Chapitre 59 : Dépression

17.2K 880 102
                                    

Les jours passèrent et l'on ne me parla plus de Ken, c'est comme si le sujet était devenu tabou. Je sentais que Deen et Sneazz me cachaient des choses, il y avait même un peu de ressentiment dans leur attitude, comme s'ils m'en voulaient.

Je n'arrivais pas à comprendre ce qu'il se passait, je voyais moins les gars et plus Camille. Elle me disait que s'ils me faisaient la gueule pour un truc comme ça, leur amitié ne valait pas grand chose.
Clairement je le vivais mal, au fur et à mesure des jours, ils devinrent de plus en plus distants et j'étais déçue. Pour moi, ils représentaient les meilleurs amis que j'avais pu avoir.

C'était affreux, jamais je ne m'étais sentie aussi seule, je n'avais plus envie de sortir, plus envie d'aller travailler. Tout m'accablait, je passais mes journées à attendre que le temps passe en lisant et relisant mes livres préférés. J'en voulais terriblement à Deen de m'abandonner. Je ne comprenais pas ce que j'avais fait de si terrible et pourquoi c'était à moi qu'ils en voulaient autant.

Le temps passa et je m'enfonçais dans ma solitude, ne mangeant plus, me contentant de fumer et lire. Ma mère s'inquiéta, je lui dit que tout allait bien. Camille tenta de m'appeler, surprise de ne plus me voir au travail mais je ne répondais plus. Je voulais juste dormir et attendre que le temps passe, que j'aille mieux.

Mais rien ne changeait, c'était de pire en pire. Les somnifères me permettaient de dormir une bonne partie de la journée et le reste du temps j'attendais simplement.

Ken ne m'avait jamais autant manqué, j'avais terriblement besoin de lui, mais que pouvais-je faire ? Il me détestait sûrement à l'heure qu'il était.

J'étais de plus en plus faible, naviguer d'une pièce à l'autre à l'appartement était un combat et plusieurs fois j'avais manqué de m'écrouler. Pourtant je n'avais plus aucune sensation de faim. Une ou deux pommes par jours suffisaient à combler mon estomac pour des heures.

Le trou béant dans ma poitrine en revanche, rien ne le comblait, ni la musique de Ken que je m'étais remise à écouter, ni les livres, ni les films, j'étais juste seule.

Parfois, me rappelant certaines prières que mes parents m'avaient apprises quand j'étais petite, j'essayais de supplier Dieu de me rendre mes amis, que cette solitude qui m'accablait cesse.

Mais rien ne changeait, peut-être que ma voix était trop faible pour qu'Il m'entende, peut-être que mes prières étaient mal dites, peut-être aussi que Dieu m'en voulait de me soucier si peu de Lui d'habitude, peut-être même qu'Il n'existait pas.

Je pouvais passer des heures à murmurer le nom de Deen ou de Moh ou même de Ken, en espérant que l'un d'eux m'entende et vienne me sauver. Mais je refusai de les appeler par téléphone, ayant peur de me faire envoyer sur les roses et que mon état empire.

Pouvait-il vraiment empirer ?

Un jour, presque dans un rêve, j'entendis la porte de mon appartement s'ouvrir.

— Clem ?

Le son me paraissait venir de si loin.

— Oh putain, t'as pas aéré depuis combien de temps ?

La grosse voix de Deen résonnait dans la pièce à vivre.

— Clem ?

Il ouvrit la porte de ma chambre et j'entendis ses pas se rapprocher du lit.

— Clémentine, Camille m'a appelé, elle s'inquiétait, il paraît que tu ne vas plus travailler. Qu'est-ce qui se passe ?

Il s'assit sur le lit et releva la couette.

Avide Tempête Où les histoires vivent. Découvrez maintenant