39. Une famille agrandie, les amis et Nestor

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39. Une famille agrandie, les amis et Nestor

La date qui avait été convenue pour leur soirée entre amis venait d'arriver. C'était mercredi, le jour des enfants comme on dit. Et en parlant de petits bouts, Catherine revenait justement de sa première échographie avec Éric tandis que Nestor établissait une liste de choses à acheter en début d'après-midi avec son père. Les fiancés souriaient aux anges et n'entendirent même pas Nestor les saluer.

Par curiosité, il avait cherché quelques infos sur la première échographie : elle avait lieu au cours du troisième mois et elle permettait aux futurs parents de voir leur bébé. Ce n'était pas étonnant de voir les nouveaux parents avoir la tête ailleurs.

Opaline descendit les escaliers et rejoignit son jumeau.

"Alors ? Ils ont dit quoi ? demanda-t-elle à Nestor.

-Rien. Ils sont dans un autre monde.

-J'aimerais bien savoir moi.

-Bah tu n'as qu'à leur demander.

-Ok."

Opaline se rendit dans le salon, talonnée par son jumeau dont la curiosité était tout autant piquée. Il y a un mois à peine, dans cette même pièce, c'étaient enchaînées des annonces des plus surprenantes : deux coming-out, une demande en mariage et une annonce de grossesse. Nestor pouvait affirmer que son mois de mars avait été révélateur et chargé d'informations.

"Alors ? demanda Opaline en s'asseyant en tailleur devant son père. On a le droit de savoir.

-Eh bien, commença Éric. Je pense qu'il est écrit quelque part que je suis destiné à avoir des enfants par deux.

-Tu veux dire que... conclut Nestor.

-Je suis enceinte de jumeaux, termina Catherine avec un air ravi sur le visage.

-Papa ! Tu fais du quitte ou double dis donc. Comment tu vas gérer quatre enfants ?

-Premièrement, je me suis déjà occupé de jumeaux pendant seize ans maintenant. Et puis, vous êtes grands : vous n'avez plus besoin que je change vos couches ni que je vous donne à manger à la petite cuillère.

-En parlant de nourriture, il faudrait qu'on aille faire quelques courses avant que mes amis arrivent."

Éric lança un sourire amusé à Catherine en soupirant que les enfants n'avaient jamais fini de demander des choses.

"Papa, commença Nestor.

-Oui ?

-Comment tu te sens ?

-C'est-à-dire ?

-Tu viens d'apprendre que tu vas passer d'ici peu de temps de deux à quatre enfants. Ça doit bien te faire quelque chose.

-Eh bien, pour tout te dire, il y a beaucoup de choses qui se passent dans ma tête en ce moment. Je suis heureux car avoir un enfant est une chose merveilleuse. Je suis stressé car c'est aussi une charge de responsabilités immense. On ne se rend pas compte avant d'être soi-même parent qu'élever un enfant est une tâche difficile. J'ai aussi peur. Peur de ne pas être capable de m'en occuper convenablement, de les rendre malheureux, de ne pas savoir comment les aider. On ne sait jamais si on est un bon parent...

-Papa, tu es un bon père, affirma Nestor. Tu as toujours été là pour nous quoi qu'il arrive. On t'aime même si on ne te le dit pas assez. Je t'aime sont des mots tellement durs à prononcer, même avec sa famille. Ils représentent tellement de non-dits et de gestes que l'exprimer revient à placer ses sentiments pour l'autre avant tout. Je serais incapable de dire à Urbain que je l'aime car il y a tellement de sentiments dans mon esprit et mon cœur que je ne sais pas si ce sont les mots adaptés pour les décrire. Enfin, tout ça pour te dire que je t'aime Papa. De tout mon cœur.

L'amour est un pissenlitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant