Chapitre 13

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En France (et un peu en Écosse)


(Annie)


Je finis par me matérialiser enfin dans la forêt de Brocéliande. Une bruine légère pleuvait sur le Val-sans-Retour, dans l'ensemble plutôt agréable. Il me fallut aller jusqu'au fond du jardin pour trouver la reine.

« Annie !

— Ô ma reine, je suis à vôtre disposition.

— Je n'ai rien à te demander. Mais tu as une requête à faire ?

— Oui. Je viens m'installer ici. Pour toujours. »

La reine reste médusée.

« Pour toujours ?

— Toujours. J'en ai assez de ce monde d'humains égocentriques, tantôt violent, tantôt ennuyeux.

— Bon..., dit-elle, vaguement remise de la surprise initiale. Je suppose que tu en as fermement discuté avec tes parents. Dans ce cas, tu es toujours la bienvenue !

— Oui, dis-je, mais... Je ne suis pas seule...

— Bonjour ! s'écrièrent en même temps Murr, Bagghera, Cookie, Cendre et Benjamin.

— Oh ! Tes petits trésors... Ne t'en fais pas, il y a un endroit à proximité qui grouille de chats sauvages qui m'obéissent au doigt et à l'œil.

— Merci, souris-je. Je vais dans mes anciens appartements.

— Annie ! Au fait, tu sens cette bruine ?

— Oh oui, normalement, ce n'est pas la raison...

— Non ! Cette bruine... Elle revient chaque jour, un bref instant... Et chaque fois peu après, je sens le pouvoir en moi affluer de nouveau dans mes veines. »

Elle marqua une pause, puis reprit :

« J'ai l'impression que la magie est sur le point de connaître un nouvel âge d'or. Tous les signes semblent l'indiquer... »


*


La Genette parvint à s'introduire par une lucarne laissée ouverte pour l'aération. Elle descendit vers le bureau et se mit à flairer dans tous les coins. Tyrioc avait dit qu'il y avait un secret ici, un document important. Qu'est-ce que ça pouvait être, déjà ? C'était une photo, mais à son réveil, l'image s'était brouillée dans son esprit. C'était... C'était une cardiographie. Une cardiographie ? Et pourquoi dans une gendarmerie ?

Ça lui revenait ! Bon sang mais bien sûr ! La cardiographie de Annie ! Il y avait un triskèle gravé sur le cœur de la jeune fille, et ce depuis sa naissance. Alvin avait dû l'envoyer à Lamartine pour lui montrer cet étrange phénomène magique inexpliqué. Et il l'avait laissé quelque part sur son bureau...

Qui cela aurait-il pu intéresser ? Elle se creusa la tête. Le triskèle avait à voir avec la prophétie, la Reine elle-même l'avait dit. Or personne ne connaissait a priori la prophétie en entier. Peut-être que quelqu'un — un ennemi, donc — tentait-il de s'en emparer pour avoir la preuve ultime de ses recherches. Mais qui pouvait-il s'y intéresser ? Elle eut une idée.

Il suffisait d'attendre que la personne se manifeste et de lui sauter griffes sorties une fois qu'elle aurait trouvé la photo. Elle se cacha pour espionner.

Et attendit...

*


Annie du Chassezac_La Première MagieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant