STOP

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« Stop. »

Le curé se dresse devant la foule en furie, sinistre corbeau au regard perçant.

« Qu'étiez-vous en train de faire ?

— De... brûler cette créature du diable..., dit un villageois tremblant.

— Et ce sans l'accord de notre Seigneur ? Qu'est-ce que cette hérésie ?

— On voulait pas...

— Silence, parjures ! »

Les villageois reculent intimidés, comme terrifiés par la puissance divine. Le curé se dresse sur l'estrade du bûcher.

« Malheur à vous !

— Aaaahhh !!! »

Le gros Jean, l'adjoint du curé, qui s'est glissé dans les agitateurs, semble soudain s'agiter de spasmes effrayants.

« N'est-il pas écrit : « Je ferais pleuvoir une pluie de feu sur vous »...

— Aaaahhh ! Aaaaahhh ! Aaaahhhh ! »

Lao comprend soudain : le curé est en train de les terroriser pour les empêcher de céder à l'hystérie collective. Mais le gros Jean joue mal son rôle. Il est trop risible. C'en est trop. Lao ne peut pas s'empêcher un rire nerveux. Un rire nerveux qui se transforme en un éclat fou et détraqué.

« ... « peuple impie qui se détourne de moi » ?

— Ooooohhh ! »

Les gens ne le regardent plus. Ael est perdue, mais lui a encore une chance de s'en sortir. Il s'apprête à s'enfuir, partagé entre joie, peur et une horrible envie de pleurer.

Mais une main le retient.

« Reviens ici, toi... »

Un villageois le maintient par l'épaule, l'empêchant de faire un pas de plus.

« Lao ! Cet homme est enclin au Démon ! Oui, car n'a-t-il point couché avec elle ? Approche, créature de l'enfer, au nom du seul dieu tout-puissant ! »

Lao se crispe. Tout est perdu. On le traîne jusqu'au bûcher. Gros Jean reprend ses râles et la foule entière le dévisage.

Mais quelque chose ne va pas.

Ael n'est plus ligotée.

« Vous avez tranché ses liens...

— Tais-toi est aligne-toi derrière moi ! lui souffle-t-il. Ta mère t'attend devant Brocéliande avec tes enfants. Filez pendant que je retiens la foule. »

Le curé descend de l'estrade et les regards cessent de fixer le bûcher. Lao et Ael comprennent que c'est le moment ou jamais et courent vers l'orée de Brocéliande. Le plus vite possible.


*


« Stop ! »

Stan cesse de fixer Annie et se tourne vers la femme qui vient d'entrer en précipitation dans son QG français à Païolive. Il s'agit de Lucia.

« Stan ! Je ne sais pas ce que tu es en train de faire, mais arrête tout ! J'ai la cardiographie ! Je...

— Oui, eh bien, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, la jeune fille juste devant toi est Annie en personne ! »

Lucia se sent d'un coup ridicule.

« Mais... Au moins... On est sûrs...

— Tais-toi. J'ai su dès le départ qu'elle était l'Élue. Et à présent que je la contrôle, nous allons enfin pouvoir avoir accès à la Naelyan... »


*


« Stop. »

Tarven s'immobilise. Frank tourne la tête.

« Eh bien, Tarven ! fait une petite voix malicieuse, mais grondante de menace. Tu as bien changé en 400 ans...

— Briggle ? Tu...
— Je sais guérir, mais aussi détruire. Libère cet humain et ne m'oblige pas à faire des choses qui ne nous plairaient pas... »

Tarven obéit. Frank se relève abasourdi tandis que le leprechaun s'assied sagement sur une pierre.

« Alors, comme ça, vous vouliez quelque chose à ce Stanley, mmh ? Je crois que tu aurais quelques explications à nous faire...

— Je vais tout vous dire, mais pas devant lui.

— Oh si, cet humain va rester pour t'écouter. Nous voulons tout savoir.

— Eh bien, tout a commencé lorsque j'étais en couple avec Noisette... »

Annie du Chassezac_La Première MagieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant