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« La nuit, tout est trop vrai - pour peu que la vérité soit ce que l'on fait de plus vil. Lorsque les gens bien sont au fond de leur lit ; s'écharpent les corps, rentrent en collision les addictions. Il ne faut pas y rester baigner trop longtemps, on a vite fait d'oublier comment remettre le masque, comment paraître au grand jour. Et si une telle situation arrive, on finit dévoré par les ombres des ruelles, sous l'œil blafard d'un réverbère. »
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« Tout va bien Namjoon ? »
Il déteste son nom dans cette bouche. LaPriovra fait des demi-cercles sur son fauteuil. Ses jambes minces rendues pointues comme un compas par des derbies caramel. L'arrondi pincé de son sourire, tout est piquant sur sa silhouette, de ses mains comme des araignées serrées sur les liasses qu'il divise, aux deux fentes sournoises de ses yeux.
« Oui. »
Il s'empresse de déposer les pourboires. Le jour doit se lever au-dehors. Dans ce bureau où les rayons du soleil ne pénètrent jamais, Namjoon se sent enfermé dans un cercueil. Il ne peut pas retenir les frissons le long de son dos. Son corps hurle de fuir. Il lui en veut un peu, à ce traître de corps. Les premiers soirs, il n'avait pas réagi si fermement à la présence de Lapiovra. Il faut croire que ses hanches, que son cœur ont bu les maltraitances, les violences, qu'ils n'oublieront pas la trace des doigts sur sa jugulaire, la douleur à se redresser, à marcher.
Dans ce casino, les soirs où il lui offrait un pink martini, son corps appelait plutôt le sien. Ses longues mèches au châtain mordoré sur ses deux yeux trompeurs, sa bouche pleine trempée par la morsure dans l'orange sanguine du cocktail. Lapiovra claquait des doigts, et ses premières dettes avaient été annulées. Namjoon n'était pas si naïf, il flairait le danger – comment s'en enorgueillir, un enfant ou un aveugle l'aurait vu, cette aura malsaine. Mais comment ne pas tomber amoureux de ce mafieux franc et séducteur. Lapiovra se faisait entendre, ordonnait et obtenait du siège en cuir rouge du bar, et Namjoon rêvait de cette puissance, de tout ce respect. À ne plus vraiment savoir s'il désirait lui ressembler ou le remplacer.
« On se voit demain... », ses doigts traînent sur un large agenda parcouru d'une écriture italique noire étonnement régulière, « ah non... Pas demain. » Il repasse sur son agenda par deux fois, se penche et se replace au fond de son fauteuil.
« Park. C'est une somme folle », ses doigts pianotent sur l'acajou, Namjoon veut s'enfuir, « Pretty Women ça n'existe pas. Soyons d'accord. »
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E̷d̷e̷n̷ | MinJoon | ★
Fanfiction✺ Namjoon n'avait pas imaginé ça pour sa vie. Ce n'est pas le chemin qu'il croyait tracé pour lui. Et pourtant le voilà employé permanent de l'Éden, boîte de nuit où les prostitués s'abandonnent au bonheur des clients. Et Park Jimin semble le trouve...