Chapitre 18 : Réveil

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Je m'éveillais dans un lit qui n'était pas le mien. Les événements de la veille me revinrent rapidement et une vive tristesse s'empara de mon cœur. J'avais perdu mon fiancé et ma meilleure amie. Les larmes n'étaient pas loin et j'étouffais un sanglot. Mais des bras enserrèrent ma taille et une voix rauque murmura à mon oreille :

— Ils ne méritent pas tes larmes.

Ken.

J'essuyais mes yeux d'une main et me retournais pour lui faire face. Sa tête toute endormie était vraiment adorable, c'était Bagdad dans ses cheveux, ses yeux étaient gonflés par le sommeil et il avait l'air un peu perdu.

— Salut, chuchotais-je.

— Bonjour Beauté.

Je levais les yeux au ciel, il n'allait pas me lâcher avec ce surnom.

— Commence pas à me fatiguer dès le réveil, crétin, dis-je en lui ébouriffant les cheveux.

— C'est bête, je connais plein de façons de fatiguer une femme de bon matin.

Le sourire pervers qu'il m'adressa me fit éclater de rire. Comment arrivait-il toujours à me dérider alors que ma vie s'était écroulée autour de moi ?

— Tu vas faire quoi aujourd'hui ?

Je n'avais pas envie d'être seule trop vite, c'était mon seul jour de repos et je craignais de le passer à me morfondre.

— Je sais pas, normalement le dimanche je bosse que dalle et je traîne avec les gars. Et toi ?

— Je sais pas non plus, je vais commencer les recherches pour un appart, me prendre un Airbnb en attendant, appeler mes parents pour les prévenir. Et le pire de tout, je dois aller chez Paul récupérer toutes mes affaires.

Il me regardait encore comme si j'avais dit une connerie.

— Qu'est-ce que tu vas aller te prendre un Airbnb alors que tu peux rester ici le temps de trouver un appart ?

Mais quelle idée de génie, j'allais habiter chez Ken alors qu'on venait de coucher ensemble !

— Je ne suis pas sûre que ce soit vraiment souhaitable au vu de ce qui vient de se passer entre nous. Ça peut prendre plusieurs semaines...

Il me fit signe de me taire.

— Chut Clémentine. Déjà j'ai une petite pièce qui sert un peu de débarras, y a un lit, c'est là que ma reus dort quand elle vient squatter. Deuxièmement, j'ai déjà eu des colocs, ça c'est toujours très bien passé. Et pour le fait qu'on ait fait des bails, c'est pas pour autant qu'on va recommencer. En plus on est d'abord potes non ? Troisièmement, je suis pas à Paris toute la semaine prochaine et je vais beaucoup bouger en juillet donc profite.

Je réfléchis quelques instants, après tout je n'avais pas envie d'être seule trop vite, Ken m'aidait vraiment à tenir le coup. Nous avions tous deux du travail et ne serions pas tout le temps l'un sur l'autre. Merde, ce n'était pas la meilleure expression. Bref on ne risquait pas tellement de se marcher dessus, d'autant plus s'il s'absentait.

— Ok, je vais faire au plus vite pour trouver un appartement. Une chose est sûre. Je vais devoir changer de quartier : Le 6eme c'est hors de prix pour mon budget.

— Tu m'étonnes.

Ken se leva sans pudeur et enfila un boxer. J'étais un peu gênée et commençait à regretter d'avoir accepté son offre.

— Tu te lèves, me dit il, j'ai envie d'aller prendre un café en ville.

— C'est que euh... j'ai que mes vêtements de la veille et euh... enfin j'ai aucune affaire quoi.

Il quitta la pièce un instant et revint avec une culotte propre et un jean. Puis il ouvrit son placard, tira un carton dans lequel étaient empilés des dizaines de t-shirts et de sweats « SeineZoo Records » en prit un de chaque et me tendis la pile de vêtement.

— Je ne veux pas savoir d'où vient cette culotte.

Ken rit devant ma mine dégoûtée.

— Elle est propre c'est ce qui compte. Le jean est à ma tipeu.

— Je mets pas ça Ken, je vais attraper une MST rien qu'en l'enfilant.

Il rit de plus belle et me jeta au visage ma culotte de la veille qui traînait par terre.

— Fais un choix mais dépêche toi de t'habiller, on passera chez ton connard récupérer tes affaires après le petit-dej. Je suppose que t'as pas envie d'y aller seule.

Il supposait bien, je hochais la tête et le remerciais pendant qu'il sortait de la chambre. Je m'habillais en vitesse, j'aurais bien aimé prendre une douche mais comme il avait l'air pressé je me contentais d'un débarbouillage rapide. Il y avait tout ce qu'il fallait dans sa salle de bain : démaquillant, cotons, brosse à dents neuve, je me servais. Autant profiter de ce qui était mis à la disposition des heureuses élues qui avaient le bonheur de passer une nuit chez le beau gosse du rap français.

— Clem bouge toi !

Décidément, il était vraiment pressé ce matin. La cohabitation s'annonçait des plus sympathiques. Je rejoignais Ken dans le salon et me rendit compte que Sneazzy avait déserté. Devant mon œil interrogateur il m'expliqua :

— Mes gars vont et viennent tout le temps dans l'appart, te formalise pas et fais ta life.

Ok, de mieux en mieux, j'allais me dépêcher de trouver un appartement. Il me tendit une clé.

— Tiens, c'est le double, le perd pas j'en ai pas d'autres.

— Oui chef.

Il sourit et cela me réchauffa le cœur, je le trouvais un peu distant depuis quelques minutes.

— On y va ? J'ai la dalle.

J'acquiesçais et le suivais. Le trajet jusqu'au café que Ken avait choisi se fit dans le silence et je me demandais ce qui se passait dans sa tête.

— Tu boudes ?

— Non j'ai faim sa race.

J'éclatais de rire, c'était donc la faim qui le mettait dans un état aussi peu sympathique. Note pour moi même : ne jamais le laisser trop longtemps sans nourriture si je voulais survivre à ces quelques jours de cohabitation.

Effectivement, une fois deux croissants engloutis, le Fenek avait repris du poil de la bête.

— Comment tu te sens ?

— Bof, répondis-je honnêtement, j'ai aucune envie de voir Paul.

— T'inquiète pas Beauté, je serai là. Tu prends tes affaires, tu lui rends ses clés et on s'arrache. Si tu veux je peux même lui en coller une.

— Ce serait avec plaisir mais la dernière chose à faire, c'est de lui donner une raison de t'attaquer en justice. Il n'hésiterait pas une seule seconde.

— La justice c'est pour les faibles, les vrais hommes s'affrontent directement.

Il me faisait rire quand il réagissait ainsi, c'était souvent à propos de Paul d'ailleurs.

— Mais oui mon Kenny, toi tu es un homme, un vrai.

Il leva les yeux au ciel et m'adressa un sourire amusé.

— T'en loupes pas une hein ?

— Jamais.

— Bon t'es prête à aller affronter le fils de pute avec qui t'as failli te marier ? Moi j'suis déter là !

Je hochais la tête, il était trop motivé et ça n'augurait rien de bon.

Avide Tempête Où les histoires vivent. Découvrez maintenant