8.2 Le canyon

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Ils serpentaient parmi les rochers. De nuit, ils ne parvenaient pas à distinguer chaque embranchement et viraient de bord selon les sautes d'humeur de Talitre. Au moins le corbillard ne peinait-il pas sur ces chemins poussiéreux, lits de cours d'eau il y a longtemps asséchés.

- On tourne en rond, constata Akhenaton.

- C'est parce que tu ne m'écoutes pas ! Gauche et droite, tu connais ?

- Oui ! s'impatienta le colosse. Puisque tu es si maligne : où va-t-on princesse ?

- Par là.

Elle désigna vaguement un croisement. Son geste pouvait signaler la branche gauche comme la branche droite. Akhenaton pesta et choisit au hasard la droite. Ils roulèrent en ligne droite pendant une demi-heure avant de faire face à un cul-de-sac.

- Ça te fait plaisir de perdre du temps ? grogna Talitre. J'avais dit à gauche. Tes oreilles sont bouchées ou quoi ?

- Tu es insupportable ! s'emporta le jeune homme.

- Moi ?! Non mais tu t'es regardé ? Ta chemise est à vomir.

- Ça n'a rien à voir !

- Si : ta vue m'est insupportable.

Elle croisa les bras et regarda fixement par la fenêtre. Ils firent demi-tour et remontèrent jusqu'à l'intersection. Akhenaton tourna à gauche. Un canyons'ouvrit à eux, plus large que ceux qu'ils avaient traversés précédemment.

Ils remarquèrent des marches taillées à même la roche. L'escalier menait à une arche gigantesque, gardée par deux sphinx en céramique. Un peu plus loin, une grotte semblait faire office de parking. Akhenaton y gara habilement le corbillard.

- Je tiens à signaler que mon chemin était le bon, soutint Talitre en détachant sa ceinture.

Le colosse lui tira la langue et appuya sur le klaxon. La marche funèbre résonna dans la caverne.

- Bravo, applaudit Talitre. Tu as réveillé tous les voisins. Pour ta gouverne, les gens dorment à deux heures du matin.

- Personne n'habite ici hormis ce collectionneur. Il fallait bien le prévenir de notre arrivée.

Akhenaton descendit en claquant la portière. Talitre le devança pour décharger le coffre. Elle s'empara du carton protégeant le pot de chambre et laissa son ami porter la chaise. Ainsi chargés, ils sortirent de la grotte.

Un râle s'éleva des profondeurs du canyon.

- C'était quoi ? sursauta la jeune fille.

- Les Djinns...

- Impossible. Écho a dit qu'ils n'existaient pas. C'est la plus vieille d'entre nous : elle doit sûrement avoir raison.

Il acquiesça en silence. Mais l'étrange son se reproduisit. Alors ils se précipitèrent vers les marches qu'ils gravirent au clair de lune.

Pour un grain de sableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant