9. La sortie au parc d'Opaline

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9. La sortie au parc d'Opaline

— Tu es sûr que tu n'as besoin de rien ?

— Opaline, je t'ai déjà « non » six fois. J'ai le bras dans le plâtre, pas une maladie qui m'empêche de faire quoi que ce soit.

— Mais quand même.

— Va retrouver Alya, la coupa-t-il. Ne t'en fais pas pour moi.

Opaline sortit de la chambre de son frère à contre-cœur : depuis l'accident, son instinct de sœur s'était révélé et elle n'arrivait pas à l'empêcher de s'exprimer, même lorsque Nestor lui répétait que tout allait bien.

Elle ne sentait vraiment pas capable de laisser son frère seul en ce mercredi après-midi. Leur mère lui avait demandé de le surveiller pour éviter qu'il se refasse mal.
Nestor avait clairement fait comprendre à Ethéa que c'était inutile puisqu'il était incapable de prendre le vélo et qu'il savait se garder comme un grand, mais elle n'avait pas cédé.
Opaline, elle, souriait doucement puisque son jumeau n'avait jamais été le plus casse-cou pourtant, il finissait toujours blessé. Lorsqu'ils étaient plus jeunes, c'était elle qui lançait tous les projets dangereux et à risque, Nestor suivait. Malheureusement, c'était toujours lui qui finissait avec des bleus et des égratignures - la maladresse lui avait été transmise - contrairement à Opaline qui s'en sortait comme un charme. Elle supposait d'ailleurs que c'était la raison de la demande de sa mère, en souvenir de leur enfance.

La jeune fille décida donc de faire venir Alya chez elle, au lieu d'aller chez sa meilleure amie.
Comme ça, elle pourrait garder Nestor à l'œil. Et la tâche ne s'avéra pas si difficile puisqu'il resta dans sa chambre toute l'après-midi.

***

La fin des cours résonna pendant plusieurs secondes dans les oreilles d'Opaline. Elle resta figée quelques temps à reprendre ses esprits à propos son rendez-vous imminent avec Gwenaëlle. Avec l'accident de vélo de son frère, elle n'avait pas eu le temps de penser à elle.
En parlant du loup, elle le rattrapa dans les escaliers.

— Nestor ! l'interpella-t-elle.

— Opaline ? Depuis quand est-ce tu m'adresses la parole au lycée ? railla-t-il.

— Je veux m'assurer que tu vas bien. Ton bras ?

— En cours de réparation comme hier, et avant-hier, et avant avant-hier...

— Arrête de te moquer de mon instinct de protection, s'énerva Opaline.

— Tu devrais le remballer pour ce soir, Gwenaëlle n'en aura pas besoin.

— En parlant de ça, je vais annuler et je te ramène en un seul morceau à la maison.

— Non !

— Hein ?

— Tu ne me ramènes pas et tu vas à ta sortie au parc. Ce n'est pas parce que j'ai un bras en moins que j'ai perdu mon âge. À ce que je sache on a le même, donc je suis capable de me gérer tout seul.

— Mais...

— Il faut que tu t'affranchisses de ta culpabilité : tu n'y es pour rien dans cette histoire. Je suis le seul coupable et j'en paye les frais. Alors maintenant, vas vivre ta vie de ton côté. Je vais rentrer à la maison tout seul, comme avant, et toi tu vas profiter de ton amitié naissante. Je ne voudrais pas être le boulet qui t'empêche de construire quelque chose ou de le détruire avant que cette histoire n'éclose.

Opaline le dévisagea et ouvrit la bouche pour parler.

— Aglaé m'accompagne, ajouta-t-il en voyant le regard insistant de sa jumelle. Tu n'as pas de soucis à te faire pour moi. Si j'ai un problème, promis, je t'appelle.

L'amour est un pissenlitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant