18. Opaline et l'arrivée à la montagne

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18. Opaline et l'arrivée à la montagne


Opaline enlaça son jumeau, c'était la première fois qu'elle partait en vacances sans lui.

"Tu vas me manquer, dit-elle.

-Tu deviens émotive, il faudra que j'en prenne note, lui répondit Nestor en souriant.

-C'est juste que je me sens mal d'aller au ski sans toi.

-Oui mais tu y vas avec Gwenaëlle. Et puis je n'y peux rien si mon plâtre veut me pourrir la vie encore pour quelques jours.

-Pourquoi tu fais de l'humour que lorsque tu es avec moi ? lui demanda Opaline.

-Si je le savais, je te le dirais. Je crois qu'Aglaé a une mauvaise influence sur moi niveau blague.

-Au contraire. Elle t'a appris à mieux comprendre le second degré alors que ça fait des années que j'essaye de le faire.

-Il faut croire qu'elle est meilleure prof que toi, se moqua-t-il.

-Opaline ! Il faut que l'on y aille ! lui cria son père depuis la voiture, l'empêchant de rétorquer quoique ce soit.

-J'arrive ! lui répondit-elle avant de prendre Nestor une dernière fois dans ses bras. Prends soin de toi !

-Ne t'en fais pas."

Opaline monta dans la voiture et regarda son frère s'en aller à l'horizon. Elle espérait sincèrement que tout allait bien se passer pour lui.

Gwenaëlle les attendait dehors et Opaline lui fit signe de monter dans la voiture. La fille aux cheveux de feu s'exécuta puis se déshabilla en retirant son bonnet blanc, son écharpe colorée et ses gants assortis au deux.

"Bonjour ! salua Gwenaëlle. Merci encore de m'emmener avec vous Monsieur Barthélemy.

-Il n'y a pas de quoi Gwenaëlle mais je peux te demander une faveur ?

-Oui, bien sûr.

-Arrête de me vouvoyer et appelle moi Éric.

-D'accord."

Ce fut ainsi que le trajet commença. Le temps fut long mais passa rapidement du côté des filles puisqu'elles regardèrent un film, ou plutôt deux, datant de leur enfance : les deux premiers opus de la tétralogie Shrek. Ces deux films causèrent quelques rapprochements furtifs entre elles comme un contact de mains lorsque le film avait besoin d'être mis en pause. Et puis, il y avait cette chanson au début du deuxième, Accidentally in love, qui résumait parfaitement l'état d'esprit d'Opaline sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle était persuadée qu'il n'y avait que de l'amitié entre Gwenaëlle et elle. Et ce pouvoir, cette conviction agissait efficacement, plus elle refoulait ses sentiments plus elle croyait à leur inexistence. Opaline pensait inconcevable qu'elle puisse tomber amoureuse d'une fille puisque cela ne lui était jamais arrivé auparavant. Mais après tout, elle n'était pas plus tombée amoureuse d'un garçon.

"On est arrivés ! annonça Éric, réveillant les filles qui s'étaient assoupies à l'arrière. Réveillez vous !"

Opaline ouvrit les yeux en premier et se redressa en remarquant que sa tête reposait sur l'épaule de Gwenaëlle. Son père lui lança un sourire dans le rétroviseur qu'elle se contenta d'ignorer du mieux qu'elle pouvait. Pendant ce temps, Gwenaëlle s'étirait en sortant de la voiture. Opaline regarda ses épaules se détendre dans les mouvements de ses boucles rousses. Puis, elle se rappela à l'ordre en répétant : c'est une amie. Opaline niait, et elle-même, au fond de son cœur, ne comprenait pas pourquoi elle s'acharnait à se berner et s'enfoncer dans le déni.

L'amour est un pissenlitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant