I Need U #VKOOK {TOME 2}

Chapitre 24

Cela fait maintenant une demi-heure que nous sommes assis sur ce banc en train de discuter et finalement, je me rends compte qu'on ne parle pas de grand-chose et qu'un blanc est en train de se former alors je me lève et vais sur une balançoire faisant des mouvements en avant puis en arrière fermant mes yeux profitant de l'air frais. Je l'entends arriver près de moi alors je les rouvre et le vois en train de me fixer, souriant de toutes ses dents. Je m'arrête et descends de la balançoire pour me rapprocher de lui.

- Dès fois, j'aimerai partir loin d'ici, sûrement pour fuir mes problèmes, dis-je sans vraiment réfléchir.

- C'est donc à ça que tu pensais ?

- Je ne sais plus ce que je veux... J'ai toujours tout suivi sans rien dire, je suis allé au collège puis au lycée. Pour quoi faire au final ? Continuer mes études, trouver un travail ? Je ne sais pas si c'est ce que je veux réellement... Le monde qui nous entoure décide pour nous et se referme peu à peu sur moi. J'aimerai partir, tout lâcher, vivre des aventures dans la nature, sans avoir à me préoccuper de mon avenir. J'ai peur de ces petites habitudes qui se mettent en place et qui vont finir par m'étouffer.

- Tu as tout ça sur le cœur ? Me demande-t-il un peu surpris de mes aveux. 

- Et bien plus encore... Tu vois j'ai toujours suivi la société actuelle parce que finalement, on nous pousse à tout ça, c'est soit disant pour notre bien, qu'on aura aucun problème d'argent mais au final, aucun de nous ne sommes libres. Tu as l'impression de faire ce que tu veux mais c'est faux, tu n'es qu'une marionnette. J'aime ma vie quand il y a des moments inattendus tu vois, que ce ne soit pas toujours la même chose tous les jours. Si je le pouvais, je voyagerai dans tous les pays qui puissent exister, être en perpétuel mouvement, être enfin libre.

Il me regarde parler, étaler tous mes sentiments en hochant seulement la tête. Une fois mon sac vidé, il s'approche un peu plus de moi et vient prendre ma main avec les siennes, me les réchauffant.

- Je peux comprendre ce que tu ressens, tu as raison mais que peut-on y faire après tout ? Je te promets qu'un jour tu te sentiras libre, sans aucun problèmes et ce grâce à moi.

Je souris faiblement et le regarde me caresser la main. Il est devenu encore plus mignon qu'avant et ça me perturbe au plus haut point, je ne sais plus ce qu'il pense et c'est un problème, pour moi en tout cas. 

- Dis je commence à avoir froid tu ne veux pas venir chez moi pour boire un verre ou je ne sais pas quoi ?

Je le regarde et hésite. Je ne veux pas que ça dérape. Je me souviens du Jungkook d'avant, il était beaucoup trop entreprenant et en voulait trop, qu'il n'espère rien ce soir.

- D'accord si tu veux.

Il parait surpris quelques secondes puis me montra le chemin de son appartement. Il n'habite pas très loin de chez moi finalement, c'est étonnant. On prend l'ascenseur pour monter au troisième étage et tout ça dans le plus grand des silence. Il sort les clés de son manteau et ouvre la porte, me laissant passer en premier. Je regarde tout autour de moi et remarque que pleins de cartons ne sont pas encore déballés. Il a tout de même un canapé avec une télé ainsi que son lit. Ca me parait plus petit que chez moi mais en même temps j'ai un colocataire alors ça parait normal.

- Excuse-moi pour le bordel j'ai pas fini d'emménager ! Assieds-toi je vais nous faire à manger !

Je le vois courir dans la cuisine mais préfère aller l'aider, je me sens inutile à rester assis sans rien faire. Je me mets à côté de lui et commence à l'aider, sous le regard brûlant de Jungkook. Bon on a pas fait quelque chose d'extraordinaire, juste des pâtes et une salade de tomates mais c'est déjà mieux que rien ! On va ensuite s'installer sur le canapé étant donné qu'il n'a pas de table et commence à manger dans nos bols. Je relève la tête pour lui poser une question et le vois avec une pâte collée sur sa joue. Je me suis alors mis à rire comme un fou pendant qu'il me regardait, juste surpris de mon comportement soudain.

- Je voulais te demander si on pouvait regarder un film, tu veux bien ?

- Bien-sûr tu veux quoi ? Attends je vais en chercher un !

- Non attends deux secondes, dis-je en essayant de calmer mon fou rire.

Je m'approche de lui et lui enlève la pâte en souriant.

- Voilà, la pâte a failli te manger mais je l'ai vaincu !

Il a explosé de rire et est parti chercher un film, Iron Man je crois. Je me suis installé confortablement et on a commencé à le regarder en silence. Aucun de nous ne parlait, c'était étrange comme situation, je ne sais pas si il ressent la même chose. Je me tourne parfois pour le regarder et le vois concentrer sur le film alors je préfère ne pas le déranger. Pourtant, une question me vient en tête, ça fait très longtemps et il n'a jamais voulu y répondre, il n'était pas prêt à l'époque mais peut-être que maintenant il va pouvoir me le dire.

- Jungkook ?

- Mmh ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- Est-ce que je peux te poser une question ?

Il détourne enfin son regard de l'écran pour l'encrer dans le mien.

- Voilà... Tu te souviens quand on était au lycée, je voulais que tu me dises quelque chose mais tu ne voulais pas à l'époque me répondre. Pourquoi est-ce que tu m'avais fais autant de mal alors que tu m'aimais ?

Je le vois froncer les sourcils puis soupirer pour se tourner un peu plus vers moi.

- Déjà de une ne dis pas que je t'aimais, tu sais très bien que ce verbe fonctionne au présent et fonctionnera encore dans le futur. Bien je vais tout t'expliquer, après tout je suis un peu obligé non ?

- Non pas du tout si tu ne veux pas me répondre c'est pas grave.

- Bien sûr que si ça l'est, je veux pas que tu partes à nouveau... Voilà en fait, j'ai voulu comment dire... Changer mon orientation. Quand j'ai su que j'étais gay, ça m'a fait un grand choc mais je m'en suis très vite remis puisque c'est ce que je suis, je ne pouvais pas le nier. Jusqu'au jour où j'ai osé le dire à mes parents... Je me souviens très bien de leurs réactions. Ma mère elle s'en doutait déjà et n'était pas du tout dégoutée, en revanche mon père ne l'a pas apprécié... Il me hurlait dessus en me disant de changer vite de comportement parce qu'il ne voulait pas d'une pédale sous son toit. Alors j'ai commencé à te faire du mal pour me convaincre que je ne t'aimais pas, que j'étais hétéro et que ma vie serait mieux avec des filles. Je mentais à mon père en lui disant que j'avais changé, que ça m'avait passé comme un simple rhume mais ma mère savait que ce n'était que des mensonges. Un jour, j'ai craqué. Te voir tous les jours n'arrangeait rien au contraire, mon cœur allait exploser et je me défoulais sur toi, jusqu'au jour où j'ai osé affronter mon père. Je lui ai clairement expliqué que je ne changerai jamais et que c'était à lui d'évoluer avec son temps et de changer de mentalité. Je me suis pris une sacrée gifle ce jour-là. Il criait dans toute la maison comme si il était possédé et ma sauveuse est arrivée, ma mère. Elle n'avait jamais osé rien dire devant lui jusqu'à ce soir-là. Elle l'avait menacé, c'était soit il changeait et m'acceptait, soit elle demandait le divorce. Tout ce qu'il a su faire a été de prendre sa putain de valise et de partir de la maison sans rien dire de plus et je ne l'ai jamais revu depuis. J'ai alors compris que c'était un monstre de vouloir m'infliger une orientation autre que la mienne et que j'étais un monstre de te faire du mal alors que clairement, j'étais tombé sous ton charme. Tae je m'excuse encore, même aujourd'hui je n'aurais jamais dû mais mon père me poussait à bout et-

Je ne lui laisse pas le temps de finir que je le prends dans mes bras, pour la première fois depuis longtemps. Je le sentis ne plus bouger d'un centimètre, comme si il avait peur de me faire du mal. La colère et la tristesse avaient commencé à prendre le dessus sur lui et ses mains tremblantes vinrent me serrer un peu plus contre lui. A cet instant je suis heureux oui, comme durant toute la soirée d'ailleurs. Sa présence m'apaise et le fait qu'il me dévoile enfin son secret me rend plus attendri à son égard.

- Merci Jungkook... Merci de m'avoir raconté ton secret...

Il acquiesce et enfonce sa tête un peu plus contre mon épaule contrôlant sa respiration. Maintenant, c'est à moi de trouver le courage et la force de te raconter le mien, je sais que je peux et que je dois le faire. Mais pas ce soir, je préfère profiter de ce moment et la véritable raison est que j'ai peur, vraiment très peur de me montrer aussi faible face à lui.