptait pas rester vaincu.

« C'est facile à dire ! Vous, vous êtes immortel, et le petit peuple ne meurt pas de vieillesse ! Autrement dit, nous ne devrions pas mourir. Ni elle, ni moi.

— Ne sois pas stupide ! Tout est fait pour avoir une fin, t'es où tard. Même moi.

— Alors j'en appelle à ta bonté de permettre à la Genette de guérir. Juste pour cette fois. Elle me manquerait trop. »

L'esprit parut réfléchir un moment, puis dit :

« D'accord, mais à une condition... »


*


... dans le port de Brest

Les marins déchargent la marchandises.

Lentement, quelque part dans le bateau, une petite forme trapue sortit et descendit sur le quai. Il fallait qu'elle trouve Annie. Elle avait quelque chose d'urgent à lui dire. Il fallait qu'elle sache tout.

La Naelyan s'était réveillée. Mais quelque chose d'autre également. Plus possible de se téléporter sans disparaître ou se faire tuer.

Annie était l'élue. La seule personne au monde capable de stopper une histoire vieille de 400 ans.


*


... dans le palais de Brocéliande

(Annie)

SERAS-TU LE SUIVANT ?

C'est quatre mots m'emplissent de terreur. Gravés dans mon crâne. Refusant de sortir. Est-ce que la mort me guette ? Est-ce que c'est en lien avec ma malédiction ? Depuis que la Genette est partie à son tour, je n'ose plus sortir de cette chambre.

Annie du Chassezac_La Première MagieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant