Un jeu cruel

Chapitre 5

"Des fois nous n'avons pas besoin de conseils mais juste d'une personne pour nous écouter"

C'était le début d'aprèm, et il n'y avait pour l'instant aucun vote. Même moi je ne savais pas pour qui voter. Il n'y avait pas de news sur Ambre, et Debrah était collée à son chéri d'amour aux cheveux rouges. Comment pouvait-il aimer une personne aussi détestable à mes yeux ? Remarque, moi seule savait à quel point elle les manipulait tous. Je ne m'étais pas laisser avoir et elle avait essayé de monter les amis qu'on avait en commun contre moi, ça n'avait pas marché, mais tout le monde pensait qu'on s'était juste mal comprises. Ce qui était faux bien sûr, du coup on s'évitait souvent tout en se lançant des regards de tueuses. Je remarquai qu'Ambre regardait Castiel d'une drôle de façon, avec insistance je dirais. On attendait, encore et encore, comme des vaches qui mangent leur foin dans leurs cages tout en sachant qu'elles sont engraissées pour qu'on les déguste. Mais elles ne font rien contre, car elles ne peuvent rien y faire. À part retarder leur fin. Je me mords les lèvres quelques minutes avant que la cloche résonne. Tout se passa très vite ensuite. Comme j'étais près de l'estrade pour voir qui allait voter contre qui, je vis Ambre voter contre Debrah, Debrah voter contre Nathaniel et quand Castiel vota contre le délégué, j'y vis de l'hésitation. Mais à peine eu-t-il déposé le stylo que j'entendis le bruit du non-retour derrière moi. J'eus juste le temps de regarder une dernière fois Nathaniel, tomber dans le trou de la mort. La voix résonna mais je l'entendis à peine.

- Le Village a décidé d'éliminer Nathaniel qui était Cupidon. Bonne soirée à tous.

Ce fut Alexy qui vint me voir en premier. Il me prit par les épaules et m'emmena chez lui.

- Ça va? Demanda-t-il inquiet.

- Oui, c'est juste que Nathaniel était un bon ami, dis-je en essuyant une larme qui était sur le coin de mon œil.

- Je comprends, je suis désolé, dit-il en baissant la tête.

- C'est pas de ta faute Alex, pourquoi tu t'excuses ?

Il me sourit avant de me dire :

- Non rien, laisse tomber.

Il me parla encore un peu pour me remonter le moral. Et je partis me promener dans le village. Tout le monde semblait triste de la disparition de Nathaniel. J'entendis des voix dans une petite ruelle. Je m'y approchai pour écouter.

- T'es vraiment qu'un abruti, comment t'as osé faire ça ! Dire qu'avant je t'aimais, maintenant je te hais au plus haut point ! Putain ! Dit une femme à la voix cassée.

Je continuai à tendre l'oreille, mais la personne à qui elle s'adressait ne répondit pas. Elle continua donc avec autorité :

- T'as préféré la croire plutôt que moi ? J'espère qu'au moins maintenant tu me crois.

Je vis ensuite une tignasse blonde sortir avec précipitation. C'était Ambre, je la suivis jusqu'à chez elle. Et j'eus de la peine pour elle en premier lieu, elle avait perdu son frère et je compatissais. En deuxième lieu, je voulais découvrir le mystère de ces paroles.

J'entrai donc en douceur chez elle, elle pleurait, mais quand elle me vit arriver, elle essaya de reprendre contenance.

- Tu fais quoi ici, toi ? Dit-elle en crachant presque.

- Je suis désolée pour Nath, je sais que je ne l'aimais surement pas autant que toi, mais je comprends à moitié ta peine on va dire.

Elle me regarda quelques instants avant de dire

- C'est la seule personne qui comptait vraiment pour moi ici, je voulais le protéger, mais j'ai raté.

Je ne relevai pas. On resta silencieuses quelques instants. Sans rien à nous dire. Puis elle parla à nouveau :

- Si je te dis de voter Debrah demain, tu me suis?

- Pourquoi je te suivrais?

- Peut-être parce que tu comprends très bien ce que je ressens pour mon frère.

Était-ce un sous-entendu? Une sorte d'énigme? Ou était-ce un piège? Je me levai avant de lui répondre :

- Je verrai demain.

Je sortis pensive de cette conversation. La soirée passa très vite, personne ne parlait vraiment, ils se leurraient avec des conversations stupides et sans importance, et moi je n'avais pas le moral. Avec Kentin, on n'avait pas eu grand-chose à se dire, j'avais juste précisé qu'Ambre m'avait demandé de voter contre Debrah, et on avait débattu à ce sujet, pour savoir s'il fallait la croire ou non. Lui affirmait que c'était un piège, mais moi, la phrase qu'elle m'avait dit résonnait dans ma tête, et elle me disait qu'Ambre était dans mon camp, on avait donc décidé d'en savoir plus sur Debrah demain. C'est donc avec ma lampe de chevet allumée que je m'endormis. Mes songes étaient doux, et merveilleux. Jusqu'à ce que je sente des objets me lacérer le corps. Des griffes plutôt, qui entaillaient mes bras et mes jambes, je sentis ensuite des crocs mordre mon cou. Je sentais le sang couler et la douleur devenir insupportable. Je pensais que j'allais mourir jusqu'à ce que j'avale quelque chose qui redonna vie à mon corps, comme une deuxième vie qui s'installait en moi. Je me réveillai en sueurs dans mon lit. Je m'assis et vérifia que ce n'était qu'un rêve. Je me sentis soulagée quand je regardais mes bras qui n'avaient aucune griffure ou autre trace. Je me rendormis tout de suite après avec soulagement.

La nuit m'avait porté conseil en quelque sorte, comment Ambre savait-elle que j'étais sœur ? La seule réponse fut qu'elle était la voyante. J'étais persuadée qu'elle l'était, ce qui était assez logique dans un sens. Mais alors, ça voulait dire que Debrah était un loup-garou ? Au pire pensais-je, ça me dérangeait pas de me débarrasser d'elle.

Quelqu'un apparu devant moi, c'était Viktor. Il me regarda avec un mini-sourire et me dit :

- Personne est mort cette nuit, c'est une bonne nouvelle je trouve.

- Oui, ça c'est sûr, ça veut dire que soit la sorcière à utiliser sa potion de vie, soit le salvateur a protéger la bonne personne, ou les loups ont décidé sans le savoir de manger l'ancien qui est protégé une fois de l'attaque des loups.

- Ça laisse beaucoup de possibilité alors.

- Oui, mais je ne peux m'empêcher de penser que...

- Que quoi? Dit-il avec curiosité.

- Je sais que tu vas trouver ça bizarre, mais cette nuit j'ai cru que je me faisais dévorer par les loups, c'était atroce, j'arrive encore à sentir ma peau se déchirer,dis-je dans un frisson d'horreur.

- Pourtant tu es toujours là. Ce n'était qu'un rêve.

- Jusqu'à ce que j'avale quelque chose qui me revitalise. Je pris une pause avant de rajouter, je crois que c'est moi que les loups ont essayé de dévorer cette nuit, mais la sorcière m'a sauvée.

Je m'arrêtai net devant lui en disant cette phrase, pour bien lui faire comprendre que je ne plaisantais pas.

- C'est possible, dit-il en me regardant.

Ses yeux semblaient soulagés de me voir vivante. Pour la première fois, il caressa ma joue, comme ça, d'un seul coup. Sa main était moins douce que la mienne, mais ce n'était pas désagréable. Je dû rougir violement car il détourna le regard et mit ses mains dans ses poches avant de partir en me disant "à plus tard". Je restais plantée là une seconde de plus avant de me rappeler pour qui je voulais voter, et au moins une heure avant le résonnement des cloches. Je notai Debrah et quelques minutes après, Ambre me suivit le sourire aux lèvres. La concernée sembla décontenancée face a cette provocation.