1.2 La montagne

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-Surtout ne te fais pas mordre ! Il a la rage !

Akhenaton grogna son assentiment. Talitre répandit le contenu de son sac sur le sable. Elle y piocha un bâton en fer et s'empressa de l'abattre sur l'animal. Il glapit et recula, laissant assez de temps à sa proie pour se relever et lui donner un violent coup de pied dans les côtes. Le chien hurla de douleur. Il les fixa furieusement avant de s'éloigner la queue entre les pattes.

- Tu vas bien ?

- Mes ongles sont fichus, se plaignit Akhenaton en contemplant les extrémités de ses doigts.

- Je suis certaine qu'on trouvera quelqu'un de compétent pour t'arranger ça à l'Oasis, compatit Talitre. Aide- moi à ranger mon sac, ça t'évitera de penser à l'état pitoyable de tes mains.

En rassemblant ses effectifs personnels, elle trouva un chiffon qu'elle lança à son ami.

- Essuie-toi le visage. Il vaut mieux éviter que tu choppes la rage.

Un instant, ils s'assirent sur le haut d'une dune et mastiquèrent les restes de leur collation – à savoir leur morceau de concombre.

- J'espère que les sablins s'en sont sortis, soupira la jeune fille.

- Si ta sœur avait bien voulu nous prêter ses motos des sables, nous n'aurions pas à nous poser la question.

Talitre se mordit la lèvre pour s'empêcher de répondre. Il savait pertinemment qu'elles avaient dû vendre les motos, pour éponger leurs dettes. Comme à chaque fois qu'elles possédaient quoi que ce soit. Écho prenait toutefois toujours garde à conserver suffisamment d'argent pour se nourrir et avoir un toit sur la tête.

Ils repartirent dès que leurs affaires furent en ordre. La jeune femme conserva son bâton à la main. Il s'agissait de la canne qu'elle avait dérobée au marché la veille au soir. Un vieux marchand avait tenté de leur extorquer vingts gers pour une paire de chaussettes élimées. Il les prétendaient magiques : « Finies, les odeurs ! ».Elle lui avait ri au nez, avait attrapé sa canne et s'était enfuie prestement.

Sous leurs semelles, le sable se transforma en cailloux puis en roche. Ils commencèrent l'ascension d'une montagne. D'après leur carte, l'Oasis se trouvait juste derrière. Talitre peinait et demandait des pauses fréquentes. Elles'asseyait et buvait de l'eau, contemplant les dunes en contrebas. Un mouvement attira son attention.

- Oh non ! Pas encore !

Une meute de chiens, dont un qui boitait, reniflait avidement le sentier escarpé.

- Il a ramené ses copains, on dirait. Filons d'ici avant qu'ils ne nous rattrapent.

Les canidés se lancèrent à l'assaut de la montagne. Talitre leur jeta sa gourde et une bordée d'injures toutes plus colorées les unes que les autres. Akhenaton dut de nouveau la porter pour qu'ils puissent avancer. Ainsi chargé, il gravit péniblement les derniers mètres qui les séparaient du sommet. Il libéra la jeune fille et très essoufflé, s'effondra à plat ventre.

Les chiens abandonnèrent leur chasse lorsque deux d'entre eux se foulèrent une patte dans les rocailles et qu'un troisième glissa sur une pierre pour se retrouver au pied de la montagne en quelques secondes.

- Bien fait ! hurla Talitre, levant le point en l'air. Rentrez chez vos mères, qu'elles pansent vos plaies et vous apprennent le respect. Bande de...

- Talitre !

Akhenaton lui tournait le dos. Il contemplait l'autre versant de la montagne. La jeune filles'approcha. Elle s'émerveilla du spectacle qui s'offrait à elle. Ils se trouvaient au sommet d'un cirque naturel, protégeant un palais de pierres blanches, ses jardins verdoyants, un étang scintillant et une ville colorée. Ils avaient enfin atteint l'Oasis.

Pour un grain de sableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant