Avide Tempête

Chapitre 20 : Curiosité

J'avais dormi tout l'après midi. Ken m'avait raccompagnée chez lui et m'avait aidé à m'installer puis il avait rejoint ses potes, me laissant seule.

Curieusement, cela me faisait vraiment du bien, je pouvais réfléchir aux événements qui avaient secoué mon quotidien en l'espace de deux jours. Comment Paul était passé de l'homme de ma vie à un personnage répugnant, comment Ken m'avait défendue. N'ayant jamais vraiment eu d'amis de ce type, je ne savais pas si c'était normal qu'il ait réagi ainsi.

J'étais obligée de laisser mon téléphone en mode avion, Paul et Anna m'appelaient toutes les dix minutes me laissant des dizaines de messages vocaux. Le simple fait d'entendre leur voix me plongeait dans une profonde tristesse.

J'avais été réveillée par des voix d'hommes dans le salon, Ken avait dû rentrer avec un de ses potes. Je n'avais pas trop envie de voir du monde donc je restais dans la pièce qui me servait de chambre pour lire.

Au bout d'un moment, j'entendis des murmures dans le couloir.

— Frère c'est quoi toutes ces affaires de meuf qui traînent chez toi, t'as remis ça avec Léa ?

Léa ? qui était Léa ?

— Non elle me fait la gueule depuis le début du feu tour, j'ai essayé de la voir mais elle m'a planté trois fois j'ai lâché l'affaire. J'héberge une pote en galère, le temps qu'elle trouve un appart.

— Une pote hein ? On la connait pas ?

Je n'entendis pas la réponse, les voix s'éloignaient. Cette conversation avait attisé ma curiosité et je mourrais d'envie de questionner Ken. Quelques secondes plus tard des pas résonnèrent et on frappa à ma porte.

— Oui ?

Ken passa sa tête dans l'entrebâillement.

— J'te dérange ? Y'a 2zer et Fram qui veulent voir ta tronche.

Je soupirais, me levais et arrangeais rapidement mes cheveux. Mes yeux étaient rouges et gonflés et je n'avais pas vraiment l'air heureuse.

— T'inquiète beauté, pas la peine d'en faire des tonnes. Tu pourras difficilement améliorer ta tronche !

Je lui tirais la langue et le suivais dans l'appartement. 2zer et Framal étaient affalés dans le canapé, l'un se roulait un joint, l'autre semblait en pleine analyse d'une pochette d'album.

— Salut, fis-je.

Ils relevèrent la tête vers nous. Leur expression était inexplicable, ni avenante ni repoussante, c'était comme si Ken venait d'installer une nouvelle plante dans le salon.

— Wesh, lâchèrent-ils en choeur.

— Clémentine crèche ici quelques semaines donc vous la croiserez sûrement.

À peine Ken avait-il prononcé cette phrase que ses deux amis éclatèrent de rire. Et voilà, encore une fois mon prénom suscitait les rires.

— Merci Ken.

Je soupirai, excédée, comme si la réaction de Sneazzy n'avait pas été suffisante, si à chaque fois que je rencontrais des rappeurs ils se foutaient de ma gueule je n'allais pas m'en sortir. Devant ma mine sombre, 2zer me tendit la main pour que je frappe dedans.

— Désolé frangine, c'est juste que ça nous étonne pas de Nek qu'il ramène une go avec un blaze pareil. C'est plus de lui qu'on se fout !

— Alors ça me plait !

Je lui souris et le checkais avant de faire de même avec Framal. Je récupérais ensuite mes clopes qui trainaient dans un coin et m'asseyais avec eux en allumant une.