10. L'histoire du sopalin de Nestor

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10. L'histoire du sopalin de Nestor

Une fois qu'il fut sûr que sa jumelle était partie, Nestor raccompagna Aglaé jusqu'à la voiture de son père.

- Ta sœur ne va pas t'en vouloir de lui avoir menti ?

- Je ne sais pas, dit-il en haussant les épaules. Mais bon, c'était le seul moyen pour qu'elle me laisse tranquille.

- Je lui dirais que je t'ai raccompagné si elle me demande, assura Aglaé avec un clin d'œil.

- Bon courage avec le dentiste, lui sourit Nestor.

- Je n'ai aucune envie de faire ce rendez-vous pré-arrachage des dents de sagesse.

Elle grimaça et frissonna en imaginant l'opération

- La vie est cruelle parfois, dit-il en haussant les épaules.

- Trop !

Aglaé monta dans la voiture et Nestor sortit son téléphone. Il rechercha l'adresse d'Urbain dans les sms qu'il lui avait envoyés, puis la rentra sur le GPS de son portable.

Nestor était repassé plusieurs fois à l'hôpital, en prétextant que les médecins voulaient le voir, seulement pour tenir compagnie à Urbain et suivre son rétablissement. Il n'était sorti que la veille, les docteurs voulant le garder en observation à cause de son traumatisme crânien et Nestor lui avait promis de passer chez lui dès sa sortie.

Urbain n'habitait pas très loin de chez Aglaé, ce qui arrangea Nestor s'il devait en venir à trouver une excuse. Il chercha la sonnette, mais n'en trouva aucune alors il frappa à la porte.

Urbain lui ouvrit, appuyé sur ses béquilles, équilibre malhabile.

- Salut ! Je suis content que tu sois venu.

- Chose promise, chose due.

- Tu veux quelque chose à boire ?

- Non merci, retourne t'asseoir. Je suis presque certain que le médecin t'a prescrit du repos.

- D'accord Papa Nestor.

- Je te pensais plus original dans tes répliques, dit-il en levant les yeux au ciel.

- Tu préfères Père Castor ? rigola Urbain.

- En fait non, je retire ce que j'ai dit, grimaça Nestor. Papa Nestor était génial !

Urbain s'effondra avec classe sur le canapé.

- Je suis épuisé !

- Toi tu ne vas pas en cours avant lundi. Moi j'ai dû y retourner cette semaine.

- Ce n'est pas faux ! Mais je n'y peux rien si un vélo m'a conduit à l'hôpital.

Les deux accidentés discutèrent une petite heure, qui sembla durer moins d'un quart d'heure. Urbain remarqua les gribouillis dansant sur le plâtre de Nestor et voulut en faire un. Il le laissa faire, regardant les traits de son visage se tirant alors qu'il se concentrait sur le dessin.
Nestor rêvassa en l'observant. Il détailla ses fossettes lorsqu'il souriait, fier de son travail. Il remarqua la bosse de son nez et la cicatrice le barrant. Et puis ses yeux, ils étaient inratables. Personne ne pouvait ignorer leur beauté peu commune.

Quelqu'un frappa à la porte. Nestor sortit de sa torpeur et Urbain reboucha son stylo en déclarant qu'il avait fini.

- Je vais ouvrir pour toi. Reste assis !

Urbain obéit en se moquant de la galanterie et de l'amabilité de Nestor.

- T'es qui toi ? Urbain n'est pas là ? demanda avec agacement la fille à qui Nestor ouvrit.

L'amour est un pissenlitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant