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Namjoon n'avait pas imaginé ça pour sa vie. Ce n'est pas le chemin qu'il croyait tracé pour lui. Et pourtant le voilà employé permanent de l'Éden, boîte de nuit où les prostitués s'abandonnent au bonheur des clients. Et Park Jimin semble le trouve...
« Alors que je croyais avoir quitté les remous de la surface, m'être enfoncé dans la mer ; une enclume malheureuse, tranquille et engloutie par les algues et la vase. Il a fallu que mon cœur se gorge, qu'il veuille remonter à la surface d'où transparaissait ton image. C'est douloureux un cœur gorgé d'espoir. »
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Namjoon était persuadé que la dernière marche de l'escalier se trouvait là. La veille, c'est certain, elle y était. Maintenant qu'il a dévalé le dernier étage sur le dos, il remet en doute ses certitudes. Et si quelqu'un avait ôté la dernière marche ? Il tend l'oreille, personne n'a l'air d'avoir été réveillé. Ce n'est pas comme s'il avait une seule fois croisé les autres résidents de l'immeuble, mais il aimerait éviter de le faire, a demi-nu, torché dans les escaliers. Il aurait aimé qu'on le croise dans son costume de serveur, ou ce nouveau, doublé de tweed, que lui a offert Jimin. Pour l'instant Namjoon ne travaille plus à l'hôtel, et Jimin n'est pas revenu. C'est une semaine comme une autre. Son corps est poisseux de fluides, et son esprit d'alcool.
Il réunit ses dernières forces pour se remettre debout. C'est l'avantage de l'alcool, on a aucun réflexe. On se laisse tomber mollement et, pour le nombre de fois où il a dévalé ces escaliers, il ne s'est jamais blessé. La rampe lui glisse entre les doigts. Il ne sent plus son corps en dessous de la ceinture, pourtant ses yeux perçoivent l'image trouble de sa jambe nu qui se soulève, puis de l'autre, et des marches qui disparaissent.
Yoongi dort, blottit dans les couvertures. Hoseok n'est pas encore rentré. Namjoon l'avait entraperçu, il était en bonne compagnie -le genre qui rapporte, pas avec qui on a envie de rester. Il jette ses morceaux de vêtements dans le tambour de la machine à laver. L'eau tiède de la douche le glace jusqu'aux os. Ses dents claquent et résonnent sur le carrelage dans un bruit sinistre. Il cherche une serviette dans le capharnaüm de tasses de café abandonnées, de produits de beauté et de vêtements. Quelqu'un a oublié un plaid. Namjoon glisse ses doigts sur le tissu. Il finit par s'allonger sur le tapis de bain, replié comme un enfant, contre lui la couverture en acrylique. Et le tambour de la machine à laver fait vibrer le sol, jusqu'à sa respiration. Namjoon tourne, avec ses vêtements. Il peut entendre ses sentiments se noyer dans les larmes qui ne coulent pas. C'est toute son âme que l'on essor.
« Tu ne travailles pas aujourd'hui ? »
Il est midi. Hoseok rentre tout juste. Depuis le salon, on peut entendre le bruit de la douche et le ronflement du ballon électrique. Namjoon se brûle les doigts sur une tasse de café – il l'abandonne. Dans un coin de la pièce, derrière les vinyles et les piles de cd dépassés, il a glissé une malle en crocodile, trésor d'une brocante avec Jimin, où sommeillent les somptueux costumes qu'il lui a offerts. Yoongi ne le sait pas, et le désordre ambiant ne l'invite pas à fouiller.
