3.2 L'itinéraire

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- Puis-je vous demander ce que vous faites ici, madame ?

- Le ménage, rétorqua-t-elle fièrement tenant la poubelle à bout de bras.

- Le ménage, dites-vous ?

L'homme lui désigna d'un geste ample le chaos ambiant.

- Oseriez-vous remettre en question la méthode Blaggspa ? Pour mettre en ordre, il faut d'abord créer le désordre. C'est une technique ancestrale, monsieur, très efficace.

- Je vois ça, répondit-il dubitatif. Je vous laisse donc à votre travail. Bonne journée, madame.

- De même.

Elle lui claqua la porte au nez.

Talitre reprit sa fouille plus méthodiquement. Le temps s'écoulait et elle n'avait toujours pas mis la main sur ce satané itinéraire. Au bord du désespoir, elle ouvrit violemment l'imprimante, manquant de casser son couvercle. Un papier s'en échappa. Elle l'attrapa en plein vole et le parcourut rapidement du regard. Alors elle sauta de joie, poussant un petit cri ridicule. Elle voulut effectuer une danse de la victoire mais elle se cogna dans le bureau. Frustrée, elle lui asséna un coup de pied.

Son calme retrouvé, la jeune fille effectua une copie de l'itinéraire qu'elle replaça dans l'imprimante. Elle songea à ranger le bureau mais l'ampleur de la tâche l'en dissuada. Elle décida plutôt de maquiller son travail en mauvaise blague. Elle s'empara d'un stylo et écrivit au dos d'une enveloppe : « J'EN AI MARRE DE JEAN NAIMARD ! » qu'elle déposa en évidence sur le bureau. Fière de sa petite plaisanterie, elle quitta la pièce, n'oubliant pas de fermer la porte derrière elle.

Elle s'engageait dans le couloir lorsqu'un feulement la fit frissonner. Talitre jeta un regard par-dessus son épaule. Un chat roux se léchait la patte, confortablement installé sur un coussin. Cette vision d'horreur lui glaça le sang. Elle hurla à pleins poumons et s'en fut vers les escaliers. Elle les dévala, manqua une marche et finit sur les fesses.

Son corps la brûlait de toute part ; il fallait sérieusement qu'elle évite de chuter autant en l'espace d'une seule journée. Elle se releva douloureusement et chancela comme une petite vieille vers les bassins.

Akhenaton s'amusait de bon cœur avec les petits chenapans. Elle l'enviait presque jusqu'à ce que le plus jeune lui crache à la figure. Machinalement, le jeune homme le gifla. Le bambin pleura et brailla comme une sirène de pompier. Les autres enfants se bouchèrent les oreilles.

- Oups... Désolé petit.

Il tenta de le prendre dans ses bras pour le consoler mais les pleurs redoublèrent d'intensité. Alarmés, des adultes apparurent aux fenêtres. Akhenaton sortit précipitamment de la piscine. Il essora son écharpe, éclaboussant Talitre qui venait à sa rescousse.

- J'ai les plans, ahana-t-elle. On s'en va. Vite ! Avant que quelqu'un ne se demande ce que fait un inconnu avec des gamins dans la piscine. Rien que de le dire, ça sonne bizarre.

Ils trottinèrent vers les buissons.

- On jouait tranquillement, se défendit Akhenaton. Jusqu'à ce que ce pleurnichard me vomisse dessus. J'étais en état de légitime défense.

-Tu exagères.

Il lui tira la langue.

- Il faut qu'on trouve une sortie, l'ignora Talitre. Mais nous devons nous montrer prudents : le palais est gardé par un monstre.

- Quoi ?!

- Un chat ! Et il a essayé de me manger.

Pour un grain de sableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant