PLUS D'ESPOIR

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Le monstre était Stanley. Ou plutôt l'avait été.

Rien à voir avec quoi que ce soit de connu. Un énorme serpent avec vingt bras plus ou moins longs situés n'importe où, avec une multitude de doigts effilés recouverts de griffes, ou pire, de mâchoires miniatures. Des pieds monstrueusement difformes recouverts de bulbes et de tentacules enveloppés dans une sorte de gaz noir, dix têtes, dont une seule à avoir des yeux, et des yeux sans pupille, trois yeux oscillant en permanence entre le rouge et l'orange, des rangées des dents non alignées situées sur des bouches partout sur le corps, avec des dards à la place des langues, des vers qui courent sur son ventre recouvert de trous qui crachent des liquides de toutes sortes. Et sur la queue, recouverte de goudron opaque, sont tracés des visages grimaçants de douleur, hurlant de rage et se tortillant sur sa peau noire et blanchâtre.

C'est une Chose.

Alvin du Chassezac est le premier à tirer dessus. La Chose l'ignore totalement.

Les flèches continuèrent de chercher à la transpercer. Mais la Chose continue d'avancer, piétinant les corps, les déchiquetant. Il entend soudain, très loin de là, des miaulements effrayés. Les chats de Annie.

Non. Impossible. Alors ils vont tous mourir, ici. Même certains alors qu'ils ne sont pas censés se trouver là. C'est pire qu'un cauchemar. Et puis il se dit que les pires cauchemars sont ceux où on ne se réveille pas.

Un instinct lui crie de les secourir. Il court vers d'où viennent les cris, les saisit, les serre contre lui et court se tapir derrière un arbre pour les protéger. Les corps éclatent et tombent tout autour de lui, le chaos se déchaîne. Et la Chose-Stan continue d'avancer.

Vers Annie et Frank.

Lentement. Mais il n'y a rien pour l'arrêter. La créature n'est plus qu'à quelques pas des deux amants qui s'enlacent et le dévisagent, les yeux écarquillés.

Sa fille. Sa fille va se faire dévorer par cette saloperie. Alvin aimerait hurler, au moins lui lancer l'insulte la plus obscène qu'il connaisse, mais il ne trouve rien. La Chose avance ses mâchoires,

et soudain, dans un dernier geste de désespoir,

Frank pousse Annie et tous deux basculent dans le bassin de la Naelyan de magie,

et la Chose s'arrête, horrifiée.

Annie du Chassezac_La Première MagieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant