Chapitre 10

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« Le monde est une pièce de théâtre ; il faut apprendre à jouer son rôle. »

Citation de Palladas

Mes jambes restèrent bloquées devant sa porte, tout comme mon cerveau. Un garçon aux cheveux verts me bouscula accidentellement, ce qui me sortit de ce blocage temporaire.

-Désolé, dit-il avec un sourire distrait.

Je murmurai un « pas grave », avant de suivre des yeux sa chevelure s'éloigner. C'était un des garçons de ma classe que je ne connaissais pas vraiment, je savais juste qu'il était ami avec Violette et qu'il adorait jardiner contrairement à moi, un garçon gentil malgré tout. Je retournai contempler le prénom d'Ambre avant de soupirer. Je ne saurais donc jamais ce qu'elle avait l'intention de me dire, ses soupçons? Ses découvertes? J'avais confiance en ses déductions, jusqu'à maintenant il ne lui avait pas fait défault, c'est sûrement pour ça que les loups ont décidé de la tuer, elle devenait trop dangereuse et débusquait les loups un par un, en plus d'être la voyante. Je pense qu'il voulait au début se débarrasser d'elle le jour, car on ne peut pas dire que beaucoup de gens l'appréciaient, mais ironie du sort, leur plan n'avait pas marché et attendre avait condamné deux loups, qui sait qui serait mort aujourd'hui si elle était encore vivante? Sûrement un autre loup, j'en suis sûre. Mais elle était partie, envolée du jeu, c'était la seule personne avec qui je pouvais espérer débusquer les loups. Kentin était mon frère de jeu, mais il n'avait eu aucune bonne déduction depuis le début, du coup en général il suivait mes votes. Peut-être que Viktor pourrait m'aider? Mais ça voudrait dire qu'on passerait encore plus de temps ensemble et j'ai peur de ce qui pourrait en ressortir, ça me confronterait à l'idée que je pourrais le perdre avec le poids de ce que je ressens pour lui. Et je ne voulais pas qu'il le sache, pas dans ces circonstances.

Je posai ma main sur la porte d'Ambre et dis plus pour moi que pour elle :

-Je trouverais et tuerais tous les loups, pour tous les innocents.

Je partis déterminée à finir ce jeu par tous les moyens. Mais quelqu'un courut vers moi haletant, Violette.

-Quelqu'un d'autre est mort cette nuit, Ambre était en couple avec quelqu'un.

-Quoi? Dis-je avec une voix tendue.

Elle me prend la main et me conduit vers une porte en marchant vite et en m'expliquant la situation.

-Tu sais, au début cupidon réunit deux personnes à la vie à la mort, si l'un des deux qui est en couple meurt, l'autre mourra automatiquement.

Je m'arrêtai nette et ne bougeai plus. Je fermai les yeux devant le regard surpris de Violette.

-Qui est mort? Demandais-je en redoutant la réponse et en serrant les poings.

-Castiel, dit-elle dans un murmure. 

Ce prénom s'abattit sur moi avec douleur, « encore un » répétais-je en boucle dans ma tête. Violette serra ma main plus fort et commença à se rapprocher de moi pour me prendre dans ses bras frêles. Mais je la repoussai et partis en direction de ma maison sans qu'elle me court après. Je claquai la porte avec force et tapai du poing sur le matelas de mon lit. Comment ose-t-il nous donner tout ça alors qu'on va mourir? Pense-t-il qu'en nous donnant confort et nourriture ça sera moins douloureux? Chaque jour est une torture à vivre dans cet endroit, comment peuvent-t-ils dormir en nous assassinant? Mes poings rencontrent le matelas un nombre incalculable de fois avant que je fonde en larme sur celui-ci. J'en ai marre d'être là, pourquoi les loups ne m'ont-ils pas tué à la place d'Ambre, ça aurait été tellement plus simple, plus facile pour moi que ça se finisse maintenant.

Un jeu cruelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant