Chapitre 15 : Réconfort

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— Eh ! Clémentine, qu'est-ce qui se passe ?

J'étais incapable d'articuler quoi que ce soit. Ken se précipita vers moi et m'entoura de ses bras, nichant ma tête dans son cou. Je le sentis me soulever et il s'installa sur le canapé, me tenant fermement contre lui.

— Starf' elle est chelou ta pote ! s'exclama Sneazzy.

Ken ne répondit pas et se contenta de passer doucement sa main dans mes cheveux.

— Clem calme toi, dit-il dans mon oreille, explique moi... tu peux parler devant Sneazz, il aura oublié dans une heure il est fonce-dé.

— Crois ap j'entends pas ce que tu dis ! lança l'intéressé.

J'étais toujours incapable de parler mais je m'agrippai au pull de mon ami et il comprit qu'il devait me laisser un peu de temps. Il continua de me serrer contre lui tout en me murmurant des paroles apaisante à l'oreille. Les minutes passèrent et progressivement mes sanglots se calmèrent, au bout d'un moment, Ken releva mon visage vers lui. Je reconnu son sourire, il allait plaisanter.

— Ça fait vingt minutes que je passe pour un putain de canard alors s'il te plaît explique moi au moins pourquoi.

Sa phrase me fit sourire dans mes larmes, j'inspirais un grand coup et finit par réussir à articuler.

— Paul, Anna... Je suis rentrée et ils...

Des flashs de mon arrivée dans l'appartement me revinrent en mémoire et je fermai les yeux pour les chasser.

— Ils quoi ? Oh non !

Ken avait compris. Il ne dit plus rien et un moment de silence nous enveloppa. Je m'aperçus soudain que son buste tressaillait, comme s'il était parcouru de spasmes. Je ne mis pas longtemps à comprendre ce qui se passait, c'était incroyable, il riait. Il était littéralement en train d'essayer de cacher un fou rire.

— Ça te fait rire ? Tu te moques de moi ?

Ma mine horrifiée dû mettre le feu aux poudres car il explosa. Jamais je ne l'avais vu rire ainsi. C'était assez humiliant, je venais de lui faire part d'une douleur et il se payait ma tête en retour. Je m'écartai de lui, vraiment vexée par son attitude, comme j'avais été bête de penser qu'il allait m'aider.

Je me levais, décidée à partir, mais Ken me retint par le bras, tandis qu'il tentait de maîtriser les hoquets provoqués par son hilarité.

— Clem arrête, pars pas, c'est pas de toi dont je me moque.

Comme j'étais réellement sur le point de récupérer mes affaires et de quitter la pièce, il parvint à se calmer et devant mon air énervé, tenta de m'expliquer son fou rire.

— C'est juste que... ton mec est trop con. Il avait une meuf dix fois trop bien pour lui, qui restait avec lui alors qu'il la rendait pas heureuse, il a eu l'occasion de l'épouser mais il a préféré tout faire foirer en se tapant la meilleure pote de sa go, moche en plus. Un génie.

J'étais un encore un peu agacée par le fait qu'il se soit mit à rire, mais son explication était... mignonne.

— Sneazz t'entend ça ! Gros spécimen de bourgeois débile. Dis toi que Clem et moi si on a pas fait d'bails ensemble c'est parce qu'elle voulait rester fidèle à ce fils deup !

— Naaaaan t'as refusé la queue du fenek !? Putain chaud le gars il avait la go la plus clean de Paname, c'est dommage.

Retour du malaise. Je ne compris pas trop en quoi le fait de n'avoir pas couché avec Ken faisait de moi "la go la plus clean de Paname". Devant mon air interrogateur, Sneazzy s'expliqua :

— Les trois quart des meufs, quand elles ont moyen de faire des bails avec Nek elles se posent pas la question de savoir si elles ont un gars ou non, elles deviennent toutes des chiennes à son contact. Y a que ses reus, qui cherchent pas à se le faire.

Je n'aimais ni la façon dont il parlait des femmes, ni le fait que Ken se présente comme un absolu dieu du sexe auquel aucune ne peut résister. Cela me mettait soudainement mal à l'aise, j'avais parfois regretté de ne pas avoir été au bout avec le rappeur, maintenant je me disais que j'avais bien fait de ne pas m'être laissée emporter par le moment.

— Non mais kho t'aurais vu la gueule de la meuf qu'il s'est faite en plus, à côté de Clémentine elle est cheum de ouf.

— Ah miskine.

Super, ma vie était maintenant sujet de discussion entre les deux potes. J'aurais aussi bien pu ne pas être là. Je trouvais Ken vraiment différent du gars avec qui j'avais discuté pendant des heures sur les quais, moins doux, moins à l'écoute, beaucoup plus sûr de lui. Ça me déstabilisait, je n'osais plus rien dire. Une larme s'échappa à nouveau de mon oeil et je la chassais. Ken le remarqua et dû comprendre qu'il était allé un peu loin.

— Désolé Clem... On se moque pas de toi. C'est juste que les gars comme ton Paul ça nous a toujours fait gole-ri. J'ai même pas pris la peine d'écouter toute l'histoire alors que t'es pas bien, excuse moi. C'est quoi ces sacs, pourquoi tu ramènes du champagne et de la bouffe comme ça ?

— Je voulais faire une surprise à Paul.

Je vis mon ami réprimer un nouveau sourire.

— On peut dire que tu l'as surpris effectivement. Non mais quel con... Je suis désolé pour toi Clem, crois moi il te méritait pas. Je sais que c'est bateau de dire ça, mais ça fait longtemps que j'le pense.

Le ton de sa voix était à nouveau doux, ses paroles me firent du bien, mais j'étais quelque peu gênée par la présence de Sneazz. Je jetais un oeil vers lui mais il s'était endormi sur le canapé. Il était assez tard, sans doute dans les environs de minuit, je mourrais de faim.

— Est-ce que ça te dit qu'on fasse un sort à cette bonne bouffe et qu'on boive cette bouteille de champagne ?

Le regard de Ken s'éclaira et il attrapa les sacs en kraft qui trainaient devant la porte.

— Viens, on va se poser dans un parc, tu as besoin d'air.

Avide Tempête Où les histoires vivent. Découvrez maintenant