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Namjoon n'avait pas imaginé ça pour sa vie. Ce n'est pas le chemin qu'il croyait tracé pour lui. Et pourtant le voilà employé permanent de l'Éden, boîte de nuit où les prostitués s'abandonnent au bonheur des clients. Et Park Jimin semble le trouve...
« Il y a encore quelques méduses paresseuses dans mon esprit. Je tente de les éloigner. Je chasse leurs corps mous et lourds. La surface ne peut pas être si loin, je nage encore. Je nage en sachant que c'est tout ce qu'il me reste. Personne ne viendra plus plonger me porter de l'oxygène, je dois nager pour ne plus me noyer. »
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Namjoon a chaud. Il ne se souvient plus très bien comment il est arrivé là. Ses oreilles bourdonnent. Quelques bruits lui parviennent par écho, déformés, si bien qu'il peine à leur trouver un sens.
« Il respire mal ! Tire... là ! »
Son corps est lourd. Namjoon distingue tout juste les méduses se glisser dans la chair déchiquetée de ses poignets. Son corps se raidit au fil des secondes. C'est dommage, cela faisait un moment qu'il avait repris le pouvoir. Les méduses s'agglutinent. Elles doivent être attirées par l'odeur du sang. Il s'échappe en longues traînées diffuses et rougeâtres dans l'eau noire. L'eau noire au fond de son esprit aura eu raison de lui.
« Bonjour Jimin. J'espère que tu arrives à travailler comme tu le veux, et que ton groupe répond à tes attentes. J'ai hâte de voir leurs débuts. J'ai essayé de passer à ton appartement, mais je n'étais plus autorisé à entrer. Est-ce que tu pourrais voir ça avec la sécurité ? Je t'embrasse, tu me manques. »
Namjoon a un sursaut désagréable. Le monde d'eau noire, qui devrait être immuable et silencieux est pris de remous. Son corps est secoué dans tous les sens et les méduses s'affolent. Leurs tentacules lumineux forment des dessins abstraits. Pourquoi est-il là déjà ? Est-ce qu'il dort ? Il n'arrive pas à se souvenir.
« Bonjour Jimin, j'espère que tu vas bien. J'ai essayé de te joindre plusieurs fois, j'aurais beaucoup aimé entendre ta voix. Cela fait un moment que tu es rentré du Japon. J'imagine que le poids de tes responsabilités te tient éloigné. Ici, tout va plutôt bien, je suis plus en forme que je n'ai jamais été. Allons dîner ensemble à l'occasion, je serai heureux de t'inviter. Tu me manques énormément, je t'aime. »
Il a écrit quelques fois, sur plusieurs semaines. Namjoon s'en souvient. Il ne veut pas paraître insistant, mais le silence prolongé de Jimin lui serre le cœur. Il a besoin d'entendre sa voix au téléphone, les inflexions rieuses dans ses remarques et sa façon de faire traîner les fins de mots. Il a besoin de lui, de ses baisers, de sa présence. Namjoon était persuadé d'être le plus heureux des hommes une fois libéré de l'Eden, mais il manque une présence à ses côtés. Il a retrouvé sa famille, des amis... Mais personne ne se couche nu dans son lit trop grand. De grosses larmes s'échappent de ses yeux secs. Elles se dissolvent dans l'eau noire qui l'englue. C'est désespérant. Il aurait beau pleuré des litres, l'eau engloutit tout.
