Pour un grain de sable

4.2 De mauvaise foi

Assise au bord de l'étang, Talitre appela sa sœur. Écho eut à peine le temps de décrocher que sa cadette l'incendia.

-Il se passe quoi dans ta cervelle pour que t'aies l'idée de m'envoyer au pays des fous ? J'ai failli me faire manger deux fois !

-Ah ! Tu as rencontré le chat.

-Tu aurais pu prévenir.

-C'est pour ça que je t'ai donné le concombre.

-Les chats ont peur des concombres ? Première nouvelle. Et puis de toute façon, je l'ai mangé ton fameux concombre.

-Toi ? rit Écho. Mais tu ne manges que du sucre !

Talitre bouillonnait. Comment osait-elle ? Sa propre sœur.

-Oh ! Moque-toi ! Tu es restée bien tranquillement assise pendant que j'affrontais un monstre.

Écho se retenait de rire. Mais Talitre n'était pas dupe – du moins pas à ce point-là.

-Et comment as-tu triomphé de cet adversaire titanesque ?

-Un débile m'a ouvert la porte des pompiers pour mieux me la claquer au nez.

-Intéressant. Tu as l'itinéraire ?

-Oui ! Je ne suis pas une débutante, se vexa-t-elle.

-Bravo. Envoie-le-moi. On se retrouve à Désert-City ce soir. J'aurai trouvé un plan pour voler la chaise d'ici là.

Écho lui fit un signe de la main et voulut rompre la connexion.

-Attends ! Qui est Arielle Tempête ?

-Une excentrique qui ne sait pas comment dépenser sa fortune. Elle fait le tour des palaces d'Éden. Elle est connue pour être irascible et fouineuse. En général, les gens la fuient.

-L'Oasis en est débarrassée. Le maître-chat lui a interdit l'accès au palais et...

-Tu me raconteras-ça une prochaine fois. J'ai un double appel. À demain.

La communication cessa. Talitre fit signe à Akhenaton qu'il pouvait la rejoindre. Ils déambulèrent dans les rues pavées, profitant de la fraîcheur de L'Oasis. Ils chipèrent quelques friandises qu'ils grignotèrent en se dirigeant vers la gare.

-Il était pas mal, hein ? questionna sérieusement le colosse.

-Qui ?

-Le maître-chat.

-Sûrement, grogna la jeune fille. De toute façon, on ne le reverra plus jamais.

-La faute à qui ?

Elles'arrêta. Le rouge lui montait aux joues. Ses yeux lançaient des éclairs.

-Ne te fais pas blanche colombe. Qui jouait avec les gamins pendant que je me tapais tout le travail ? Et remarque que je ne t'ai pas encore reproché de m'avoir balancée sur le mur d'enceinte. J'aurais pu mourir !

Moroses, ils réservèrent deux billets de train vers Désert-City. Ils payèrent avec les sous que Talitre avait « emprunté » à plusieurs passants. Elle était plutôt bonne tire-laine.

Ils s'installèrent à l'arrière d'un wagon.

-On fait la paix ? proposa Akhenaton.

-Mouais, grommela Talitre. Mais c'est uniquement par ce que j'ai pitié de toi.

-Bien-sûr... Princesse !