RENOUVEAU. LIBERTÉ. JOIE.
Léonor James, alors âgée de 20 ans, s'installe à Philadelphie pour suivre ses études après avoir enduré une rupture amoureuse difficile. Vivant sa nouvelle vie de jeune étudiante à mille à l'heure, elle continue de faire d...
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À peine sortie de la douche, Taylor m'ordonne de m'habiller. Impatiente, cette dernière tape du pied en me jaugeant d'un air blasé. Mes cheveux trempés dégoulinent sur mes épaules ainsi que dans mon dos. Les gouttes froides roulant sur ma peau me donnent des frissons. Je contemple mon reflet dans le miroir en face de moi et réprime un cri d'horreur : mon cou est violacé, mes poignets sont rougis et mon teint est blafard. Je fais pitié. Taylor soupire bruyamment.
— Dépêche-toi d'enfiler ma robe, ce n'est pas le moment de se regarder.
Je serre les dents en maintenant la serviette contre ma poitrine. Je n'ai jamais été pudique, mais quand on m'épie de cette façon, je me sens mal à l'aise. Je tourne la tête vers la chaise où est soigneusement posée la toilette qui va me rendre « désirable » et m'avance vers cette dernière. Alors que je l'enfile, Taylor vient fermer la fermeture éclair dans mon dos et saisit mes épaules. Ses yeux verts se plongent dans les miens tandis qu'un semblant de joie traverse ceux-ci.
— Maintenant, tu peux t'admirer.
Je me tourne lentement vers le miroir et me retrouve émerveillée devant cette robe sobre qui me va à ravir, bien que la raison pour laquelle je l'arbore me donne la nausée. De couleur rouge tirant vers le bordeaux, elle affirme mes hanches ainsi que ma morphologie en huit et met en valeur ma teinte de peau claire et mes longues jambes élancées. Le buste est dépourvu de bretelles et montre la naissance de mes seins. À chaque respiration, ma poitrine semble vouloir jaillir de l'habit. J'entends presque la cloche sonner, la faucheuse venir recueillir mon âme délaissée.
— Je vais chercher Léna. Met les lentilles en attendant.
Je me lave les mains et arbore ces lentilles bleutées qui vont concrétiser mon look final. Ça change mon regard, j'ai l'air plus froide et intouchable. Plus séductrice. Plus fatale. Moins moi et plus cette femme qui s'apprête à effectuer une mission qui pourrait compromettre son futur. Je me surprends à sourire de façon diabolique, juste pour imiter l'une des filles. Le pire, c'est que j'aime ça et ce fait me terrorise.
Taylor part de la salle de bains et prend le soin de m'y enfermer à double tour. Je reste un instant les bras ballants, le souffle court et le cœur battant la chamade sous ma cage thoracique. Lorsque la porte s'ouvre à nouveau quelques minutes après, Léna entre, une mallette de maquillage et des sacs en mains. Elle me considère de ses yeux noisette et m'intime de m'asseoir sur la chaise où se trouvait précédemment ma robe. Je m'exécute, voyant le pistolet dans son étui décorant sa hanche.
— Ne bouge plus, me dit-elle d'un ton autoritaire.
Léna m'applique un sous-bonnet de protection pour y enfiler ma perruque après avoir enduit mes cheveux d'une lotion pour que ces derniers restent en place. Des cheveux synthétiques blonds tombent en cascade sur mes épaules et chatouille ma peau. Après s'être assurée que la coiffure est bien installée, elle la boucle rapidement et la laque pour lui donner du volume. Puis elle met deux barrettes de part et d'autre de mon visage afin de coincer mes mèches rebelles et commence à travailler sur ma transformation faciale. Je la sens toucher à mes yeux, à mes lèvres, à mes joues et à mes cils. Ses gestes sont appliqués et rapides, comme si elle avait fait ça toute sa vie.
