Chapitre 63 : Affamée

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Mon dos heurta presque violemment la paroi humide de la douche quand il avança encore vers moi, son regard ancré dans le mien.

— Je t'ai déjà dit que je déteste quand tu te fous de ma gueule ?

Je secouai la tête négativement, le fixant avec un air de défi. Son torse pressa alors le mien contre le mur. Une armée de lépidoptères en furie semblait s'être réveillée dans mes entrailles. Mon souffle s'accélérait dangereusement à mesure que s'animait dans le regard de Ken, le feu du désir. Lorsqu'il capta sa lèvre inférieure entre ses dents, je ne pus m'empêcher de la fixer avec insistance.

L'atmosphère s'était considérablement chargée d'électricité, l'eau étant conductrice, il ne suffisait que d'un mot où d'un geste pour que tout explose autour de nous.

Tic tac tic tac

— T'attends quoi ? Que j'attrape une angine à force de grelotter dans mon t-shirt trempé ?

Boum.

Il ne se le fit pas dire deux fois et ses lèvres attrapèrent les miennes avant que je n'aie eu le temps de reprendre mon souffle. Mes mains rejoignirent presque automatiquement sa nuque et je me cramponnai à ses cheveux tandis qu'il attrapait mes cuisses nues pour me soulever à sa hauteur.

Mon cerveau grillait complètement, ma conscience avait déposé les armes, mon cœur semblait vivre ses derniers instants, cognant tant qu'il pouvait contre ma cage thoracique.

C'était sans doute l'un des baisers les plus intenses de toute ma vie. Voilà pourquoi, quoi qu'il arrive je ne pourrais jamais oublier cet homme, la passion qui nous dévorait dépassait l'entendement.

Ken grogna tandis que je m'agrippai plus fermement à ses épaules pour l'attirer encore plus près de moi. Ses lèvres quittèrent les miennes pour partir à l'assaut de mon cou et bientôt mon t-shirt s'écrasa par terre.

— T'es tellement légère, chuchota-t-il, J'ai peur de te faire mal.

— Mais non mon chat, tu ne me feras pas mal... Je... j'ai envie de toi.

Il enfouit doucement sa tête dans mon cou, y déposant une myriade de baisers puis me chuchota à l'oreille :

— On se douche pour de vrai, puis j'te fais l'amour sur le lit, parce que tu grelottes pire que Fram en haut du mont Fuji.

Je souris de la comparaison, un peu spéciale, vue la situation.

— Tu penses souvent à Framal dans ce genre de moment ?

Ken rit doucement en me reposant par terre.

— T'en loupes pas une, c'est ouf.

La douche fut expédiée en un clin d'œil, elle nous permit de nous débarrasser du peu de vêtements qui nous restait. Quelques minutes plus tard j'atterrissais sur le lit de Ken, et ses lèvres retrouvaient bien vite le chemin de mon corps.

— T'étais pas censé avoir faim ?

— Ça peut attendre.

— Et tu...

— Ta gueule bébé, laisse moi t'aimer.

Comment, mais comment résister à ce genre de phrase ? Il s'empara de moi comme un affamé et pourtant il fut très doux, il me sembla que ma carrure chétive le déstabilisait réellement et qu'il était effrayé à l'idée de me faire mal.

Quand nos regards et nos corps s'unirent en même temps, je pouvais le dire avec certitude, il n'y aurait plus jamais que lui. Plutôt mourir que d'en aimer un autre.

Mais Ken s'arrêta brusquement.

— Pourquoi tu pleures ? T'as mal ? dit-il dans un souffle.

Je n'avais même pas senti les larmes couler.

— C'est rien mon amour, c'est juste trop intense pour mon coeur.

Et ses yeux ne quittèrent plus les miens, et son corps ne sépara plus du mien.

— Un jour, faudra que tu m'expliques le quetru, me dit-il plus tard alors que nous nous reposions l'un contre l'autre.

— Quoi donc ?

— C'que tu m'as fait Clémentine. Dès le début quand j'ai croisé ton putain de regard curieux dans le tromé, j'ai su que j'étais foutu. Et d'ailleurs même la toute première fois, je m'étais dit « Cette p'tite go t'aurais jamais dû la laisser filer. »

C'était amusant parce que je me posais la même question à propos de lui. Je ne comprenais pas comment il s'y était pris.

— J'ai rien fait Ken. Je suis juste moi même.

C'était vrai, la seule fois où j'avais joué un rôle avec lui avait été une catastrophe.

— C'est ce qui fait toute la différence, souffla-t-il.

Il finit par se lever et s'habiller rapidement.

— Tu viens chérie, on avait commencé quelque chose avant que tu fasses la peste !

Je hochai la tête et me dégageai doucement des draps.

— J'ai super froid, murmurai-je.

Ken sortit un énorme sweat à capuche de son placard et me le tendit. Je l'enfilai rapidement avant de remettre mon jean.

Il m'entraîna à nouveau dans le salon et se remit à ranger le reste de ce qui traînait. Je fus surprise de constater qu'il faisait nuit, les fenêtres ouvertes avaient permis de renouveler l'air de la pièce. Je n'avais aucune idée du nombre d'heures que j'avais passé chez lui. Nous étions hors du temps. Je me sentais un peu bizarre depuis que j'étais sortie du lit.

— T'étais pas censé faire à manger ?

— Y'a rien Ken. Je vais aller faire des courses.

Il se retourna brusquement vers moi.

— Non ! S'il te plaît pars pas !

Sa réaction était presque violente, je ne la compris pas.

— Mais on va manger quoi ?

Il s'approcha de moi, le visage brouillé.

— Je suis pas encore prêt. On a pas eu le temps de parler de ce qu'on allait faire... pour nous.

Il n'était donc pas tout à fait remis de son craquage, il fallait dire que je l'avais vraiment retrouvé au trente-sixième dessous. Je n'avais pas saisis à quel point il allait mal.

— Alors j'imagine qu'on peut commander quelque chose ?

Il hocha la tête, visiblement rassuré.

— Pas de la junk food alors, dis-je avec un petit sourire.

— Tout ce que tu veux tant que tu restes.

Il était si vulnérable, je l'avais rarement, voire jamais, vu comme ça.

Je souris et commandai rapidement des bonnes choses à manger. Après avoir reposé mon portable, je me sentis faible. J'avais vraiment très froid et le sweat de Ken ne me tenait pas assez chaud. Je décidai de retourner dans la chambre, récupérer un pull de plus.

Mais soudain tout se mit à tourner autour de moi, comme si j'étais prise dans un manège infernal. Je tentais de me raccrocher à quelque chose, d'appeler Ken mais rien ne sortait de ma bouche et aucun de mes muscles ne me répondait.
Une peur irrépressible me secoua l'estomac tandis que je sentais mes jambes se dérober sous mon poids.
Le sol, le sol était bien trop dur contre ma tête. Mes membres étaient transis de froid...

— Clem putain !!!

Avant de fermer les yeux, je vis simplement le visage de l'homme que j'aimais se pencher sur moi. La panique que je lus dans son regard me brisa le cœur.

Avide Tempête Où les histoires vivent. Découvrez maintenant