RENOUVEAU. LIBERTÉ. JOIE.
Léonor James, alors âgée de 20 ans, s'installe à Philadelphie pour suivre ses études après avoir enduré une rupture amoureuse difficile. Vivant sa nouvelle vie de jeune étudiante à mille à l'heure, elle continue de faire d...
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Alors que je somnole en essayant de garder le peu de dignité qu'il me reste, j'entends la lourde porte grincer et sens un courant d'air effleurer mon visage. Les yeux sombres de Tristan me dévisagent longuement, me déshabillent avec appétit. Je frissonne, dégoûtée. Et pourtant, il m'intrigue. J'aimerais tant savoir pourquoi est-ce qu'il se montre aussi cruel, dénué d'humanité et de compassion. Je souhaiterais connaître la raison qui l'a poussé à devenir comme ça, ce qui l'a fait devenir celui qu'il est aujourd'hui : un criminel sanguinaire en cavale. Ce dernier s'adosse au mur près de la porte et demeure silencieux pendant que Léna et une autre femme font leur entrée dans la pièce. Je les observe tous les trois, figée.
— Tu crois sincèrement qu'elle fera l'affaire ? lance la femme à Léna, hilare.
L'intéressée hausse les épaules et me toise un instant.
— On doit faire avec ce qu'on a.
Je déglutis et pose mon regard sur la femme qui l'accompagne : elle est assez grande et ses longs cheveux attachés en deux petites mèches derrière son crâne, blancs comme neige, tombent en cascade dans sa nuque. On dirait une elfe maléfique. Ses lèvres peintes d'un rouge sombre contrastent avec la couleur aveuglante de sa chevelure lisse. Quant à ses habits noirs en cuir, ils la rendent redoutable, elle aussi. Sans compter le revolver attaché autour de sa cuisse gauche dans son étui et le poignard dissimulé dans une de ses bottes. Sous son col roulé, elle cache une vilaine cicatrice qui remonte jusqu'à son oreille percée d'une multitude de piercings scintillants. Je me demande bien ce qui lui est arrivé... Ses yeux verts me sondent longuement et je me sens mal à l'aise. Comme mise à nu.
— Qu'est-ce que tu regardes poufiasse ? persifle-t-elle en affichant une mine écœurée.
— Rien, réponds-je du tac au tac.
Ferme-la.
Elle hausse un sourcil et sourit légèrement, dévoilant une rangée de dents immaculées.
— Elle répond en plus ! Je l'aime déjà.
Tristan, resté en retrait dans le noir, se met à ricaner froidement. Quant à Léna, elle roule des yeux et semble plus ennuyée qu'autre chose.
— Taylor, la réprimande-t-elle, tu n'es pas venue pour faire mumuse avec notre détenue.
Cette dernière se craque les doigts en affichant un sourire carnassier, sadique. Puis elle s'approche et se penche vers moi. Une once de curiosité traverse ses iris dilatés par la colère qu'elle ressent. D'où vient-elle, cette haine ? Elle pourrait avoir un grand futur, un tout autre présent. Mais son sombre passé la traîne certainement dans la boue et elle a choisi la criminalité au lieu de la sécurité.
— Tu vas gentiment venir avec nous. Et si tu tentes quoi que ce soit, je loge une balle dans ton crâne. Compris ?
J'opine du chef, docile malgré moi. Léna vient détacher mes mains et un soupir de soulagement franchit mes lèvres lorsque mes poignets se retrouvent enfin libérés. Je masse ces derniers en grimaçant, sentant une vive douleur me mordre la peau. Celle-ci est ensanglantée à force de forcer sur les liens pour tenter de m'enfuir... Aussitôt sur mes pieds endoloris, Taylor me pousse vers la porte. Tristan et Léna suivent en silence.
