Chapitre 14

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« Le meilleur acteur n'est pas celui qui se crève les yeux pour jouer un aveugle mais celui qui nous fait croire qu'il a les yeux crevés. »

Citation de Patrick Bruel


Ce n'est qu'un jeu? Rosalya est-elle devenue folle?
Pourquoi dirait-elle ce genre de choses alors qu'on disparait tous un par un?
Soit elle disjoncte, soit elle sait quelque chose qu'on ignore complètement.
Le premier jour, elle était désespérée à cause de la mort de son petit ami, et après cela, après la deuxième nuit, elle allait beaucoup mieux, qu'a-t-elle vu cette nuit-là pour avoir changé d'aptitude aussi soudainement ?
Je vais essayer de lui parler avant que l'heure ne tourne, ou peut-être que je devrais attendre demain? Ce serait plus simple, et on aurait le temps.
« Et si elle meurt cette nuit? » me hurle ma conscience.
Je me mords la lèvre, tout en essayant de prendre une décision, si je lui demande, va-t-elle me le dire ou va-t-elle éluder la question?
Tout comme elle l'a fait avec Lysandre, ou même Violette.
Car même Violette a l'air perdue, en fait, tout le monde l'est, sauf elle.
Qu'est ce qui pourrait lui faire dire que tout le monde est sain et sauf?
Je m'appuie sur le mur en soupirant.
Plutôt qui? Qui pourrait lui dire que tout le monde va bien, à part les morts?
Le chaman apparait dans mes pensées comme une évidence.
Mais Viktor coupe court à mes pensées en se mettant face à moi.
Je suis prise en sandwich entre le mur et lui, ce qui me met mal à l'aise.
Heureusement qu'il n'est pas trop proche.


-Je voulais te voir, tu ne sembles pas aller bien du tout, tu t'effaces tout le temps, je ne te vois quasiment plus te promener dans le village.


Je me sens déstabilisée par ses mots qui semblent provenir directement du cœur.
Je ne dis rien, bouche bée par ce regard qui a empiré, qui est devenu plus ardent quand il me regarde, quand on se retrouve que tous les deux.
Il avance d'un pas, posant ses mains de chaque côté de ma tête.
Trop proche, beaucoup trop, mon cœur et ma tête commencent à sonner les sonnettes d'alarme.
La température de mon corps augmente dangereusement à cause de cette proximité et à la pensée qu'il pourrait me montrer ce qu'il ressent réellement pour moi.
Mais ce n'était pas envisageable, à cause de la situation dans laquelle on se retrouve tous en ce moment.
Nous sommes tous enfermés dans un endroit où on disparait un par un, ne sachant pas si l'issue de secours est la mort ou... quoi d'autre? L'enfermement ? La torture ? La liberté ?
Tout était trop flou, alors pourquoi compliquer encore plus les choses si on s'avoue nos sentiments, comme Violette l'avait fait avec Jade.
Mais pour elle, ça a été une délivrance je crois.
Face au doute, je préfère stopper ce qui je crois est en train de se passer.
Posant ma main à plat sur son torse, je tends mes bras pour ne pas qu'il s'approche plus de moi.


-Tu fais quoi ? Bredouillai-je en essayant de garder une voix calme.


Soudain, comme s'il se rendait compte de la situation, il s'éloigne de moi d'un seul coup, ses yeux perdant de leur sauvagerie, retrouvant un semblant de contrôle.
Comme s'il n'y arrivait plus.


-Désolé, ce n'est pas ce que tu crois, je m'inquiète juste pour toi. Dit-il avec un léger manque d'assurance.


Je le regarde tout en essayant de ralentir les battements de mon cœur.


-Ce n'est pas grave, on est tous sous pression. Mais ne t'en fais pas, ça va mieux.


Je n'attends pas sa réponse, je lui lance juste un petit sourire pour appuyer ce que j'ai dit et je fuis sa présence.
J'ai évité la catastrophe, que ce serait-il passé si on s'était embrassé?
Je me serais crue dans un film mélodramatique, s'avouer nos sentiments alors que l'on risque de mourir juste après.
Je n'ai pas du tout envie de vivre ça, je ne pourrais pas le supporter.
De toute façon, c'est bientôt l'heure de l'alarme pour qu'on rentre, il faudrait que je voie Rosalya, juste pour lui parler, pour savoir si elle devient folle ou non.
En marchant un peu dans tout le village, je vois Dake, un élève de notre classe qui vient de Californie, le genre surfer blond, bronzé avec un tatouage.
Un garçon qui aime séduire, qui a déjà essayé avec moi, mais qui n'a pas réussi car maintenant je sais que j'étais déjà amoureuse de Vicktor à ce moment-là.
Ce n'est pas vraiment un de mes amis, la preuve c'est qu'on ne s'est pas parlé depuis qu'on est arrivé dans ce jeu mortel.
Je continue ma recherche intensive et décide de commencer par le plus logique, aller dans sa maison attitrée.
Je toque et entends sa voix raisonner qui m'autorise à entrer.

Un jeu cruelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant