Jang-mi a vingt ans. Elle vit seule avec son père, sa mère a été vendue comme esclave pour pouvoir payer les dettes du foyer. Elle déteste les riches de la Corée du Sud, ils les exploitent tous, cependant, ils ne peuvent pas se rebeller. Son père bo...
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JANG-MI :
Nous courons dans la nuit, nous devons rejoindre la navette qui nous permettra de sortir de la Corée du Sud. Je pense beaucoup à D.O, il a dû se rendre compte que j'étais partie. J'ai un pincement au coeur. J'ai des sentiments pour lui, mais il m'a déçue. Son caractère est très changeant. Un jour il est adorable, le lendemain il se conduit comme un maître sévère. J'avoue qu'il me déconcerte. Je suis malheureuse de le quitter, mais je n'avais pas le choix. Il a essayé d'abuser de moi. Il est dangereux pour moi. Il ne me croit pas lorsque j'affirme que son père m'a demandé de le tuer.
Pourquoi je me torture l'esprit à trouver des raisons à mon évasion ? Je ne lui dois rien. On m'a obligée à devenir esclave. Ho-sung nous demande de rester calme et silencieux, nous devons passer la frontière. Nous retenons tous notre respiration, tout se joue ici. Personne ne bouge plus. C'est effrayant. Si nous sommes découverts, nous devrons retourner chez nos maîtres. Pour être franche D.O me manque. Mais, il y a sa fiancée. Non, je ne dois pas m'inquiéter pour lui. Il sera peut -être content d'être débarrassé de moi, parce que lui également, on lui a imposé ma présence. Je ferme les yeux. Pourtant les baisers que nous avons échangés semblaient tellement sincères. Je me gronde intérieurement, il faut que j'arrête de penser à lui, et de culpabiliser sur mon évasion.
Contre toute attente, le camion-navette démarre. Nous soufflons, mais un gardien se positionne en face du camion pour l'arrêter. Nous nous regardons inquiets. Qu'est ce qu'il se passe ? Nos coeurs battent vite dans nos poitrines. Le garde s'approche du conducteur et lui tend son laisser-passer. Ouf !! Nous avons réellement cru que s'en était fini pour nous que nous étions découverts.
Le camion poursuit son chemin. Je reconnais le secteur de la moyenne classe aux jolis jardins colorés. Dans quelques heures je serais à nouveau chez moi. J'irai voir mon père. Je sais que dans l'hypothèse où D.O me rechercherait, il ira en premier lieu chez mon père. Mais, j'ai l'avantage d'avoir de l'avance sur eux. Après plusieurs heures de route, le camion navette nous arrête à la frontière de notre secteur. Je me sens soulagée de retrouver mon environnement. Je descends suivi des autres occupants. Ho-sung me souhaite bonne route. Il me conseille d'être très prudente, de ne pas rester longtemps chez mes proches. Je sais que je ne peux pas retourner chez mon père. Mais, je veux tout de même le revoir. Il m'indique un point de ralliement où je peux les rejoindre en cas de besoin. Il y a toujours quelqu'un là-bas. Je le salue et le remercie pour son aide et ses conseils. Je marche seule dans les rues sombres de mon secteur.
Mon coeur bat la chamade lorsque j'aperçois au bout de la rue la maison de mon père. J'accélère le pas, je hâte de le revoir. Je frappe à la porte. Je n'ai pas de réponse. Je réitère, mais toujours rien. Je clenche la porte est ouverte. J'entre dans la maison, il n'y a personne on dirait. Je continue ma progression et je le découvre sur le canapé, inerte. Je secoue la tête en serrant mes lèvres. Il a encore trop bu. Il s'est endormi, il devait être ivre. Je m'approche de lui. Je le secoue pour le réveiller. Mais son corps est froid. Je me penche sur lui, et je constate que son coeur ne bat plus. Je m'écroule sur lui en pleurant, il est mort. Mes larmes se déversent sur mes joues. Je suis tellement malheureuse. Je m'en veux. Je me relève. Je quitte notre maison, je ne peux plus y rester une seconde supplémentaire. Je décide de rendre visite à Jae et Jeung, elles sont peut -être au courant pourquoi mon père est mort.
Je frappe à la fenêtre de la maison de Jae. Elle ouvre sa fenêtre et me serre dans ses bras quand elle m'aperçoit. Elle m'aide à entrer dans sa chambre. Je m'assois sur son lit. Et je lui demande de me raconter ce qu'il s'est passé pendant mon absence et les raisons de la mort de mon père. Elle me raconte :
"- Ils sont venus hier. Ils ont forcé la porte de votre maison. Ils ont cueillis ton père alors qu'il dormait encore après avoir trop bu comme d'habitude. Puis vos voisins ont entendus des cris provenant de votre maison. Ils ont regardé par la fenêtre et ont aperçu les hommes de monsieur Do Seung Soo. Ce sont eux qui ont tué ton père."
Je palis. Elle me regarde, puis elle ajoute :
"- Est-ce que tu t'es enfuie de la maison de ton maître ?"
Je hoche la tête. Elle écarquille les yeux. Je la rassure :
"- Personne ne m'a suivie. Je suis venue dans une navette incognito avec d'autres esclaves comme moi qui se sont enfuis pour échapper à des maîtres violents. Ne t'inquiète pas !" Je la rassure.
Je reste quelques minutes avec elle. Elle m'apprend que la vie ici est de plus en plus dure. Les vivres sont encore plus restreintes, ils sont entrain de les affaiblir au maximum pour pouvoir les exploiter. Ce qui me révolte de plus en plus. Je ne comprends pas pourquoi notre secteur ne se révolte pas. Ils auraient des difficultés à contenir tout un secteur. Si tout le monde se serrait les coudes, nous pourrions négocier des vivres, du confort, des allègements d'impôts. Mais, je crois que je suis la seul à avoir une âme de résistante. Tout le monde ici, se complaît dans le rôle de victime. Moi, je refuse d'en être une.
Je décide de retourner dans ma maison pour enterrer mon père. Je marche en pleurant dans la rue qui mène chez moi. Je ne réalise pas que mon père n'est plus de ce monde. Maintenant, je suis seule au monde. Je ne peux compter que sur moi. Je suis perdue dans mes pensées, lorsque j'aperçois des hommes près de notre maison. Ils sont entrés, et je stoppe net. Ils sont venus vérifier si je suis revenue chez moi. Je recule lentement pour repartir, lorsqu'une main se pose sur ma bouche et me tire en arrière avec force. Mon corps est déséquilibré vers l'arrière et je n'ai pas d'autre choix que de me laisser entraîner dans un recoin sombre. La personne me colle contre son corps et conserve sa main sur ma bouche. Je ne peux plus bouger................
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