5. Proie

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Bloody City - Sam Tinnesz
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Je ne compte plus les secondes, les minutes, les heures voire même les jours depuis mon enlèvement

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Je ne compte plus les secondes, les minutes, les heures voire même les jours depuis mon enlèvement. Désorientée, je ne sais plus quoi faire. Mes poignets sont immobilisés, entravés et je suis impuissante. Cependant, j'essaie de me libérer, même si ça me paraît impossible. Mes gémissements désespérés résonnent dans le silence, dans le noir qui fait écho aux ténèbres. De la sueur perle à foison sur mon front, colle mes cheveux à mon front et ma robe à mon corps. Qu'est-ce qui va se passer ? Est-ce qu'ils vont me tuer ? Me torturer avant de loger une balle dans mon cœur ? Ou me faire bien pire que de me livrer à la mort elle-même... ? La peur terrasse mon ventre, de la bile remonte dans ma gorge, je grimace.

Soudain, la porte s'ouvre dans un grincement aigu qui me fait serrer les dents. Mon cœur tambourine douloureusement dans ma poitrine et je retiens mon souffle. Toujours les yeux bandés, je ne parviens pas à voir qui se trouve face à moi. En détresse respiratoire, je préférerais mourir maintenant que d'endurer plus de choses. Seule une silhouette élancée se dessine dans mon champ de vision, se démarque grâce à la faible luminosité. Je tremble, apeurée. Une main arrache violemment le tissu qui couvre mes yeux. Je tressaille et plisse les paupières afin d'habituer mes rétines à la lumière qui m'aveugle quelques secondes. Puis le visage de mon assaillant devient plus clair et l'épouvante me submerge. Tous mes membres se retrouvent comme figés. Le sourire mauvais et satisfait qui incurve ses lèvres, ce regard sombre et cruel...

— Comme on se retrouve, ricane-t-il froidement en me toisant.

Il retire brusquement la vieille paire de chaussette coincée dans ma bouche depuis mon enlèvement. Un frisson désagréable me parcourt l'échine tandis qu'un sanglot incontrôlé s'échappe d'entre mes lèvres. Ma réaction l'amuse davantage puisqu'il m'offre un large sourire sadique et profondément déplaisant. Le criminel vient effleurer ma joue du bout des doigts et me dévisage avec amertume. Mon corps se tend comme un arc, son toucher me répugne au plus haut point. Si j'étais assez forte et folle, je le repousserais. Mais ce n'est pas le cas. Son regard brûlant glisse sur moi et je le sens. J'ai l'impression d'être réduite à une bête de foire en cage que l'on contemple et photographie malgré lui. Ses doigts tatoués viennent s'enrouler autour de ma nuque et la serrent avec puissance. Je suffoque, prise au dépourvu.

— J'aime tant t'étrangler, se vante-t-il en passant lentement sa langue sur ses lèvres.

Manquant d'oxygène, je tente de me débattre mais, ayant les mains attachées, je me retrouve face à un problème. Un gros problème même. Ma vision commence à diminuer, mon pouls à ralentir et mes forces à me quitter. J'écarquille les yeux, effrayée. Juste avant de m'évanouir, je sens le souffle chaud de mon ravisseur chatouiller mon oreille. Sa bouche humide se colle contre celle-ci, sa voix suave, basse et dangereuse résonne dans mes tympans comme une alarme stridente :

— Tu es ma proie. Qui que tu sois, tu vas vite regretter de m'avoir rencontré.  

Puis le noir.

Je me réveille en prenant une grande bouffée d'air, la gorge et la tête douloureuses. Le corps ankylosé et suintant, je tente de reprendre mes esprits et de me calmer. Il faut à tout prix que je trouve un moyen de m'échapper d'ici. Mais comment... ? Je regarde tout autour de moi et constate que je me trouve dans une pièce creusée dans de la roche. Sûrement une cave. L'humidité est à son apogée et l'air étouffant m'empêche de faire baisser ma température corporelle élevée. Il n'y a ni fenêtre, ni aération. Utile pour tuer discrètement quelqu'un...

Mes bras sont attachés à cette satanée chaise et mes muscles, mis à rude épreuve, me font souffrir. Je jure entre mes dents, épuisée. Les liens me strient les poignets, ma peau est à vif, je le sens. La douleur est telle, que j'en ai les larmes aux yeux. Bon sang, pourquoi est-ce que l'univers s'acharne contre moi de cette façon ? Ahanante, j'arrête tout combat inutile et ferme les yeux, réfléchissant à toute allure : pas d'issue possible à part la porte devant moi. Je n'ai aucun moyen d'y accéder sans faire de bruit. Je suis enfermée ici, seule et livrée à moi-même. Les mots du criminel tournent en boucle dans ma tête : « Tu es ma proie. Qui que tu sois, tu vas vite regretter de m'avoir rencontré. » Cette réplique me glace le sang en plus de me faire froid dans le dos. Je vais sûrement rendre mon dernier soupir dans pas longtemps, et il sera tenu pour responsable.

Alors que je suis perdue dans mes pensées, la porte s'ouvre brusquement, me faisant sursauter. Un homme, que je ne connais pas, pénètre dans la pièce. Il allume une lumière qui est seulement pendue au plafond par de maigres câbles. Je l'analyse rapidement. Mon bourreau est baraqué, musclé et intimidant. Ses nombreux tatouages ainsi que piercings lui donnent un air sérieux et dangereux. Son crâne rasé et tatoué ainsi que sa mâchoire carrée également. Il fait craquer ses jointures et s'assoit en face de moi, sur une chaise qu'il vient d'apporter. Ses lèvres pincées s'étirent en un mince sourire narquois.

— Je vois qu'on s'est déjà amusé avec toi, rit-il en effleurant mon cou de ses doigts.

Je réprime un frisson et presse les paupières. Je l'entends alors protester.

— Regarde-moi, ne m'oblige pas à te forcer. Je n'aimerais pas esquinter ces beaux yeux.

Je m'exécute donc, croisant les prunelles noires de l'homme. Du sadisme et du plaisir se reflètent dans son regard brillant. Tout en me toisant, il sort de sa poche un poignard qu'il fait agilement tourner entre ses doigts. La lame tranchante en acier s'agite devant moi, comme pour me narguer, pour me prévenir que la fin est proche.

— Est-ce que tu sais pourquoi tu es là, ma belle ?

Sa voix rauque et ce surnom qui franchit ses lèvres me font grimacer, encore. Je secoue la tête.

— Non ? s'étonne-t-il, approchant la lame tranchante de ma nuque.

Je lève le menton et sursaute, sentant la pointe glacée du poignard se poser contre ma glotte. Il n'a plus qu'à l'enfoncer et tout sera fini. Mais non, mon tortionnaire rit bruyamment, se moquant ouvertement de ma réaction. Il éloigne l'arme blanche et regarde celle-ci avec intérêt, puis se lèche la lèvre supérieure.

— Laisse-moi te rafraîchir la mémoire dans ce cas. Tu as vu un des nôtres buter un homme, tu es une témoin. On ne peut pas te laisser partir, ça va à l'encontre de nos règles. Et s'amuser avec nos proies est une satisfaction si intense... aussi plaisante qu'une partie de jambes en l'air.

Je revois la scène sanguinaire, un haut-le-cœur me tord les boyaux.

— Tu ne dis rien, joli cœur ? Tu as enfin compris qu'il fallait fermer sa gueule ?

Je déglutis, les lèvres scellées et le cœur faisant des siennes. Je suis tellement foutue... Et pourtant, je suis assez folle pour poser une question qui me coûtera sans doute la vie :

— Qui êtes-vous ?

Mon interlocuteur ne me répond pas, trop occupé à me dévisager, interloqué. Un long silence et une atmosphère pesante s'installent. Son regard me dérange, il est froid et insensible. À croire que les caractéristiques pour être ici sont ces derniers... Les joues rougies de honte, je baisse les yeux. Aussitôt, il vient relever mon visage en emprisonnant ma mâchoire entre ses doigts. Il me force à le regarder droit dans les yeux. Un sourire carnassier incurve ses lèvres tandis qu'il avance de nouveau l'arme. Il l'agite devant mon visage d'une main agile et experte. Ça se voit qu'il a l'habitude de faire ce genre de choses peu communes.

— Ça, tu le sauras assez vite.

Puis il me relâche, m'adresse un clin d'œil et s'en va en me laissant pantelante.

***

BONSOIR !!

Vos impressions sur ce chapitre ? 🥵❤️

Bonne soirée mes petites lunes <3

Nolwenn

Instagram 📸 : Rubism00n

A Criminal Taste (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant