L'amour, Poison et Essence de la Vie

Une Ombre

   Le début de semaine se passa à merveille entre Regina et Emma. Cette dernière avait réussi en effet à se servir, encore, de l'excuse de la préparation de la réunion afin de passer du temps le soir avec sa belle Brune et leur petit prince. Soirées qui se terminaient bien sûr par des étreintes charnelles passionnées, dont le seul témoin était la majestueuse chambre à coucher de la Reine... et sa somptueuse salle de bain, également. Plus elles passaient du temps aux côtés l'une de l'autre, et plus le besoin d'être ensemble leur devenait vital, telle une drogue douce aux effets addictifs. Regina essayait tant bien que mal de mettre ses démons de côtés, et sa belle Blonde l'y aidait grandement. La rassurant par ses mots, ses gestes, et même sa seule présence le soir, à ses côtés, avec leur fils, l'apaisaient progressivement. Emma était très attentive envers sa belle, toujours à l'écoute, et Regina en était touchée au plus profond d'elle-même. Le droit au bonheur, à l'amour lui apparaissait de plus en plus accessible, même si, elles en avaient conscience toutes les deux, le combat serait encore long. On ne mettait pas de côté les démons qui vous hantaient depuis presque toute une vie du jour au lendemain. Ce serait malheureusement bien trop simple...

L'après-midi du mercredi arriva rapidement. La grande salle de réunion était prête à accueillir la majorité des habitants de Storybrook, qui avaient répondu présent à l'invitation du sheriff et de Jefferson. A la fois trop heureux de pouvoir contribuer au développement de leur ville, au bonheur de leurs enfants, ils étaient surtout curieux de voir si le changement d'attitude de leur Maire était bien réel. En effet, elle leur apparaissait depuis quelque temps – pour ils ne savaient quelles raisons – légèrement plus ouverte et souriante.

Il était treize heure trente, Emma et Regina étaient dans le bureau de cette dernière. Elles terminaient les derniers préparatifs de la réunion, en s'assurant que tous les supports de présentation, tel que les power point, étaient dans le bon ordre et que rien ne manquait. Madame le Maire était cependant un peu nerveuse à l'idée de se confronter à la ville toute entière, chose qui n'était pas arrivée depuis bien longtemps. Certes elle excellait dans l'art du discours, et avait donné mainte et mainte fois des réunions devant tous les habitants, surtout au temps de la malédiction, mais jamais elle ne s'était sentie aussi stressée. Certainement parce que, à l'époque, elle ne se souciait que de donner une image froide, distante et autoritaire d'elle-même, n'ayant que faire de la vision que les habitants avaient alors à son égard. Au contraire, plus elle les terrorisait et faisant régner la crainte, plus elle s'en délectait. Mais aujourd'hui les choses étaient complètement différentes. Elle avait maintenant envie de gagner sincèrement leur confiance, d'être plus appréciée de son peuple, étant tout à fait consciente que le bonheur et la stabilité de sa relation avec Emma en dépendait. Elles ne pourraient pas vivre cachées éternellement, et la Brune craignait une colère noire des habitants au sujet de sa relation avec le sheriff, même si elle soutenait encore malgré tout qu'elle s'en fichait. Elle était certaine qu'ils feraient tout pour détruire son bonheur, et il lui était impensable de blesser Emma au passage et de la séparer de ses proches. Alors, et même si ce n'était pas pour tout de suite, autant préparer le terrain et tâcher de se faire accepter par la ville.

Emma, installée sur le canapé, en train de vérifier le bon fonctionnement du rétroprojecteur, remarqua l'air fermé et soucieux de sa Belle, assise derrière son immense bureau. Elle délaissa alors ce dernier, et se leva en direction de celle-ci, le bienêtre Regina passant en premier.

« Tu es sûre que ça va mon amour ? » lui demanda-t-elle d'un air interrogateur, tout en lui posant délicatement une main sur son avant-bras.

Le contact avec la Blonde eut l'effet de sortir Regina de ses pensées, et de laisser se déverser en elle cette douce et rassurante sensation de chaleur, qu'elle affectionnait de plus en plus. Elle releva alors ses yeux, cherchant les regard bleu azur d'Emma dans lequel elle aimait tant se perdre et oublier tous ses soucis. Elle la regarda d'un air qu'elle voulut confiant et tendre, au travers ses petites lunettes, malgré l'immense peur et les interrogations qui étaient en train de la ronger intérieurement.